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Législatives : Marie-Charlotte Garin, bonne élève écologiste à l’assaut de l’Assemblée

Sur la 3e circonscription de Lyon, Marie-Charlotte Garin (Nupes – EELV) est bien placée pour remporter le second tour des élections législatives. Au 1er tour, elle devançait de 15 points la candidate macroniste Sarah Peillon. Inconnue jusque là dans le paysage politique lyonnais, la jeune écologiste de 26 ans a connu une rapide ascension au sein de son parti.

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Marie-Charlotte Garin législatives lyon

En robe bleu pétant au milieu de chemises blanches, Marie-Charlotte Garin veut s’imposer dans ce monde d’hommes qu’est la politique. Ce jeudi matin, à l’arrivée de Julien Bayou, le secrétaire national EELV, à la gare Part-Dieu, elle prend la pose aux côtés du maire de Lyon Grégory Doucet et du candidat de la 4e circo Benjamin Badouard.

« Je leur ai dit de m’attendre pour la photo pour pas que ça fasse boy’s club ! », glisse-t-elle.

La candidate de l’union de la gauche entre dans ses derniers jours de campagne. Ce dimanche, elle affrontera Sarah Peillon, la candidate du parti présidentiel Renaissance, au second tour des législatives dans la 3e circonscription du Rhône, qui regroupe une partie des 3e, 7e et 8e arrondissements de Lyon.

Marie-Charlotte Garin législatives Lyon 3e circonscription Rhône
Julien Bayou, secrétaire national EELV, est venu soutenir les deux candidats EELV aux législatives à Lyon, avec le maire de Lyon Grégory Doucet.Photo : MA/Rue89Lyon

Peu connue dans sa circo mais bien placée pour remporter l’élection

Plus tôt, la candidate nous avait donné rendez-vous au marché des États-Unis, ce quartier populaire (8e arr.) qui n’est pas une terre d’élection des écologistes lyonnais. Elle commande une grenadine, « comme d’habitude », au patron de la brasserie d’à côté qui la salue chaleureusement. Au marché, les passants ne la reconnaissent pas, certains ne savent même pas que le second tour des législatives se tient dimanche, dans un arrondissement où l’abstention culmine à 48,5%.

Un forain, tout sourire, vient lui serrer la main et insiste pour qu’elle dépose ses affaires derrière son stand. « J’espère que vous ferez un bon article, que vous lui porterez chance ! », nous lance-t-il. « On ne dit pas aux journalistes ce qu’ils doivent écrire », rit Marie-Charlotte Garin. La candidate en sait quelque chose. Elle-même est fille d’un journaliste et d’une mère qui a enchaîné les petits boulots pour suivre son mari.

Avec sa fratrie de 5 enfants, « MCG » n’a pas cessé de déménager. De la Normandie, elle est partie à Chypre, en Ardèche, puis à Paris et aux États-Unis pour ses études. Elle qui se voyait travailler à l’étranger a finalement posé ses valises à Lyon, retenue par son engagement politique.

Dans cette 3e circonscription du Rhône, Marie-Charlotte Garin est arrivée largement en tête avec plus de 43% des voix et près de 15 points d’avance sur son adversaire. Si elle ne veut pas considérer sa victoire comme acquise, la candidate avoue que des forces militantes ont plutôt été redéployées vers la 4e circo où Benjamin Badouard est plus mal engagé.

Une victoire dimanche concrétiserait son ascension fulgurante au sein de la sphère politique, et ferait d’elle l’une des plus jeunes député·es, à l’âge de 26 ans.

Marie-Charlotte Garin, de l’humanitaire à la politique

En dehors du paysage politique lyonnais avant 2020, Marie-Charlotte Garin fait ses premières apparitions pendant la campagne des municipales à Lyon. Peu avant, elle était entrée à EELV comme simple militante tout en étant chargée de projet « Genre et handicap » à Handicap international, où elle a travaillé aux côtés de Grégory Doucet.

En parallèle, « MCG » s’implique dans les marches climats et se rapproche d’Alternatiba. Étudiante à Science Po Paris où elle était présidente d’une association de lutte contre la pauvreté, elle a fait le constat qu’elle était « au max de ses petits pas individuels » et a décidé de s’investir en politique.

