
La Duchère n’a que cinquante ans mais il s’agit déjà d’un quartier chargé d’histoires. Ici, quand on démolit des barres HLM, les ministres viennent. Pour le premier bout de la « barre des 1000 », la troisième colline de Lyon avait accueilli Jean-Louis Borloo. Pour le dernier bout, la 230, feront le déplacement Sylvia Pinel, ministre du logement et Myriam El Khomri, secrétaire d’Etat à la politique de la Ville.
Dernière démolition de barres HLM
Ce sera aussi l’occasion pour les ministres d’évoquer le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) qui devrait mobiliser 4,5 milliards d’euros pour continuer le travail de rénovation urbaine engagée qui a abouti à ces démolitions controversées de HLM dans de nombreux quartiers populaires.
La Duchère fait partie de ces « 216 quartiers d’intérêt national » dont la rénovation pourra être financée. Ce nouveau programme devrait en grande partie prendre en charge les travaux de rénovation pour les secteurs de la Sauvegarde et du Château, deux « sous-quartiers ».
Mais selon Bruno Couturier, le responsable du Grand Projet de Ville (GPV) qui pilote cette opération multi-partenaires et financeurs, on ne devrait plus assister à des démolitions :
« En 2003, lors du lancement de l’opération de renouvellement urbain, il y avait des oppositions au démolition. Aujourd’hui ce n’est plus le cas car les habitants ont pu constater une amélioration de leur cadre de vie. On nous demande même des démolitions ».
Plus de la moitié des 339 ménages de la barre 230 (51%) ont souhaité être relogés sur la Duchère. Ce qui a été fait par le propriétaire de la barre, l’Opac du Rhône.
Michel Micoulaz, le directeur du développement de l’Opac du Rhône l’affirme :
« Au Château, à ce stade, aucune autre démolition n’est envisagée ».
Pourquoi les arrêter ? C’est essentiellement une question de moyens selon ce responsable du principal bailleur du Rhône. Il en coûte en effet 4,8 millions d’euros à l’Opac pour démolir uniquement la 230.
Quant à la barre des 100 que certains habitants du Château voudraient voir détruite également, elle a été achetée en 2003 et a fait l’objet de travaux de rénovation.
Enfin les quartiers périphériques
Cette annonce d’une phase 2 du renouvellement urbain va certainement être bien accueillie par les habitants de ces sous-quartiers.
Cela fait de nombreuses années, que les habitants déploraient cette concentration des moyens sur le Plateau et la dégradation de leur cadre de vie. L’«Avis à mi-parcours » émis en 2010 par le Comité de Suivi Participatif de l’opération de démolition/reconstruction indiquait :
«Les transformations, plus importantes à ce jour sur le Plateau que dans les autres secteurs, donnent à de nombreux habitants de la Sauvegarde et du Château le sentiment d’être exclus du Projet. Et ce, d’autant plus que ces habitants vivent dans des immeubles qui n’ont pas été réhabilités depuis 15 ou 20 ans avec, parfois, une insécurité dans leur immeuble et un isolement de leur quartier ».
Un premier « dispositif de concertation » a été « déployé » (selon la terminologie des bailleurs sociaux) pour permettre aux habitants de s’exprimer sur le sujet. En attendant, ils devraient être nombreux à assister ce jeudi à la démolition de la barre 230 par la technique du « foudroyage » comme l’explique ce reportage de France 3.
Par ailleurs nous vivons dans des conditions d'insalubrité : nos vides ordures sont très souvent bouchés et occasionnent des odeurs nauséabondes et la présence de nombreuses mouches et vers ... Demandes faites à plusieurs reprises pour condammner les vides ordures sans succès ... Le quartier des 500 ( sauvegarde ) a toujours été le plus "chaud" de la Duchère bien plus que le plateau, et aujourd'hui même si il s'est un peu calmé, il reste le théatre de descentes policières imprésionnantes et régulières.
Changer d'apparence et d'image c'est bien mais il existe un vrai travail de fond à faire en parallèle je pense, et pas uniquement sur le plateau.
Par ailleurs, il y avait beaucoup plus de mixité dans mes classes ( dans les annéees 1985 à 1995 ) que dans celle de mes enfants ... Est ce normal ?
Ces grands ensembles ont été construits pour en finir avec le manque de logements induits par la guerre et pour se préparer à accueillir les rapatriés des colonies lors des indépendances. En grande majorité, les habitants étaient donc des natifs ( faute de terme plus approprié et moins marqué politiquement...).
Ensuite dans les années 70 sont arrivés les immigrés. Les HLM avaient déjà commencé à se vider des natifs qui ont investi et sont devenus propriétaires de maisons en lotissements, ils ont pris la place de ces derniers dans les logements vides.
Ensuite, plusieurs facteurs ont joué. Le regroupement familial a accru la population immigrée. Les difficultés économiques ont fait que ces nouvelles populations n'ont pas pu, à cause du chômage et des inégalités, accéder en grande majorité à la propriété et sont donc restés locataires des lieux.
La forte proportion de chômage au sein des populations immigrées ou des Français qui en sont originaire fait que ces quartiers demeurent moins mixtes que d'autres. Les "natifs" ayant plus de facilités pour se loger en dehors du parc social, ils ne viennent pas ou peu dans ces structures plus populaires.
Malheureusement on a l'impression qu'au 500 et au château on est toujours les moins bien servis, et bizarrement ce sont aussi les zones qui sont restés les plus sensibles ...