par Bertrand Enjalbal, Amélie James et Romain Chevallier
Bon, soyons clair, pour cette journée mondiale « En ville sans ma voiture » Lyon et la Métropole n’ont pas prévu d’évènement particulier. Entre 2000 et 2004, une partie du centre-ville avait été coupée à la circulation automobile durant une journée (en week-end) ou bien transformée en zone 30km/h. Paris en revanche a poursuivi cette année l’initiative avec 650 km de voirie interdite aux voitures, ce dimanche 25 septembre.
Reste qu’au fil du temps la place de la voiture semble se réduire dans Lyon. C’est ce que disent les chiffres, notamment ceux d’une récente étude du Sytral sur les déplacements des habitants de la Métropole et révélée sur Rue89Lyon l’an dernier. Depuis 2006, la part de la voiture dans les déplacements a réduit alors qu’elle n’avait cessé de progresser jusque-là.
Les métropolitains possèdent moins de voitures aujourd’hui : 1,25 par ménage en moyenne contre 1,30 il y a 10 ans. Pour les seules villes de Lyon et Villeurbanne, ce chiffre est passé de 0,93 à 0,75 sur la même période.
Sur le territoire de la Métropole de Lyon, la voiture n’est aujourd’hui plus le mode de transport majoritaire (42 % des déplacements) alors qu’elle représentait 52 % des déplacements en 1995.
En parallèle, les déplacements en vélo se développent. Selon les derniers chiffres connus, le trafic vélo a augmenté de 15 % par an depuis 2010 dans la Métropole de Lyon :
- 8000 vélos par jour empruntent les berges du Rhône
- près de 6000 le cours Gambetta et un peu plus de 5000 le Pont Morand
D’ici quatre ans la Métropole veut atteindre 1000 kilomètres de piste cyclable contre près de 700 annoncés aujourd’hui.
« Tu me vois, tu me vois plus », mais la voiture n’a pas disparu
Ces voitures en moins et ces vélos en plus, tout cela doit bien finir par se voir. C’est ce que nous vous proposons de voir dans notre petite machine à remonter le temps, thématisée. A travers quelques clichés de Lyon se dessine au fil du temps un lent mais progressif changement de position à l’égard de la voiture en ville. Son espace serait ainsi petit à petit rogné.
C’est vrai dans certains lieux ou certains secteurs de la ville. L’offre de transports en commun qui s’est étoffée au fil du temps explique en grande partie les chiffres de la baisse de l’utilisation de la voiture et de son espace. Des voies réduites pour laisser passer des lignes de bus en site propre ou des voies de tramway, des places rénovées avec l’arrivée du métro ou aménagée pour donner plus de place aux piétons.
L’exemple le plus emblématique reste celui des berges du Rhône et son parking en surface de près de 1500 places transformé à partir de 2004 en voies piétonne et cyclable.
Quand il évoque le quartier de la Part-Dieu, Gérard Collomb parle souvent d’un « quartier pensé sur le modèle des villes des années 1970 comme Los Angeles » qui faisaient la part belle à la voiture et reléguaient les piétons en sous-sol ou au-dessus des voies de circulation.
Ce que montrent ces quelques clichés anciens de la ville face à leur visage aujourd’hui correspond en effet à une logique inverse : c’est la voiture qu’il faut cacher.
Des places de stationnement supprimées mais compensées
La place des Terreaux, la place Bellecour, la place Antonin Poncet et d’autres étaient dans les années 1960 et 1970 et jusqu’au début des années 1990 pour certaines avant tout de grands parkings de surface (sur tout ou partie de leur surface).
Ces clichés indiquent un vrai changement de direction à cette période. La place des Terreaux est un exemple frappant de cette modification spatiale.
Sur les trois clichés présentés dans notre petite application, datant des années 1960 à 1991, on peut ainsi voir que le stationnement sur la partie centrale de la place n’était pas possible dans les années 1960, puis autorisé en 1989 pour être de nouveau interdit en 1991.
Mais si par endroit on ne voit plus la voiture, cela signifie-t-il que sa place a été réellement grignotée ? Pas forcément. Beaucoup de ces lieux accueillent toujours des voitures mais en sous-sol. La disparition des voitures en surface sur les places mentionnées ici correspond en général à la construction d’un parking sous-terrain.
La voiture ne disparaît pas, elle peut toujours circuler mais pour stationner on l’envoie sous terre. En surface, la place pour les piétons ou les modes doux s’en voit alors accrue.
En 2012, l’agence d’urbanisme de Lyon indiquait ainsi que, depuis 2001, l’offre de places de stationnement dans les parcs publics avait augmenté d’un tiers pour compenser justement la suppression de places sur la voirie. Elle estimait à 100 000 le nombre de ces dernières à Lyon dont un tiers étaient payantes.
L’agence d’urbanisme de Lyon estimait à environ 270 000 voitures en circulation chaque jour dans la Métropole de Lyon. Elle reste le mode de transport privilégié des actifs de la Métropole qui sont 63 % à la préférer aux autres moyens de déplacements.
Si la part de la voiture dans les déplacements diminue dans la Métropole et encore davantage à Lyon, elle reste bien présente. Avec notamment ces désagréments comme la pollution atmosphérique.
Making-of de notre appli : voisins flippés et lecteurs vigilants
Pour réaliser ce petit voyage dans le temps thématique dans Lyon, nous avons fouillé le fonds photographique numérisé de la Bibliothèque municipale de Lyon. Si certains lieux de la ville ou de la Métropole où la place de la voiture a été réduite ne sont pas présents ici c’est que nous n’avons pas trouvé de photo d’archives dans ce fonds permettant de les mettre en regard avec leur visage actuel.
Soit parce qu’ils sont absents soit parce que les photos d’archives proposent un point de vue impossible à reproduire aujourd’hui.
Parfois aussi à cause d’un certain manque de coopération. Nous aurions ainsi aimé pouvoir réaliser un cliché de la place Ambroise Courtois, dans le 8e arrondissement, depuis un des immeubles qui la dominent sur le cours Gambetta. Tous les habitants que nous sommes allés solliciter pour avoir accès à leur balcon le temps d’un clic-clac nous ont fermé la porte au nez.
Certains ont même prévenu leurs voisins pour indiquer la présence de dangereux brigands dans l’immeuble. Dommage. Voilà donc malgré tout le visage de la place en 1987. Un temps où la voiture pouvait encore stationner au centre de la place.
Toutefois, certaines photos ont été permises grâce aux aimables autorisations de la mairie de Lyon qui nous a donné accès à son balcon ou à celles de La Poste qui en a fait de même, avec le toit de l’Hôtel des Postes de Bellecour.
Cette entreprise n’a donc rien d’exhaustive. Nous avons pu laisser en chemin des photos intéressantes sur cette thématique dans nos recherches.
Chers lecteurs et riverains, si vous en trouvez ou si vous en possédez n’hésitez pas à nous le signaler ou nous les transmettre. Nous les ajouterons bien volontiers avec leurs points de vue actuels.
Chargement des commentaires…