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20/03/2024 date de fin
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A Lyon, 300 000 personnes ont marché

Après discussions avec partis, associations et syndicats, c’est bien le Club de la presse de Lyon qui s’est placé en tête du défilé organisé ce dimanche à Lyon, sans banderole ni drapeau, pour un parcours long de plusieurs kilomètres entre Grange Blanche et Bellecour : 300 000 personnes ont défilé, soit près du quart des habitants de la Métropole de Lyon. Un chiffre inédit. Le circuit de cette « marche républicaine » a même dû être rallongé.

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Dans le cortège à Lyon de la marche républicaine dimanche 11 janvier 2015 / © BE Rue89Lyon

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Dans le cortège à Lyon de la marche républicaine dimanche 11 janvier 2015 / © BE Rue89Lyon
Dans le cortège à Lyon de la marche républicaine dimanche 11 janvier 2015. © BE/Rue89Lyon.

Fin de journée, ce dimanche à Lyon. La queue de cortège a fini par rejoindre la place Bellecour. Des bougies sont déposées au pied de la statue centrale de la place.


Vidéo de l’arrivée du cortège à Bellecour.

Voici les premiers témoignages de marcheurs, que Rue89Lyon a récoltés pendant le défilé.

On a croisé Marcel Dreyfus, président du consistoire israélite de Lyon, photographié ci-dessous avec une habitante du 7e arrondissement qui a, elle, souhaité rester anonyme.

Sur la place Bellecour, dimanche 11 janvier. Crédit : LB/Rue89Lyon.
Sur la place Bellecour, dimanche 11 janvier. Crédit : LB/Rue89Lyon.

Elle est émue aux larmes :

« Des musulmans et des juifs sont morts. Mais nous sommes tous frères ! On a besoin de parler ! »

Elle évoque aussi sa peur suite à la vague d’actes islamophobes :

« J’ai préféré enlever mon foulard car je redoutais une agression. Avec tout ce monde, j’espère que les consciences vont s’ouvrir ».

Mohammed Barchi a marché à Lyon, pour "défendre la liberté d'expression sans adhérer aux dessins de Charlie Hebdo". Crédit : LB/Rue89Lyon.
Mohammed Barchi a marché à Lyon, pour « défendre la liberté d’expression sans adhérer aux dessins de Charlie Hebdo ». Crédit : LB/Rue89Lyon.

Mohammed Barchi, 33 ans, est venu de Bron, pour « défendre la liberté d’expression », sans toutefois « adhérer aux dessins de Charlie Hebdo » :

« Avec ce qui s’est passé, on a peur de faire un grand pas en arrière. Heureusement qu’il y a cette magnifique mobilisation. Ça permet d’espérer. Nous devons lutter contre les peurs et le communautarisme qui pourrait en résulter. Ce n’est pas une poignée d’abrutis qui va nous dicter comment vivre ensemble. Nous devons nous battre pour les valeurs de la République : la liberté d’expression et la fraternité notamment. »

Guy, 57 ans, de Lyon, est venu seul. Pour lui, la foule dans la rue dit aux politiques « qu’ils doivent se remettre au boulot parce que ce qu’il s’est passé ne doit plus se reproduire » :

« Quand on voit tout ce monde on comprend que tout est à refaire. Il faut de la sécurité et encore de la sécurité. Mais il faut aussi s’attaquer aux problèmes que soulèvent ces attentats dans les écoles qui manquent de personnel, en redonnant du travail, en améliorant notre justice qui ne fonctionne pas ».

Pierre, 36 ans comptable à Lyon, voit lui aussi dans cette marche un signal envoyé aux hommes et femmes politiques :

« Je trouve ça beau et ça me rassure de voir autant de monde. Mais ça m’effraie aussi. Honnêtement, si là-haut ils ne se bougent pas après tout ça, j’ai peur pour la suite. »

Béatrice, 46 ans est venue de Bron et ne veut retenir de ce ce rassemblement populaire qu’un « symbole positif » :

« Je trouve ça beau, les gens se réveillent. On a jamais vu ça en France et en plus le monde entier nous regarde. Ne vous faites pas de souci, on va gagner, on va s’en sortir ! »

Robert, un retraité de 63 ans, arrive aussi de Bron, avec une pancarte faite maison.

Robert, retraité de 63 ans, a marché à Lyon ce dimanche 11 janvier. LB/Rue89Lyon.
Robert, retraité de 63 ans, a marché à Lyon ce dimanche 11 janvier. LB/Rue89Lyon.

