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Eau de Lyon : baisse des prix, télérelève et chasse aux fuites

Il est entré en vigueur en février 2015 et les effets du nouveau contrat passé entre Veolia et le Grand Lyon (aujourd’hui Métropole) commencent à se voir : une baisse significative des prix, l’installation de la télérelève et de capteurs pour chasser les fuites. Mieux pour le consommateur ?

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Le module de communication "hommerider" installé depuis février sur les compteurs d'eau des habitants du 7e arrondissement de Lyon. ©LB/Rue89Lyon

Par Laurent Burlet et Florie Castaingts

Histoire d’eau. Ne dites plus « Veolia » mais « Eau du Grand Lyon ». Les habitants de la Métropole de Lyon commencent progressivement à voir cette nouvelle appellation qui n’est autre que le nom de la filiale de Veolia, le géant de la gestion de l’eau, qui a remporté le nouveau marché de l’eau d’un montant de 660 millions d’euros sur huit ans.

Un chantier de la filiale de Veolia "Eau du Grand Lyon" dans le 8e arrondissement de Lyon en avril 2015. ©LB/Rue89Lyon
Un chantier de la filiale de Veolia « Eau du Grand Lyon » dans le 8e arrondissement de Lyon en avril 2015. ©LB/Rue89Lyon

1. Veolia arrête de se gaver

Veolia, ex-Générale des Eaux, gère la partie production et distribution de l’eau de Lyon depuis 30 ans. L’assainissement est assuré en une régie publique. En vertu de ce nouveau contrat de délégation de service public, de nouveaux tarifs s’appliquent depuis le 2 février 2015.

La facture moyenne sera de 368,67 euros. C’est un montant pour 120 m3 consommés qui correspond à la norme Insee pour un ménage de deux adultes et deux enfants.
Comparée aux tarifs de janvier 2015, la facture a pu fondre de près de 40 euros TTC car Veolia a baissé ces prix :

  • La partie production et distribution de l’eau a diminué. Elle est passée de 217 euros à 174 euros TTC, soit une baisse de 19,8%.
  • L’assainissement (exploité en régie publique) n’a pas bougé et reste l’un des moins chers de France.

Ce qui explique une baisse du prix global de 10%.

En janvier 2014, après le vote de la délibération confiant une nouvelle fois la gestion de l’eau de Lyon à Veolia, les responsables de l’Association des consommateurs d’eau du Rhône (ACER) déploraient qu’un critère « éthique » ne puisse pas être pris en compte. Aujourd’hui l’ACER, qui fait partie de la Coordination nationale des associations de consommateurs d’eau (CACE), met en avant les sommes colossales perçues pendant de nombreuses années par l’ex-Compagnie générale des eaux :

  • Une surtaxe pour couvrir le l’amortissement des emprunts perçue par Veolia et non par le Grand Lyon.
  • Des provisions pour des travaux non-réalisés qui auraient permis, dit-on, d’acheter les studios Universal à l’époque où était dirigé par Jean-Marie Messier.

Cette association, par la voix de son représentant Jean-Louis Linossier, soutient qu’une régie publique réduirait encore le prix de l’eau. Il met également en avant le rôle des associations qui, en faisant connaître les pratiques de Véolia et autre Suez Environnement (Lyonnaise des Eaux), limite dans certaines situations des prix prohibitifs.

A Lyon, particulièrement, la campagne menée par plusieurs associations et partis de gauche pour le passage à une régie publique explique peut-être cette baisse des prix opérée par Veolia.

2. Parmi les grandes villes de France, l’une des eaux les moins chères

Avec ce nouveau contrat passé avec Veolia, l’agglomération lyonnaise dispose désormais de l’une des eaux les moins chères de France. Même s’il faut être prudent avec les comparaisons.

Plusieurs difficultés se posent lorsque l’on cherche à comparer les prix de l’eau :

  • Un problème de transparence. Le détail des prix de l’eau est rarement publié par les municipalités ou communautés d’agglomérations compétentes. Et lorsqu’il l’est, c’est au détour du « rapport annuel sur la qualité de l’eau », dit « rapport Barnier » qui fait mention des prix de l’année précédente.
  • De grandes différences dans la qualité des eaux et la géographie. Certaines villes ont la chance, comme à Lyon, d’avoir une eau globalement de bonne qualité. D’autres villes doivent davantage traiter leur eau pour la rendre propre à la consommation.
  • Les politiques d’investissement. Les réseaux de canalisations devraient par exemple être renouvelés et améliorés régulièrement si l’on ne veut pas gaspiller la ressource. C’est un choix politique qui a un coût pour l’usager puisque l’on ne paie pas l’eau en elle-même mais son pompage, sa distribution et son traitement (en amont et en aval du robinet).

Nous avons relevé les prix des 20 plus grandes villes de France disponibles sur leur site Internet ou via leur service presse. Ce sont les données disponibles les plus récentes (2015 ou 2014).