« Quand j’ai passé la porte d’EELV, je leur ai dit que je n’étais pas fan des partis politiques. »

À l’issue des municipales, elle obtient un premier poste : collaboratrice politique du groupe Les Écologistes à la mairie de Lyon. Très vite, un an plus tard, on lui propose de devenir directrice de cabinet à la mairie du 5e arrondissement. Un poste habituellement réservé à des profils plus expérimentés.

« Chez les écologistes, on fait confiance aux jeunes femmes quand on montre qu’on est compétentes et capables. On m’a proposé ce poste et j’ai une grande reconnaissance pour cette confiance. »

Elle a depuis démissionné, pour ne pas interférer avec la campagne. Marie-Charlotte Garin représente bien l’archétype de l’élue écolo lyonnaise, même si elle n’a, encore, aucun mandat au niveau local : jeune, diplômé d’école d’ingénieur ou de Sciences Po et passée par l’humanitaire ou l’associatif.

Être en position de devenir députée, « c’est vertigineux »

Son profil de bonne élève lui aura permis d’obtenir la confiance de son parti, qui l’a placée pour les législatives sur la 3e circonscription de Lyon. Mais sans union de la gauche, pas grand chose ne garantissait à Marie-Charlotte Garin d’être en aussi bonne position pour devenir députée.

En 2017, seul le candidat insoumis Pascal Le Brun (15,88%) s’était qualifié pour le second tour face à Jean-Louis Touraine (LREM). Fanny Dubot, candidate écologiste et futur maire du 7e, enregistrait 11% des voix. De même pour le premier tour de la présidentielle 2022, où Jean-Luc Mélenchon (35%) devançait largement le candidat EELV Yannick Jadot (8%). La candidate a du mal à réaliser :

« C’est vertigineux. Ça ne me fait pas peur mais c’est une grande responsabilité au vu de ce que représente ma candidature : une femme, jeune, de 26 ans. C’est une opportunité extraordinaire. »

Marie-Charlotte Garin ne semble pas s’encombrer pas de la posture de la femme politique. Elle est presque encore une jeune militante écolo comme les autres et montre une certaine légèreté. « Allez Juju on y va », lance-t-elle à Julien Bayou avant d’enfourcher son vélo pour aller jouer au foot sur l’esplanade Mandela.

Marie-Charlotte Garin législatives lyon
Kakémono sur le dos, Marie-Charlotte Garin fait sa campagne aux législatives à vélo.Photo : Marie Allenou/Rue89Lyon

Marie-Charlotte Garin veut amener l’écologie et les luttes sociales à l’Assemblée

Sur les plateaux télé, pourtant novice dans l’exercice, Marie-Charlotte Garin se montre claire et posée. Mais sa voix n’est pas encore tout à fait assurée. Saura-t-elle se transformer en tribun si elle est envoyée à l’Assemblée ? Comme d’autres jeunes candidat·es néophytes, elle devra aussi encaisser la violence qui existe en politique, à laquelle elle dit ne pas avoir été confrontée jusqu’ici.

Si elle a un peu « la pression », elle se sent « protégée » par son camp politique et fait confiance à la « sororité ». À l’Assemblée, elle se voit bien en « poil à gratter » si la Nupes n’obtient pas la majorité :

« J’ai envie de laisser de la place à ce que je représente. C’est-à-dire prendre la parole, se positionner sur les sujets qui concernent la jeunesse, le droit des femmes, la lutte contre les discriminations. »

Sous un soleil de plomb, la candidate tracte sur le marché des États-Unis. La canicule qui pèse sur la métropole lyonnaise l’amène à nous parler de la principale bataille qu’elle veut mener : la planification écologique.

« J’aimerai rétablir les propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Cette convention a montré que si on informe de manière objective les citoyens, ils sont capables de faire des propositions à hauteur des enjeux du réchauffement climatique »

Si elle est élue, MCG fait le vœu de partager sont temps entre Paris et sa circonscription, où elle promet d’organiser des « agoras » pour écouter les habitants.

« Un indicateur de réussite de mon mandat sera d’avoir fait baisser l’abstention sur la circonscription. »

Avec près de 42% d’abstention pour le premier tour des législatives, l’ambition est grande.

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