C’est une circonscription qui pourrait paraître bien calme, sans enjeux. Et pourtant. Preuve des incertitudes régnantes, la liste des candidats aux législatives pour la 8e circonscription du Rhône a mis un certain temps à se définir. Lors des dernières élections municipales, Patrice Verchère (LR), député durant 12 ans de la circonscription, a laissé sa place à sa suppléante, Nathalie Serre (LR). Pas dégoûté de la politique, il a préféré se consacrer à la Communauté de l’Ouest Rhodanien (COR) en prenant sa tête.
La quinqua se frotte donc pour la première fois aux urnes sur un scrutin aux enjeux forts, dans un territoire où la droite tient la corde depuis 1997. C’est dire si l’élection pourrait lui sembler acquise.
Législatives à l’ouest de Lyon, l’éternelle bataille entre la droite et le centre
Mais après la débâcle de LR aux présidentielles, les centristes, habituels concurrents de LR dans le Rhône, pourraient bien jouer les trouble-fêtes. Un temps, Martin Sotton (Modem), maire de Thizy-les-Bourg et héritier direct de Michel Mercier, baron historique du département, a voulu se lancer.
Visé par la justice pour avoir participé à des soirées avec des mineurs, le jeune prétendant a dû prendre du champ. Raté pour cette fois.
Une rumeur annonçait également Bruno Peylachon, maire de Tarare et autre ténor du Rhône, comme candidat. Bras droit de Patrice Verchère (LR) à la COR et siégeant à côté du président du conseil département Christophe Guilloteau (LR) à Lyon, ce représentant de l’Union de la droite et du centre a finalement annoncé son soutien à Nathalie Serre. Alliés au département et dans les communauté de communes et d’agglomération, les centristes, la droite locale et ses nuances se jaugent pour ces élections.
Au centre, un candidat avec un fort ancrage local
Finalement, Dominique Despras (Modem) a décidé de se lancer sous les couleurs centristes. Dans un secteur géographique où l’ombre de Michel Mercier (Modem) plane toujours, ses chances ne sont pas nulles.
Ancien président du syndicat agricole la FDSEA, passé également par les Jeunes agriculteurs, ce dernier a pris en novembre les manettes de la chambre d’agriculture du Rhône. Des postes qui montrent l’ancrage local important de l‘agriculteur sur un territoire très rural. De quoi chatouiller les Républicains ?
« La 8e est traditionnellement ancrée à droite. Une partie de l’électorat vote plus volontiers pour l’étiquette politique, l’autre, surtout dans le nord de la circo, plus pour l’homme », avait analysé Patrice Verchère, alors candidat LR, il y a cinq ans.
En 2017, sa victoire avait été relativement serrée avec 53% des suffrages exprimés au second tour. Au premier tour, il avait également été distancé par En Marche. La bataille est donc loin d’être gagnée pour Nathalie Serre.
Elle pourra toutefois faire valoir un soutien « urbain ». En 2020, elle avait conduit la liste d’opposition au maire de l’Arbresle, Pierre-Jean Zannettacci, ex-socialiste passé du côté d’Emmanuel Macron. La députée sortante dispose de soutiens importants dans le sud de la circonscription.
Chez les opposants aux projets de zones logistiques comme Quicury, on note qu’elle n’a pas peur de se déplacer en terrain hostile, venant rencontrer des personnes en conflit avec son ancien mentor, Patrice Verchère (LR). De quoi lui donner une certaine prestance.
À gauche, une victoire impossible sur une terre acquise à la droite
À gauche, l’union s’est faite sans dissidence cette année. Pour cause : les enjeux sont faibles. La circonscription n’a été à gauche (socialiste) que durant deux ans, depuis 1988. C’était de 1995 à 1997, avec Maurice Depaix. Un quasi-accident de l’histoire.
Comme à Givors, la gauche rassemblée sous le fanion de la Nupes sera représentée par une communiste et syndiquée cégétiste Cécile Bulin. Pour rappel, aux dernières élections départementales, la gauche a perdu le seul canton qu’elle avait encore en sa possession : celui de l’Arbresle (appartenant à la 8e circonscription). Le maire de cette grosse ville du secteur, Pierre-Jean Zannettacci, avait tourné casaque en apportant son soutien au président de la République. Le canton est ainsi passé « LREM » avec le maire de Saint-Pierre-la-Palud, Morgan Griffond. Ce dernier a voté en faveur de l’actuel président du conseil départemental Christophe Guilloteau.
Pour qui militera le maire sur le marché de la commune cette fois-ci ? Sur ce territoire, Jean-Luc Mélenchon (Nupes) n’était arrivé que troisième en totalisant 16% des suffrages exprimés.
À l’extrême droite, quelques points à grappiller
Le candidat de la France Insoumise est arrivé derrière Marine Le Pen dans le Rhône. La candidate frontiste a réalisé un score bien meilleur que ceux connus par le Rassemblement national dans la métropole lyonnaise. Néanmoins, cette partie du département du Rhône a moins voté à l’extrême droite que le nord du département.
Divisée, comme dans le reste du pays, l’extrême droite réussira-t-elle à se hisser au second tour ? Son candidat, Antoine Dubois, en est persuadé. Ce novice en politique met en avant les bons résultats de sa candidate aux élections présidentielles pour y croire.
En face, le parti d’Eric Zemmour envoie une candidate plus « capée ». Transfuge du Rassemblement national, Marie de Penfentenyo de Kervereguin a déjà été élue en Isère et à la Région. Cette mère de six enfants joue à fond la carte « famille ». L’incendie récent de sa maison a donné à sa campagne une résonance médiatique inattendue.
Des candidats dispersés
En plus de ces ténors, Tristan Teyssier se présente à l’ouest de Lyon pour Lutte Ouvrière. Plusieurs candidats se sont ajoutés à la liste déposée en préfecture en indépendants.
Parmi eux, on compte à gauche Noëlle Pelerins, du Parti animaliste, Pascale Braud (nuance Divers gauche), Valérie Lawo (nuance écologiste) et Joël Gaud (également nuance écologiste). A l’extrême droite, Mathieu Nové-Josserand sera le représentant d’une « nuance » de droite souverainiste.
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