Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Chantier des Voies Lyonnaises : les écologistes tiennent bon face aux critiques

La majorité écologiste à la tête de la Métropole de Lyon prévoit la construction de 200 kilomètres « d’autoroutes à vélo », appelées Voies Lyonnaises, d’ici 2026. Alors que les travaux débutent ou approchent, le sujet crispe chez les maires de droite, qui entraînent une partie de leur administrés. En face, les écologistes n’envisagent pas de dévier de leurs objectifs, sinon à la marge.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

La Voie Lyonnaise 1, sur les quais du Rhône, au niveau de la piscine Tony Bertrand. ©MA/Rue89Lyon

C’est dans le fraîchement installé « Velcroc », bar et atelier de réparation de vélos sur le quai Sarrail (Lyon 6e), que les écologistes de la Métropole de Lyon ont présenté un point d’étape de leur projet phare des Voies Lyonnaises (VL), mercredi 20 septembre. D’ici 2030, ils souhaitent créer 13 voies élargies pour la circulation des vélos dans la Métropole de Lyon, soit 355 kilomètres de pistes, dans un périmètre étendu, allant de Quincieux à Givors, et de Jonage à la-Tour-de-Salvagny.

Pour l’heure, la Métropole a seulement réalisé une dizaine de kilomètres sur les 200 kilomètres prévus d’ici la fin du mandat en 2026, mais ce chiffre devrait rapidement augmenter avec un objectif de 90 kilomètres dans un an. « On entre dans la phase opérationnelle » – comprendre la phase des travaux – explique le vice-président en charge des mobilités, Fabien Bagnon. « Les travaux de la VL8 sur La Tour-de-Salvagny et Dardilly et ceux de la VL5 le long du Boulevard urbain débuteront très prochainement », indique la Métropole de Lyon, pour les aménagements les plus imminents.

Le futur réseau des Voies Lyonnaises ©Métropole de Lyon
Le futur réseau des Voies LyonnaisesPhoto : Métropole de Lyon

Des maires hostiles aux tracés des Voies lyonnaises

Ce projet ambitieux nécessite des aménagements conséquents de voirie, dans un grand nombre de communes de la métropole. Ce qui n’est pas du goût de plusieurs maires de droite et du centre, qui voient arriver dans leurs communes des projets qu’ils n’ont pas porté pendant les municipales de 2020 et qui ont pourtant un fort impact dans leurs villes. Depuis plusieurs mois, plusieurs d’entre eux ont lancé une offensive contre l’exécutif écologiste et les tracés des VL. Bron, Caluire-et-Cuire, Oullins, Limonest et Tassin-la-Demi-Lune sont là-dessus en première ligne.

Ainsi, le maire centriste de Limonest, Max Vincent, dénonçait par exemple le remplacement d’une voie de bus par une piste cyclable pour le passage de la VL 4, auprès de Lyon Capitale. « Notre ville est déjà mal desservie en transports en commun donc ce n’est pas acceptable. (…) Il aurait fallu trouver un autre itinéraire », soutenait le maire.

À Oullins, la maire LR, Clotilde Pouzergue, a même lancé une pétition contre le passage en sens unique de la Grande rue, pour y faire passer la VL 6. Celle-ci a réuni près de 4500 signatures en juin 2023.

Un score honorable, mais moins impressionnant que celui obtenu par le maire de Caluire-et-Cuire, Philippe Cochet, lui aussi issu des Républicains. Il se targue d’avoir réuni 14 500 signatures, ce qui représenterait en nombre plus d’un tiers des habitant·es de sa commune, contre le passage de la VL sur le même tracé que la voie verte de Caluire. À Bron, la critique a été encore plus virulente. Lors d’une déclaration publique au Club de la presse de Lyon, le maire Jérémie Bréaud (LR) a qualifié Fabien Bagnon de « bulldozer qui n’écoute pas et qui ment».

