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Olivier Brachet, vice-président au logement, claque la porte de la Métropole de Lyon

Première crise politique pour Gérard Collomb à la Métropole de Lyon ? Le communiqué est tombé, raide comme un coup de trique : Olivier Brachet, vice-président en charge du logement, de l’habitat et de la politique de la ville, a annoncé ce lundi sa démission.

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Olivier Brachet ©DR

Olivier Brachet ©DR
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Dans des termes laissant transparaître son amertume, il explique :

« En raison d’un décrochage grandissant entre l’analyse, les discours, les moyens et la gravité de la situation observée dans certains quartiers, le retour d’un discours discutable sur la question sociale ; au regard enfin de l’absence de débats sur la réorientation de nos politiques, j’ai décidé de démissionner de mes mandats métropolitains. »

C’est à la fois sur le fond et sur la forme que les deux hommes ne se sont pas entendus. L’enveloppe dédiée à l’investissement foncier « baisse tragiquement », a expliqué Olivier Brachet à Rue89Lyon. Passant d’un peu plus de 20 millions d’euros à environ 12 millions d’euros. L’ex vice-président regrette que la création d’un établissement public foncier ait été jetée aux oubliettes et qu’ « aucune solution alternative ne soit trouvée ».

Pour lui, Gérard Collomb rejette toute forme de dialogue :

« Il refuse de revoir l’accompagnement de la politique de la ville alors que les événements récents devraient inviter à la revisiter et la renforcer. »

Olivier Brachet n’a donc plus l’oreille du président de la Métropole, lui qui a pourtant été son directeur de campagne en 2014, étiqueté « société civile » et caution sociale, pour mener les élections municipales à Lyon. Il affirme que Gérard Collomb procède à l’élaboration des politiques métropolitaines « sans consulter les élus, sans consulter personne ».

Il claque donc la porte avec bruit et dénonce les choix de Gérard Collomb relatifs à la programmation pluriannuelle des investissements (PPI), laquelle donnera la couleur d’une politique locale et se trouve donc au coeur de la querelle. Si le président de la Métropole n’en a encore pas révélé les contours (et ne devrait pas le faire avant le printemps), Olivier Brachet prédit :

« Les pronostics sur la PPI et le mandat à venir sont catastrophiques ».

 

« Olivier Brachet a sans doute voulu reprendre son indépendance »

Le président PS de la Métropole de Lyon n’a pas tardé à transmettre à la presse sa propre vision de cette démission, qui donne une image de dialogue politique au sein de son propre exécutif assez désastreuse. Les termes employés griffent celui qui a passé plus de 20 années à la tête de Forum Réfugiés :

« Il est vrai que du fait de la diminution des dotations de l’Etat aux collectivités, les budgets seront plus resserrés. Les budgets, tous les budgets ! Dans une telle situation, où il faut évidemment faire face, M. Olivier Brachet dont j’ai pu apprécier les qualités au cours de ces dernières années, ne se sent pas en capacité d’affronter une telle situation. »

Un manque d’envergure pour affronter l’adversité chez Olivier Brachet, peut-on donc lire entre les lignes. Tandis qu’il a bâti tout le projet « habitat » de la campagne municipale. Dans l’entourage de Gérard Collomb, on nous dit même :

« Il y a des élus qui ne comprennent pas qu’en ces temps difficiles, tout le monde doit faire des efforts, ils sont sur un modèle ancien qui ne fonctionne plus. Il ne s’agit pas de lâcher quand ça va mal, il faut plutôt rester solidaire. Olivier Brachet a sans doute voulu reprendre son indépendance, il en a le droit. »

 

 « Je suis pour la Métropole, mais pas pour la même gouvernance qu’avant »

Si Olivier Brachet est ici qualifié d’élu d’une autre époque, lui répond que c’est Gérard Collomb qui n’arrive pas à embrayer sur une politique innovante sur ce nouveau territoire qui gère désormais un lot important de compétences, économiques, urbaines et sociales.

De quoi faire rêver, sur le papier, un élu en charge du logement, de l’habitat et de la politique de la ville, et qui pouvait légitimement imaginer mettre en place une politique économique et sociale transversale, pour ces trois champs très sensibles. C’est pourquoi Olivier Brachet avait d’ailleurs été l’un des plus fervents défenseurs du projet métropolitain, avant que cette collectivité ne voit le jour ce 1er janvier 2015. Aujourd’hui, il en défend encore l’idée :

« Je suis tout à fait pour la Métropole, mais pas pour que ce soit la même gouvernance qu’avant. On va être sur une gestion d’une communauté de communes, comme avant. Je pensais qu’on serait sur un modèle plus collaboratif, pas sur le mode ancien. »

A chacun sa vision de la modernité, donc. En tout cas, le torchon a brûlé.

Deux des champs de la délégation d’Olivier Brachet, le logement et l’habitat, vont rejoindre le portefeuille de Michel Le Faou, vice-président en charge de l’Urbanisme et du Cadre de vie. Le champ de la Politique de la ville va, lui, être confié à un « conseiller délégué » que Gérard Collomb désignera prochainement. La transversalité entre ces trois disciplines politiques ne passera donc plus par un seul et même homme. Olivier Brachet était également conseiller d’arrondissement dans le 4è mais n’y reste pas davantage.


#Gérard Collomb

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