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1er mai à Lyon : « Même si on vote pour Macron, le lendemain on sera dans la rue »

Votera ou votera pas pour Emmanuel Macron ? Telle était la sempiternelle question qui se posait dans le principal défilé lyonnais du 1er mai.

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Banderole de tête du 1er mai 2017 à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

De mémoire de syndicalistes, c’était plutôt un bon cru du 1er mai. La CGT pouvait annoncer 8 000 personnes au terme d’un parcours classique de la place Jean Macé à la place Bellecour. 1h30 de marche sous le soleil et la pluie.
A 12h30, c’était plié.

Comme d’habitude, la CGT a fourni le gros des troupes (les deux tiers). On notait également un fort bataillon d’anarcho-syndicalistes de la CNT et la classique présence des associations kurdes et pro-palestiniennes.

En revanche, les drapeaux de Solidaires et de la FSU se faisaient beaucoup plus discrets que lors du défilé de l’année dernière au cœur du mouvement social contre la loi travail.
Sachant que FO et, surtout, la CFDT faisaient bande à part.

Imposant cortège d’« insoumis »

Ce n’était pas le 1er mai 2002, donc, mais la tonalité était naturellement très politique.
Le speaker du camion de tête de la CGT s’égosillait sur le « progrès social » en égrenant les revendications de son syndicat sur la réduction du temps de travail et la retraite à 60 ans.
Mais il rajoutait, dans un même mouvement, un « non aux idées de l’extrême droite que nous combattons ».

Au milieu du cortège, un millier de « jeunes » derrière deux banderoles « la jeunesse emmerde le front national et le front patronal » et « ni patrie, ni patron, ni Le Pen, ni Macron ». Parmi eux, des manifestants qui étaient déjà de sortie jeudi dernier aux Terreaux. Avec toujours les slogans anticapitalistes et antifascistes.

Le cortège "ni Le Pen, ni Macron" le 1er mai à Lyon. ©LB/Rue89Lyon
Le cortège « ni Le Pen, ni Macron » le 1er mai à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

En queue de cortège, les militants de la France insoumise, réunissaient environ 1 500 personnes.
Parmi elles, la famille Van Quackebeke venue de Meyzieu. La mère et ses deux enfants. Les petites-filles étaient également de la partie.

La mère, Isabelle 57 ans, « institutrice et agricultrice » expliquait :

« Il faut montrer qu’on est toujours mobilisé et que le mouvement de la France insoumise ne s’est pas essoufflé après le 1er tour. Notre mouvement démarre avec ces élections ! On a des gens pas du tout engagés qui nous ont rejoint. Ça a réveillé les consciences ».

Leur prochain objectif est que « leur » candidat, Roland Pacaud, dans la 13ème circonscription du Rhône, fasse le meilleur score.

Le second tour de la présidentielle passerait presque pour de l’histoire ancienne.

« On a le choix entre la peste et le choléra », reprenait Emmanuelle, 32 ans, la fille.

Dans la famille comme dans le « groupe d’appui » de la 13ème circonscription (50 membres annoncés) on applique les directives de Jean-Luc Mélenchon.

« Aucune voix n’ira à Marine Le Pen. Mais même au sein de la famille, on n’est pas tous d’accord, précisait Isabelle. A mon avis, ce sera un tiers blanc, un tiers abstention et un tiers Macron. »

Dans la famille Van Quackebeke, "insoumise" venue de Meyzieu, la mère et la fille. ©LB/Rue89Lyon
Dans la famille Van Quackebeke, « insoumise » venue de Meyzieu, la mère et la fille. ©LB/Rue89Lyon

L’incertitude des électeurs de Mélenchon

Ailleurs dans le cortège, d’autres électeurs de Mélenchon exprimaient leurs questionnements sur le vote de dimanche.

Deux sœurs jumelles de 23 ans, étudiantes à Sciences-Po et en préparation de l’agrégation d’anglais, tenaient, pour cette raison-là, à manifester ce 1er mai :

« Si on vote Macron, on doit aussi montrer notre désaccord total avec la politique libérale qu’il entend mener. Je ne pourrai pas le dire dans les urnes quand je voterai pour lui », expliquait l’étudiante de Sciences-Po.

Sa sœur allait dans le même sens et résumait toutes les interrogations d’un grand nombre d’électeurs mélenchonistes :

« On veut bien un front Républicain, mais Emmanuel Macron n’a pas ouvert cette perspective-là. Il a commencé par attaquer frontalement Jean-Luc Mélenchon et il estime toujours que ceux qui voteront pour lui le feront par adhésion. Dans ces conditions, c’est difficile de voter pour lui. »

Et d’ajouter :

« On fait bien la différence entre un adversaire, Emmanuel Macron, et une ennemie, Marine Le Pen. Mais si Macron obtient 80% des voix, il va faire comme Chirac ».

Deux sœurs jumelles électrices de Jean-Luc Mélenchon. ©LB/Rue89Lyon
Deux sœurs jumelles électrices de Jean-Luc Mélenchon. ©LB/Rue89Lyon

« Nous n’avons pas les mêmes valeurs »

À la CGT, les discussions ont également été longues pour finalement déboucher sur le plus petit dénominateur commun : « pas une voix pour Marine Le Pen ».

François Rubert est l’un des responsables de la lutte contre l’extrême droite au sein de l’union départementale CGT du Rhône. Avec d’autres syndicalistes, ils organisent une réunion publique sur le sujet à la Bourse du travail. Ils le font le 1er juin, volontairement après l’élection présidentielle. Dans le défilé d’entre-deux-tours, il tenait à préciser :

« Les valeurs de l’extrême droite sont incompatibles avec celles du syndicalisme. Eux, c’est la préférence nationale; nous, nous défendons tous les travailleurs. »

Jérôme Bathion du bureau de l’UD CGT ne voulait pas voir d’équivalence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Il préférait annoncer :

« Même si on vote pour Macron, le lendemain on sera dans la rue. »

Banderole de tête du 1er mai 2017 à Lyon. ©LB/Rue89Lyon
Banderole de tête du 1er mai 2017 à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

> Mise à jour du mercredi 3 mai à 0h : Une manif sauvage d’une centaine de personnes entrainée par des militants antifascistes a traversé la Saône pour ensuite remonter la rue Saint-Jean.
La vitrine du salon de tatouage « le Point d’encrage » tenu par un dirigeant du GUD a été vandalisée.


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