Les Voies lyonnaise, un projet phare que l’exécutif écologiste entend bien défendre

La conférence de presse donnée par les écologistes, le 20 septembre, avait tout l’air une réponse à ces critiques des derniers mois. Plus qu’un point d’étape, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, et Fabien Bagnon se sont principalement attachés à répondre points par points (ou presque) aux critiques. En ne citant qu’à la marge leurs détracteurs.

Le président de la Métropole a concédé avoir « quelques difficultés » à déployer les Voies lyonnaises dans certains coins du territoire métropolitain. « Ces oppositions, qui s’appuient parfois sur des véritables arguments, sont souvent des oppositions purement politiciennes, notamment issue des Républicains », a-t-il lancé, en citant pour exemple Tassin-la-Demi-Lune ou Caluire-et-Cuire. L’occasion de dénoncer dans le même temps les « attaques personnelles » en direction de son vice-président.

Portrait de Fabien Bagnon
Fabien Bagnon, vice-président aux mobilités et « monsieur vélo » de la Métropole de Lyon depuis 2020.

Une réponse a aussi été amenée sur les sujets plus techniques, comme l’utilisation de « voies d’approche » au lieu de « voies propres » pour les bus, pour créer des pistes cyclables. Concrètement : cela signifie que, sur certaines portions, les bus circuleront avec les voitures, et n’auront pas de voie dédiée, sauf à l’approche de carrefours, pour simplifier leur passage.

« Les voies propres pour les bus sont utiles dans les villes les plus denses. Dans le périurbain, la circulation est moins importante et il y a seulement besoin de fluidifier au niveau des intersections », a justifié Bruno Bernard.

Acceptabilité des Voies Lyonnaises : un problème de méthode ?

Mais, si les tracés concentrent la majorité des mécontentements des opposants et des circonspects, c’est aussi la méthode qui dérange.

« La manière dont ces Voies lyonnaises sont déployées, par petites portions, les unes après les autres, me dérange profondément. Cela manque d’étude globale d’impact sur le report de véhicules et d’impact environnemental », nous expliquait Yann Cucherat, élu d’opposition du groupe centriste Pour Lyon, au conseil municipal de Lyon.

Un point que les écologistes n’ont pas abordé lors de leur point d’étape.

Autre point de crispation : les maires affirment ne pas être assez écoutés par la Métropole sur le sujet des Voies lyonnaises. Il y aurait ainsi comme un air de « fronde des maires », un remake de l’épisode métropolitain de l’été 2021. Une partie des maires de la Métropole avaient alors dénoncé « une gouvernance aveugle et verticale contre les communes » de la part de l’exécutif écologiste, dans une tribune. Une fronde notamment déclenchée par le projet d’installation d’un cimetière à Charly, par la Métropole, contre l’avis du maire.

Un argumentaire qui ne passe pas pour les écologistes, qui ont tenu à montrer qu’ils avaient fait des concessions. Ils en veulent pour preuve les deux ans de réunions publiques et de concertations, « auxquelles ont participé plus de 6000 personnes », sur 195 kilomètres des 350 prévus. Mais aussi et surtout les changements de tracés déjà opérés « à Saint-Just, où un troisième tracé a émergé des concertations » ou à Caluire aussi, où la Voie verte restera finalement telle quelle est, sous le poids de l’opposition des habitant·es guidés par leur maire.

Comment réagiront les élus des autres communes concernées ? Des concertations restent à venir, à Vaise (Lyon 9e), sur la section centrale de la VL8, sur les 7e et 8e arrondissements, ou encore dans le 6e arrondissement de Lyon. Dans ces communes, seul Pascal Blache, maire LR du deuxième arrondissement, est dans l’opposition. Nul doute que son attitude sera à suivre de près.

La Voie Lyonnaise 1, sur les quais du Rhône, au niveau de la piscine Tony Bertrand. ©MA/Rue89Lyon
La Voie Lyonnaise 1, sur les quais du Rhône, au niveau de la piscine Tony Bertrand.Photo : MA/Rue89Lyon

#Métropole de Lyon

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options