Pour lui :

« Le message « Je suis Charlie » de partout, c’est gentil. Mais il ne faut pas oublier que Charlie Hebdo est un petit journal qui allait être en cessation de paiement. Il faut défendre la diversité des titres. Aujourd’hui la plupart des titres de presse appartiennent à de grands groupes ou de riches hommes d’affaires. La presse contestataire et indépendante doit vivre ».

Élisabeth, 66 ans, est rassurée :

« J’avais peur qu’il y ait des banderoles, des drapeaux de partis politiques ou autres. C’est bien qu’on soit tous réunis pour dire la même chose. »

Elle trouve au cours de cette marche « du réconfort » et « de la confiance » après avoir été sidérée par l’attaque notamment contre Charlie Hebdo. Elle marche pour eux mais aussi pour elle-même :

« Les gars de Charlie n’aurait sans doute pas aimé tous ces hommages et cette marche mais on avait besoin d’être là pour dire qu’ils vont nous manquer ».

Sofiane, 23 ans, regrette de ne pas voir, selon lui, davantage de jeunes dans le cortège pourtant bien présents.

« Peut-être que ma génération pense que les libertés sont acquises où tout a été gagné. Mais ce qu’il vient de se passer montre le contraire et que la liberté de la presse et d’expression ont été gagnées par des luttes qu’il faut poursuivre. »

Michèle, 54 ans, craint « qu’il y ait d’autres actes de violence car le risque zéro n’existe pas et surtout il ne faudrait pas qu’on tombe là-dedans, dans le piège de la sécurité à mort ».

Elle craint surtout « les récupérations de tous bords et surtout de l’extrême-droite » :

« J’ai peur que ces événements entraînent les mauvaises réponses aux questions qu’ils soulèvent ».

 

19h, #fierdetrelyonnais. Sur Twitter, beaucoup utilisent le terme « fierté » et expriment une grande émotion à avoir vu la ville inondée par la foule et à avoir participé au mouvement initié et jamais vu à Lyon.

 

 

17h25. Ce dimanche, il y a eu la solidarité en marche et il y a aussi le foot. Au stade de Gerland, où se tient le match OL-Toulouse, des applaudissements ont retenti et des banderoles « Pour la liberté d’expression » ont été tendues dans les deux virages.

Il est environ 17h15 quand la queue de cortège arrive à Saxe-Gambetta et à la Guillotière. La tête de cortège est arrivée près de deux heures auparavant / BE Rue89Lyon
Il est environ 17h15 quand la queue de cortège arrive à Saxe-Gambetta, à la Guillotière. La tête de cortège est arrivée près de deux heures auparavant. © Rue89Lyon

16h45. Pas loin de 100 000 personnes à Grenoble.  A Saint-Etienne, ce dimanche matin, c’est plus de 60 000 personnes qui ont organisé une « marche républicaine ». Et à Paris, on annonce jusqu’à 1,5 millions de marcheurs -on ne parvient plus à faire les comptes. « Du jamais vu », « complètement inédit » pour l’ensemble des villes de France. Ce qui provoque la sur-excitation des commentateurs, sur les TV, radios et sites d’infos.

16h20. La police annonce quatre kilomètres de cortège en continu et 300 000 personnes dans Lyon.

16h. Plusieurs journalistes qui exercent depuis plusieurs paires d’années dans la ville témoignent d’un grand étonnement face à une foule pareille. Gérard Collomb, le maire PS de la ville, est tout aussi abasourdi :

« C’est énorme, je n’ai jamais connu ça. »

La place Bellecour est bondée, la police ne laisse plus personne y accéder.  

Gérard et Caroline Collomb place Bellecour, le 11 janvier 2015. Crédit : Rue89Lyon.
Gérard et Caroline Collomb place Bellecour, le 11 janvier 2015. Crédit : LB/Rue89Lyon.

15h30. Les Lyonnais font état de leur marche sur les réseaux sociaux.

 

 

  15h30. La tête de la « marche républicaine » arrive place Bellecour. Les organisateurs sont obligés de demander aux premiers arrivés de partir « par les quais de Saône » tellement il y a de monde. Ensuite, c’est l’hélicoptère de la police qui relaie cette injonction à évacuer la place.   15h20. Le chiffre de 150 000 personnes se confirme. « On n’a pas vu ça depuis la Libération de Paris », estime un journaliste sur place. Le démarrage du cortège a à peine bougé de Grange Blanche. Finalement, c’est sur le pont Lafayette que le défilé a été conduit.   15h. L’Olympique Lyonnais fera porter des t-shirts et brassards « Je suis Charlie » à ses joueurs ce dimanche soir, pour le match contre Toulouse, qui a été reporté à 17h.

