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Ces anciennes usines de Lyon qui ont accueilli les Nuits sonores

Avant les Grandes Locos, les Nuits sonores ont investi des lieux iconiques du patrimoine industriel de Lyon. Des entrepôts du port Rambaud aux usines Fagor, ces friches, dont certaines ont été rasées ou reconverties, racontent la riche histoire ouvrière locale, avec son lot de conflits sociaux.

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Grandes locos
L’entrée de l’atelier 1 des Grandes locos. ©LC/Rue89Lyon.

Les Nuits sonores déménagent encore. Après six éditions, le festival créé en 2003 a quitté les usines Fagor-Brandt, à Gerland, pour investir les Grandes Locos. Un espace de 19 hectares d’ateliers ferroviaires situé à La Mulatière, aux portes de Lyon. Le site est partiellement désaffecté depuis 2019, et la centralisation des activités du technicentre SNCF à Vénissieux.

« Jusqu’en 2028, l’occupation des Grandes Locos sera mouvante. Le scénario changera chaque année en fonction de l’avancée des travaux, dans une pure logique d’urbanisme transitoire », indique la Métropole de Lyon à ce propos.

Nuits sonores : un renouveau du patrimoine industriel à Lyon

Un déménagement qui n’a rien de nouveau : « Changer de site a toujours été dans l’ADN du festival. On cherche des interstices de calendrier dans des lieux en transition« , précise Frédérique Joly, directrice des Nuits sonores, à Rue89Lyon. Avant de débarquer à la Mulatière, les Nuits sonores avaient déjà déniché des friches témoignant de la richesse du patrimoine industriel lyonnais. Et certains sites portent en eux une mémoire parfois douloureuse.

Pour visualiser et obtenir des informations sur les sites, cliquez sur les puces.

En 2021, l’annonce de la réaffectation des usines Fagor-Brandt en centre de dépôt pour tramways TCL à l’horizon 2028 ne fait pas l’unanimité. Certains regrettent l’arrêt de la dimension culturelle du lieu, quand d’autres se réjouissent que ces immenses espaces retrouvent une dimension industrielle.

Nuits sonores à Lyon : derrière les lieux de fête, une histoire sociale douloureuse

Pourtant, le lieu est avant tout un symbole de la désindustrialisation de la France – particulièrement visible à Gerland – et un haut lieu de lutte sociale. Le site de fabrication de lave-linges, qui a employé jusqu’à 2000 salariés dans les années 80, périclite rapidement au tournant des années 2000.

Un improbable plan de reprise, avec des fonds qataris, émerge en 2015. Avec Cenntro Motors, le site veut se reconvertir dans la fabrication de véhicules électriques. Un triste échec. Des millions d’euros d’argent public sont engloutis, laissant 382 salariés au chômage.

Manifestation des salariés de Cenntro Motors, le 30 juin 2015. ©LB/Rue89Lyon
Avant sa réutilisation par les Nuits sonores, les usines Fagor-Brandt ont été le centre d’une importante bataille sociale. Ici une manifestation des salariés de Cenntro Motors, le 30 juin 2015.Photo : LB/Rue89Lyon

De conflit social, il fut également question à Vaise, l’un des fleurons du tissus industriel de la métropole.

L’usine SLI, un site de fabrication d’ampoules, était l’une des plus anciennes fabrique du quartier du 9e arrondissement de Lyon. Elle n’a pas résisté aux lois de la mondialisation. En 2005, la production est délocalisée en Tunisie, laissant 272 salariés sur le carreau. Clin d’œil du destin, le site industriel a été détruit en 2009 pour laisser place à Greenopolis, un parc d’activités… tertiaires, sorti de terre en 2019.

Mais entretemps, les Nuits sonores y a laissé son empreinte. En 2008, le festival investit l’usine, anciennement connue sous le nom d’Ampoules Claude. Cette édition fut mémorable pour beaucoup. Ce sera un premier pas pour les Nuits dans une friche située en dehors de la Confluence.

Une vue des usines SLI de Vaise.Photo : Inventaire général du patrimoine culturel, Région Rhône-Alpes

Nuits sonores : un riche passé industriel à Lyon

Un autre quartier a bercé (et berce encore) les Nuits sonores : la Confluence. Durant ses premières années, le festival investit notamment en 2005 les Salins du midi, d’anciens entrepôts utilisés jusqu’en 2004 pour le stockage de sel de déneigement. Le site a aujourd’hui été remplacé par le cube orange. Outre les Salins du midi, la Sucrière, ancien entrepôt de sucre devenu l’épicentre des Nuits, rappelle encore le passé ouvrier du lieu. C’est l’un des derniers bâtiments industriels de l’ancien port Rambaud encore debout.

La Sucrière, ancien entrepôt de sucre, est le lieu historique des Nuits sonores. Le lieu a été complété par une extension située sur son toit, le désormais célèbre Sucre. Photo ED/Rue89Lyon

De 2009 à 2016, les Nuits sonores ont également investi par intermittence l’ancien marché de gros – le ventre de Lyon -, après son déménagement à Corbas, en 2009. L’ancien marché a ensuite été transformé en complexe immobilier. Non loin, le marché Gare s’est lui mué en une salle de spectacle.

Autre lieu investi par les Nuits sonores, les usines Brossette, dans le 7e (juste à côté de Rue89Lyon) ont hébergé le festival en 2012 et 2013. L’établissement était anciennement spécialisé dans la construction métallique. Avec les usines Fagor, ce site raconte le passé industriel quasiment disparu du quartier de Gerland.

Pour l’heure, l’usage des Grandes Locos n’est pas gravé dans le marbre. Le lieu fera-t-il parti d’un programme immobilier ou retrouvera-t-il un usage industriel ? Pour l’instant en tout cas, il semble réunir toutes les caractéristiques d’un hub culturel d’importance pour la Métropole.


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