

Le Lyon-Turin est basé sur « des projections erronées » selon le maire de Grenoble Eric Piolle (EELV) et sa première adjointe Elisa Martin (PG). © VG/Rue89Lyon
Pendant près de deux heures, c’est à faible vitesse que les élus grenoblois ont débattu de l’amendement soumis au vote du conseil municipal, ce lundi soir.
La municipalité verte-rouge-citoyenne d’Eric Piolle proposait de retirer la signature de la ville de protocoles d’accord de 2002 et 2007, l’engageant à participer avec la Métropole et le conseil départemental de l’Isère au financement de certaines infrastructures ferroviaires du projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin.
Sans surprise, la délibération a été adoptée avec le soutien de circonstances des deux élus du front national (FN); le groupes socialistes et celui de la droite ayant quant à eux voté contre.
« Une dérive préoccupante du coût »
Pourtant, à l’époque, les élus écologistes dont certains encore élus aujourd’hui avaient voté en faveur de la participation financière de la ville. Pourquoi détricoter aujourd’hui, ce qu’ils avaient approuvé à l’époque ?
Pierre Meriaux, conseiller municipal délégué à la Montagne et au Tourisme justifie :
« En 2002, le projet Lyon-Turin était encore axé principalement sur un projet de fret ferroviaire. Ce n’est plus le cas. Mais en 2007, l’engagement pris par le maire de l’époque (Le socialiste Michel Destot, NDLR) n’a même pas été soumis au conseil municipal ».
Et l’élu qui a défendu la délibération ajoute :
« Mais surtout, il y a eu une dérive préoccupante du coût. En 2002, l’engagement des trois collectivités [ville, Métropole et département de l’Isère, NDLR] portait sur 53,4 millions d’euros. En 2007, l’enveloppe a été revue à la hausse à 129,72 millions d’euros. En suivant l’évolution du coût total du projet, nous serions aujourd’hui sur une participation de l’ordre d’environ 330 millions d’euros. Le tout sans connaître la clé de répartition et donc la part demandée à la ville ».

Pierre Meriaux (premier plan) et Jacques Wiart (second plan) ont porté la délibération devant le conseil municipal de Grenoble. ©VG/Rue89Lyon
Croche-pied à Michel Destot
Pour l’opposition socialiste, il s’agit surtout « d’un plaidoyer à charge contre l’ancienne municipalité et son maire, Michel Destot ».
Car l’ancien édile grenoblois qui est toujours député de l’Isère, est effectivement le rapporteur du projet de loi sur le Lyon-Turin et le co-auteur avec le député de Savoie Michel Bouvard (LR) d’un rapport sur le financement du nouvel axe ferroviaire transalpin. Ils préconisaient en juillet 2015 de mettre les poids lourds à contribution pour financer une partie du coût total du projet, estimé entre 26 et 30 milliards d’euros.
Un mois plus tard, ce rapport était la victime collatérale du fiasco des portiques Ecomouv’, enterrant définitivement l’instauration du principe de l’écotaxe.
Dans un communiqué envoyé ce mardi en réaction à la délibération, Michel Destot exprime sa « consternation » :
« Cette triste décision dénote une nouvelle fois la volonté de la municipalité d’accélérer l’isolement croissant et la perte d’attractivité de Grenoble. […] En se désolidarisant des autres collectivités rhônalpines signataires et alors que le phénomène de saturation de la section Saint-Exupéry/Saint-André-le-
Gaz est bien connu, la Ville de Grenoble opte pour l’étroitesse et le repli sur soi, prenant parti contre un projet majeur pour l’Europe entière, porteur de progrès environnementaux, sociaux et économiques incontestables. ».
« La Ville de Grenoble oublie les usagers du TER »
Si la décision grenobloise saura sans doute satisfaire une partie de son électorat opposé à ce « grand projet inutile », ce n’est pas le cas des membres de l’association pour le développement des transports en commun de l’agglomération grenobloise (ADTC), pourtant proches de la municipalité écologiste.
Dans un communiqué, ils estiment que la ville va à l’encontre des besoins des usagers :
« Le protocole dont la ville de Grenoble [s’est retiré] concerne la ligne d’accès au tunnel de base Lyon-Turin et non le tunnel lui-même qui est financé par l’Europe et les États français et italiens. Cette ligne entre Lyon et Chambéry permettrait de dé-saturer l’axe Lyon-Grenoble-Chambéry et réduirait les temps de parcours. Comment va-t-on améliorer les liaisons TER si on n’investit pas dans les liaisons TER ? »
Car si la municipalité d’Eric Piolle s’est retirée pour « recentrer les investissements sur des projets de transports utiles », il n’a pourtant pas annoncé une réattribution de la somme préservée sur d’autres aménagements ferroviaires, préférant citer le coût du « plan-école » pour justifier l’économie réalisée.
> Article actualisé le 19 avril à 22h avec le communiqué de Michel Destot, en réaction à l’adoption de la délibération.
Les tonnes de kérosène brûlées par les liaisons aériennes France-Italie ont de belles années devant elles.
Je ne connais pas grand chose, mais il me semble qu'une ville n'a pas à payer, contrairement à l'Etat, le privé, la SNCF ou, peut être le département, la région.
En installant la non solidarité sur les infrastructures qui bénéficieront in fine aux grenoblois (jusqu'à St André le Gaz) on déséquilibre la péréquation du km SNCF au bénéfice de Grenoble, puisque Grenoble ne paie, d'autres paieront pour elle...