Lecture du graphique :

Certaines villes ne communiquent aucun prix de l’eau. Nous avons mis la mention « NC » (non communiqué). Il faut être abonné au réseau pour avoir accès aux prix. Pour ces communes, nous avons noté le prix global 2014 tel que relevé par le magazine 60 Millions de consommateurs (dans son numéro d’avril dernier) qui s’est procuré des factures.

Si l’on considère le prix global de l’eau, Strasbourg et Grenoble sont mieux placées que Lyon (et Villeurbanne). Ces deux villes ont fait le choix d’une gestion en régie publique.

3. La chasse aux fuites par le « Hublo »

Pour limiter les coûts et améliorer la transparence, une filiale de Veolia nommée « Eau du Grand Lyon » a donc été créée. Pour l’instant, hormis dans la communication, difficile d’en voir les effets.

En outre Veolia s’engage à investir 49 millions d’euros sur la durée du contrat pour améliorer et développer le réseau, notamment en matière de canalisation.

L’ex-Générale des Eaux a commencé progressivement à installer 5 500 capteurs de fuites pour atteindre un rendement du réseau de 85% au lieu de 80% actuellement (chiffre officiel). En clair, Veolia a l’obligation de sérieusement s’occuper des canalisations qui laissent échapper 20% de l’eau envoyée dans les tuyaux à partir de l’« usine de production » de Crépieux.

Le système baptisé « Hublo » permettra une supervision centralisée du réseau pour détecter ces fuites et prioriser les travaux. A terme, les employés de Veolia pourront repérer une fuite en regardant un écran à la suite d’un signal émis par un des 5 500 capteurs.

Claude Presles, directeur de l’eau, explique le changement :

« Jusqu’à présent, les techniciens devaient sillonner les rues avec une poêle à frire pour détecter les fuites. Avec ce système Hublo, des capteurs vont se parler pour déterminer où se trouve cette fuite ».

Augmenter de cinq points le rendement d’un réseau, « c’est économiser l’équivalent de la consommation d’une commune comme Vaulx-en-Velin ou Caluire », poursuit Jean-Paul Colin, le vice-président de la Métropole en charge de l’eau et maire de la petite commune d’Albigny-sur-Saône.

4. La télérelève ou télé-relevé arrive en ville

Depuis le début du nouveau contrat passé entre la collectivité et Veolia, des techniciens d’Eau du Grand Lyon (la filiale de Veolia donc) interviennent chez les particuliers pour installer la télérelève ou le télé-relevé.

Il s’agit de poser un module de communication de 3,5 centimètres de longueur sur votre compteur d’eau.

Le module de communication "Homerider Systems" installé depuis février sur les compteurs d'eau des habitants du 7e arrondissement de Lyon. ©LB/Rue89Lyon
Le module de communication « Homerider Systems » installé depuis février sur les compteurs d’eau des habitants du 7e arrondissement de Lyon. ©LB/Rue89Lyon

Ce module a été développé par Homerider Systems (une autre filiale de Veolia). Il fonctionne avec un aimant, une pile et un émetteur radio qui va transmettre en continu les données de votre compteur d’eau.

L’installation est gratuite. Mais si vous refusez, le passage d’un employé pour relever le compteur sera facturé.

« La Métropole de Lyon n’a pas versé un seul centime dans la télérelève, précise Jean-Paul Colin. C’est compris dans le prix de l’eau ».

Selon la Métropole de Lyon, ces ondes radio sont sans risque. C’est exposé dans un document interne de la Métropole de Lyon que nous avons pu consulter et qui reprend le guide pratique du télé-relevé de Veolia :

« La puissance d’émission est inférieure à 25 milliwatts : environ 50 fois moins qu’un téléphone portable ou 4 fois moins que le wifi. L’émission est de 4 secondes par jour. Il faut considérer cet usage comme proche d’une télécommande d’ouverture de portail ».

Une fois par jour, pendant quelques secondes, les modules radio envoient les volumes d’eau consommés à des relais (« répéteurs » puis « concentrateurs ») avant de transiter par le réseau de la 3G pour arriver sur le serveur Internet de Veolia.

Ce sont les habitants du 7e arrondissement qui sont les premiers équipés du télé-relevé. Les employés (intérimaires) de Veolia ont jusqu’à 2019 pour équiper toute l’agglomération.

A terme, on pourra connaître quotidiennement sa consommation, sans attendre sa facture, en se connectant avec son identifiant de client sur le site « Eau du Grand Lyon ».

Cela permettra également pour ceux qui habitent dans une maison, de se rendre compte plus rapidement d’une fuite d’eau au niveau d’une canalisation qui passe dans le jardin. Cela pourra passer par une alerte en cas de pic de consommation, envoyée par mail. Pour ceux qui habitent un appartement, on peut toujours compter sur le voisin du dessous qui, généralement, sonne rapidement à la porte en cas de dégât des eaux.


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