Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Sans-abri à Lyon : « Avec le couvre-feu tant que je ne dis rien je n’ai pas de raison d’être interpellé »

A Lyon, des personnes sans-abri avaient été verbalisées pour non respect du confinement au printemps. Depuis le 17 octobre, le couvre-feu entre 21 heures et 6 heures du matin est en place dans la métropole de Lyon. Une association a demandé à ce que les les sans-abri ne soient pas sanctionnés. La préfecture a activé par anticipation le plan froid.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Sans-abris place République

Aux mois de mars et avril,  durant le confinement, des dizaines de personnes sans-abri, notamment des demandeurs d’asile, SDF avaient été verbalisées par la police dans l’agglomération lyonnais. Motif ? Non-respect des mesures de confinement. La Préfecture avait dans un premier temps démenti ces informations. Mais les témoignages de personnes verbalisées et des remontées, notamment auprès du Samu Social, l’avaient contredite.

La décision du couvre-feu a remis le sujet sur la table.

« La police sait que je suis ici et passe souvent même depuis l’annonce du couvre-feu »

A l’échelle nationale, dans un communiqué de presse, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, a affirmé qu’il n’y aura pas de verbalisation au cours du couvre-feu. L’arrêté étant posé, reste à savoir s’il sera respecté.

A Lyon, depuis l’annonce de ces nouvelles règles, plusieurs associations comme Donner la main – Don de soi ont demandé au Préfet du Rhône de ne pas verbaliser les sans-abri durant cette période de couvre-feu. Certains sans-abri que nous avons pu rencontrer semblent plus confiants. L’un d’entre eux témoigne :

« Je vis à la rue depuis plusieurs années à Lyon. Je suis habitué à m’installer le soir sous un hall d’entrée, au même endroit chaque soir. La police sait que je suis ici et passe souvent devant, même depuis l’annonce du couvre-feu. Tant que je ne dis rien ou ne fais rien, je n’ai pas de raison d’être interpellé. »

En cas de non-respect des mesures de confinement, les contrevenants encourent une amende de 135€ et 1500€ en cas de récidive.

Pas de possibilité de faire la manche après 21 heures

Ceux que nous avons pu rencontrer craignent d’autres conséquences dans leur quotidien et le soutien qu’ils peuvent recevoir. Comme, pour certains, l’impossibilité désormais de faire la manche au-delà de 21 heures.

Rassemblés autour d’une tente sur la place de la République en journée, certains d’entre eux se réchauffent. C’est notamment le cas de ce trentenaire qui témoigne :

« Le principal impact du couvre-feu pour nous, c’est sur la manche. Habituellement, il y a beaucoup de passage en soirée rue de la République et c’est un bon moment pour la faire. Là, on a déjà moins de temps sur une journée pour récolter de l’argent, mais en plus on perd des heures de pointe. »

Sans-abri place République à Lyon
Place de la République àLyon, des personnes sans-abri ont installé une tente. Photo CR/Rue89Lyon

« J’ai peur que le couvre-feu gêne les associations pour intervenir auprès de nous »

Ils craignent également que les mesures sanitaires viennent perturber l’aide qui leur est apportée.  Notamment avec l’arrivée de l’hiver. Quelques craintes étaient émises par un sans-abri lyonnais que nous avons rencontré :

« J’ai peur que le couvre-feu gêne les associations pour intervenir auprès de nous durant la nuit. Pour nous, cela change pas trop. C’est surtout leur fonctionnement que les consignes peuvent perturber. La nuit, en hiver, elles représentent une aide particulière dont on ne peut pas se priver. »

Ce même lundi 19 octobre, cinq jours après la décision du couvre-feu, la préfecture du Rhône a annoncé avoir lancé le plan hivernal par anticipation. L’aide aux personnes les plus démunies doit donc être renforcée par davantage de maraudes.

Les associations venant en aide aux sans-abri peuvent donc continuer d’intervenir auprès des personnes sans domicile fixe, même après 21 heures. Au printemps dernier, outre des verbalisations, des expulsions de squats avaient eu lieu à Lyon, sans solution d’hébergement dans un premier temps. Puis, un dispositif d’hébergement spécial Covid avait été mis en place, en lien entre la Métropole de Lyon, la préfecture et les associations. Par ailleurs, le plan hivernal avait été prolongé.


#Sans-abri

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

À lire ensuite


Anne-Laure est SDF à Lyon depuis février 2019

Photo : AD/Rue89Lyon

Deux tentes du campement de quelques heures qui a été dressé devant les grilles de la préfecture du Rhône ce 10 décembre. ©Guillaume Bernard/Rue89Lyon

Photo : Guillaume Bernard/Rue89Lyon

Hippolyte, 22 ans, poursuivi pour vol de mobilier urbain
L’ex-squat de la rue Léon Bourgeois à Bron (au bord du parc de Parilly). ©DR Jean-Paul Vilain, président de la CUM : « C’est typiquement le cas d'un bâtiment propriété de l'Etat (Maison ONF) qui a été longtemps en vente sans trouver d'acheteur. Il y a 3 ans, la CUM avait demandé à la Préfecture de le réquisitionner pour y installer des migrants SDF. Refus de la Préfecture, en lien avec la commune de Bron. On nous expliquait que ce n'était pas possible car il y avait un soit-disant projet de construction de « résidence sociale ». Ce bâtiment a été ensuite squatté pendant plus de deux ans par des familles albanaises qui ont fini par être expulsées à l'automne 2017. Ce lieu est à nouveau "sécurisé" et vide depuis ce moment alors que soit-disant la Métropole et la Maison de la Veille Sociale (MVS) cherchent partout des places d'hébergement ».

Photo : DR Jean-Paul Vilain, président de la CUM : « C’est typiquement le cas d'un bâtiment propriété de l'Etat (Maison ONF) qui a été longtemps en vente sans trouver d'acheteur. Il y a 3 ans, la CUM avait demandé à la Préfecture de le réquisitionner pour y installer des migrants SDF. Refus de la Préfecture, en lien avec la commune de Bron. On nous expliquait que ce n'était pas possible car il y avait un soit-disant projet de construction de « résidence sociale ». Ce bâtiment a été ensuite squatté pendant plus de deux ans par des familles albanaises qui ont fini par être expulsées à l'automne 2017. Ce lieu est à nouveau "sécurisé" et vide depuis ce moment alors que soit-disant la Métropole et la Maison de la Veille Sociale (MVS) cherchent partout des places d'hébergement ».

Partager
Plus d'options