Voir mon post plus bas. Si Monsieur Le Maire continue à croire que ce sont toujours les autres qui sont responsables des mauvaises décisions, il se trompe, car parfois la solidarité économique s'inscrit au delà des frontières administratives...frontières qui n'ont aucun sens dans un monde où les connexions se renforcent.
La Belgique vient de la mettre en oeuvre en début de mois. Les élus de la region parisienne ont annoncé vouloir la mettre en oeuvre.
En suisse, c'est cette écotaxe qui a permis de financer leurs tunnels pour diviser par deux leur trafic poids lourds.
Si la Région paie, si l'Etat finance une grande part, si la SNCF rembourse dans la durée, il n'en demeure pas moins vrai que les grenoblois bénéficieront d'une partie de la LGV construire à terme pour la ligne Lyon Turin jusqu'à St André le Gaz avec un possible shunt ferroviaire à Rives pour limiter les passages de TGV à Voiron ce qui n'a aucun sens...
Ne pas financer une faible part du projet est ne pas jouer la solidarité et la péréquation ferroviaire puisque le prix au km pour les grenoblois sera le même que pour les autres habitants en France, alors qu'ils vont bénéficier d'un service complémentaire.
La décision du Maire s'entend par sa position de défense de la nature, rappelons juste que le projet ne se limite pas à un tunnel.
MAIS ! il y a un gros MAIS !
Qui aurait pu croire que la première LGV mise en service en 1982 allait permettre de réduire les transports routiers individuels vers Paris significativement entre Lyon et Paris, rappelons que le dynamisme d'une ville endormie comme Lyon est lié au rapprochement des deux capitales régionale et nationale, rappelons que cet essor comment à naitre à Bordeaux, rappelons qu'il vaut mieux passer à l'électricité qu'au charbon et que le FRET utilisé sur la ligne ligne Lyon Turin va dans le bon sens.
Aussi, faire une photographie sans considérer les progrès technologiques et la densification des villes d'ici 2030 c'est refuser une réalité. Aussi, je ne partage pas la décision d'Eric PIOLLE.
Enfin, je partage l'idée d'une péréquation pour les grosses infrastructures où l'argent public mutualisé à toutes les échelles institutionnelles a toujours été le modèle français, donc créer un coin en ne considérant que les couts et non les bénéfices de solutions est un acte non solidaire d'une politique pourtant décidée par voie parlementaire.
Et je finis comme Emmanuel de Lyon: les tonnes de Kérosène brulées entre France et Italie ont de belles années devant elles.
Aujourd'hui 24 avions de marchandises au décollage de Lyon ou Paris.
Bravo Monsieur Piolle pour votre courage purement électoral et populiste.
il faut que Eric Piolle arrête ses calculs électoraux et encourage la proposition de Michel Destot de mettre en place une écotaxe régionale.
Il faut donner un peu d'ambition à Grenoble qui se replie sur elle-même. Croire que la LGV jusqu'à St André le Gaz n'apportera pas de bénéfices aux grenoblois revient à se mentir à soi-même.
Croire que la LGV vers l'Italie ne supprimera pas les balais d'avions qui tournent au kérosène tous les jours revient à mentir aux gens. Croire que dans 20 ans il n'y aura pas de véhicules électriques, des trains encore moins polluants, c'est refuser le progrès.
Que vous défendiez la décision de la Ville qui est un choix purement electoraliste, c'est un choix égoiste que je peux comprendre lorsque l'on finit par même ne pas réaliser que Piolle s'en fonce.
Mais que vous rameniez une nouvelle fois à des questions du passé en mentionnant Destot pour sa mission parlementaire en oubliant simplement Bouvard avec qu'il a travaillé dans cette même mission est un révélateur du prisme égo-centré des grenoblois militants et de leur Maire, qui dès qu'un problème se présente préfèrent remettre la faute sur les autres et de préférence le passé.
L'aménagement du territoire obéit à du courage pour accorder les différents niveaux d'institutions, et en respectant les principes de péréquation kilométrique de la SNCF pour ce projet.
En refusant de financer, on crée une dé-péréquation de fait, c'est inadmissible pour un élu d'une ville d'une telle taille qui bénéfice évidemment d'un accès TGV. Le mieux serait de dire aux grenoblois de prendre un TER jusqu'à Part-Dieu puis de prendre un TGV à Lyon pour Paris, au moins il y aurait une vraie cohérence dans cette décision de Piolle.
Avant de refaire un tunnel pour plusieurs milliards et ne faisant gagner que 5-10 minutes aux passagers grenoblois en direction de Lyon, on devrait déjà utiliser l'existant avant d'en augmenter le potentiel.
C'est un peu comme qqn qui ne coure pas souvent mais veut se motiver à y aller plus souvent et qui pour se faire s'achète une nouvelle paire de basket malgré le fait qu'il possède déjà de très bonne chaussures... On sait tous qu'il n'ira pas courir plus pour autant.
Ben là c'est pareil.
J'aimerai qu'on m'explique pourquoi il faut 1h25 en train alors qu'il ne faut qu'une heure en bagnole (hors bouchon, bien entendu).
Sachant que même seul cela revient plus cher de prendre le train (23€ !), les incitations à ne pas prendre de transports moins polluants sont faibles.
Pourquoi par exemple ne pas faire de train long/court, à l'image d'un RER ?