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La première boite à partage alimentaire de Lyon : « dédramatiser le fait de se servir »

Les élus du conseil de quartier des jeunes du premier arrondissement ont inauguré leur boite à partage alimentaire vendredi 15 juin. Ils invitent tout un chacun à donner et à se servir dans ce frigo débranché, installé sur une terrasse de café de la Montée de la Grande-Côte.

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Inauguration de la boite à partage alimentaire, en présence de Nathalie Perrin-Gilbert (à droite sur la photo), maire du 1er arrondissement, des élus du conseil de quartier des jeunes, et de Fatima Berrached, adjointe à l'éducation de la mairie du 1er.

Inauguration de la boite à partage alimentaire, en présence de Nathalie Perrin-Gilbert (à droite sur la photo), maire du 1er arrondissement, des élus du conseil de quartier des jeunes, et de Fatima Berrached, adjointe à l'éducation de la mairie du 1er.
Inauguration de la boite à partage alimentaire, en présence de Nathalie Perrin-Gilbert (à droite sur la photo), maire du 1er arrondissement, des élus du conseil de quartier des jeunes, et de Fatima Berrached (au centre), adjointe à l’éducation de la mairie du 1er.

L’idée vient du conseil des jeunes du 1er arrondissement. Élus par leurs camarades d’écoles primaires, ces élèves scolarisés en classe de CM2 ou de sixième sont répartis en trois commission, dont une dédiée au gaspillage alimentaire.

Polly Lacroix-Mougins, qui en fait partie, raconte comment l’idée d’une boite à partage alimentaire leur est venue :

« Au départ, nous devions travailler sur le gaspillage alimentaire à la cantine. Mais notre groupe s’est intéressé à la solidarité. Et le gaspillage fait aussi perdre des aliments aux personnes précaires, qui ne mangent pas à leur faim. »

Selon les jeunes élus ce sont les passants et les riverains qui approvisionneront ce système, ainsi que les commerçants qui souhaiteraient donner leurs invendus. Leurs parents ont été les premiers à mettre des aliments, juste après l’inauguration de la boite.

« Éviter les risques sanitaires »

Les deux principales contraintes n’ont pas échappé aux enfants pour la mise en place de leur projet de partage de nourriture : l’hygiène et le lieu. Impossible de mettre des aliments qui pourraient périmer et devenir dangereux pour ceux qui les consomment.

Fatima Berrached, adjointe à l’éducation de la mairie du 1er, supervise les jeunes élus et leur a alors conseillé d’établir les critères suivant d’aliments qui pouvaient être mis dans la boite :

  • Les produits doivent être emballés et achetés en magasin.
  • Ils doivent être secs, pas de produits frais.
  • S’ils ont une date limite de consommation, celle-ci ne doit pas être dépassée.
  • Les produits peuvent être des invendus donnés par les commerçant, s’ils remplissent les autres critères.

Du miel, des conserves de fruits ou de légume, du pain de mie, mais aussi des jus de fruit ou du lait qui n’ont pas été ouvert, voilà les suggestions d’aliments à donner indiqués sur la boite. Sont proscrits ceux faits maison, frais, entamés ou déjà périmés.

La boite à partage est un ancien frigo mais elle n’est pas réfrigérée et ses installateurs ne veulent prendre aucun risque.

« Impossible sur la voie publique »

Pour ce qui est du lieu, ce sont des militantes de la Maison de l’économie circulaire qui se sont creusé la tête pour en trouver un. Léna Trioulaire, l’une d’elles, raconte :

« La quasi totalité du 1er arrondissement est classé comme patrimoine protégé, hors de question de mettre alors la boite sur la voie publique. Nous avons alors cherché un commerce qui accepterait de s’en occuper. C’est une charge pour le commerçant : il doit s’occuper de la maintenance de la boite, vérifier que les aliments ne soient pas périmés et la ranger le soir venu. »

Les militantes se sont alors tournées vers l’association le Carillon, qui prend en charge des personnes précaires et sans domicile fixe. Ils leur ont proposé le café « Aux thés des merveilles », l’un de leurs établissements partenaires.

« L’endroit est bien adapté : la terrasse (ndlr : situé au 59 Montée de la Grande-Côte) est accessible, et les gérants ont montré en s’associant avec le Carrillon leur sensibilité à la cause des personnes précaires. »

« Populariser le don, et dédramatiser le fait de se servir »

Comment éviter que le geste de se servir dans la boite à partage soit vécu comme une violence ? Est-ce que cette solution est plus simple pour les personnes dans le besoin que le don direct d’argent ou de nourriture ? Pour les militantes de la MEC, la boite à partage peut-être moins discriminante si son public est mixte :

« On espère que des personnes diverses, des étudiants désargentés aux passants affamés, viendront se servir. Il ne faut pas voir cette boite à partage comme de la solidarité descendante, cela doit être de l’entraide. Varier les publics devrait permettre de dédramatiser le geste de se servir », assure Stéphanie Genelot.

Et pour cela, les passants devront être informés de la présence de cette boîte. Polly Lacroix-Mougins compte sur le bouche à oreille, en admettant que, « pour l’instant on n’a pas encore pensé à comment l’indiquer ».

Les deux militantes de la MEC présentes à l’inauguration comptent quant à elles sur les relais officiels et associatifs :

« La mairie a la volonté de promouvoir ces initiatives, cela nous aidera à en faire parler. Nous le mettrons dans nos brochures, et on compte sur le Carillon pour indiquer cette boite sur la carte de leurs établissement partenaires ».

Le concept des boites à partage se généralise à Lyon, avec sur les 80 boites de l’agglomération 40 réservées aux livres. La nouvelle venue ne devrait pas rester longtemps la seule dédiée aux aliments : les militantes de la MEC affirment que deux autres sont en projet.


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Photo : TS/Rue89Lyon

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