  14h50. Des représentants de la Ville de Lyon parle de 150 00 personnes réunies dans la ville pour la marche. Il s’agit encore « d’un chiffre de travail ». La police improvise le parcours, après avoir voulu faire passer le cortège sur le pont de la Guillotière, puis sur le pont Wilson, il devrait emprunter le pont Morand.

Pour soutenir Charlie, certains ont voulu faire de l'humour dans Lyon. Crédit : Rue89Lyon.
Pour soutenir Charlie, certains ont voulu faire de l’humour dans Lyon. Des « humoristes » sortis du cortège par la police. Crédit : Rue89Lyon.

14h30. La foule est immense, c’est pourquoi le parcours a été modifié. Les gens qui souhaitent rejoindre le cortège et qui n’y parviennent pas restent statiques en marge et applaudissent à son passage. Un flux continu de personnes s’étend du métro Grange Blanche jusqu’à Saxe Gambetta, dans le calme.

Derrière deux rangs bien fournis du journalistes, on trouve tout ce que la ville compte d’élus et d’officiels. Mais ils ne sont pas en tête, Gérard Collomb, maire PS de la ville, se trouve plusieurs mètres derrière le premier rang.

La représentante régionale du Crif (conseil représentatif des institutions juives de France), Nicole Bornstein, a essayé de se positionner en tête de cortège. Elle a finalement été invitée à se mettre juste derrière.

Frédéric Poignard, secrétaire général du Club de la presse et ancien journaliste du Figaro à Lyon explique :

« Le but est de marcher pour la liberté d’expression. On ne voulait pas qu’il y ait de représentants officiels en tête de cortège. Que des anonymes. Pas de concurrence entre les victimes. Le club de la presse représente une convergence neutre pour un message ouvert ».

Le Crif a appelé à poursuivre le défilé qui prend officiellement fin place Bellecour jusqu’à la Grande synagogue, quai Tilsitt (6e).

14h. La banderole en tête de cortège est mise en place.

La banderole de tête de la marche républicaine. ©Rue89Lyon
La banderole de tête de la marche républicaine. ©Rue89Lyon

Les TCL sont gratuits ce dimanche, tout comme les TER de la SNCF, « pour faciliter les déplacements des rhonalpins aux différentes manifestations de soutien à Charlie Hebdo ». Et le métro est bondé :

 

Petit rappel et making of. Mercredi soir, quelques heures après l’annonce d’une fusillade meurtrière dans les locaux de Charlie Hebdo, une foule s’est spontanément rassemblée place des Terreaux. Plus de 10 000 personnes s’y sont réunies, respectant des moments de silence et de recueillement.

Un autre grand rassemblement dans Lyon, parallèlement à celui de Paris, a très vite également été programmé pour ce dimanche.

Edition pirate. Une autre initiative plus confidentielle, a été menée par plusieurs acteurs culturels lyonnais, qui ont réalisé en 48 heures un « journal pirate » intitulé « Charlie Héros ». Il réunit des textes et des dessins inspirés de l’hebdo satirique, faits par des illustrateurs lyonnais et cette édition pirate est, selon les termes usés dans ses pages, « dédié aux 12 héros et à toutes les victimes collatérales de l’attentat du 7 janvier 2015 qui a frappé le siège de Charlie Hebdo et notre Nation toute entière ».

Dessin issu du journal pirate lyonnais "Charlie Héros".
Dessin de Gregoire Berquin alias Gru, issu du journal pirate lyonnais « Charlie Héros » réalisé en 48 heures.

Le magazine a déjà été tiré gracieusement par trois imprimeurs à 8000 exemplaires, qui devraient être distribués ce dimanche dans la ville ; 3000 autres exemplaires devraient également être imprimés ces prochains jours.

Il est également visible ci-dessous :

Charlie Héros

A Lyon, le représentant du FN et élu municipal Christophe Boudot a déclaré dans un communiqué de presse qu’il comptait se rendre dans le cortège, contrairement à la patronne de son parti, Marine Le Pen qui a fait mine d’être exclue du cortège parisien (mais s’est rendue à celui de Beaucaire, ville gérée par le FN).

Le départ du cortège, avec la consigne de garder le silence, était programmé à 14 heures de la place Ambroise Courtois (métro Monplaisir-Lumière), pour aller jusqu’à la place Bellecour.

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