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« Putes précaires cherchent poste au cabinet du maire »

Le 17 décembre, c’est la journée mondiale de lutte contre les violences envers les travailleuses du sexe. Pour cette édition 2014, les prostituées de Lyon et les associations qui les soutiennent organisaient un rassemblement place Jean Macé (7e arrondissement). Elles dénonçaient les arrêtés anti-prostitution que la Ville de Lyon a pris pour chasser les camionnettes de Gerland.

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Rassemblement des prostituées de Gerland et de leurs soutiens, place Jean Macé (Lyon 7e). ©LB/Rue89Lyon

Rassemblement des prostituées de Gerland et de leurs soutiens, place Jean Macé (Lyon 7e). ©LB/Rue89Lyon
Rassemblement des prostituées de Gerland et de leurs soutiens, place Jean Macé (Lyon 7e). ©LB/Rue89Lyon

« Putes précaires cherchent poste au cabinet du maire ». Par cette banderole accrochée à leur fragile abri, l’association Cabiria, le Syndicat du travail du sexe (Strass) et quelques prostituées de Gerland comptaient attirer l’attention des passants et de la municipalité sur la situation des filles de Gerland. Elles qui subissent depuis 2008 des arrêtés municipaux anti-stationnement et, désormais, anti-circulation.

Mise à part l’inoxydable Karen, qui faisait figure de porte-parole des prostituées de Gerland, elles n’étaient pas nombreuses à avoir bravé la pluie. A 17h, on comptait une trentaine de personnes qui se pressaient sous la tente ou sous des parapluies, un verre de vin chaud ou de café à la main.

 

Une nouvelle mobilisation contre les arrêtés municipaux

Les prostituées de Gerland ont l’habitude de manifester, contre le projet de loi de pénalisation des clients et, surtout, contre la municipalité qui cherche à les chasser de Gerland. Elles ont déjà défilé en mai 2013 et septembre 2011.
Cette fois-ci, c’est un nouvel arrêté qui est pointé comme l’un des problèmes majeurs qu’elles rencontrent.

Le 18 septembre, la mairie de Lyon a en effet signé un nouvel arrêté qui interdit la circulation des « véhicules équipés pour le séjour ou une activité ». Les camionnettes de prostituées sont ainsi totalement interdites dans le parc d’activité « Ampère Techsud », de 19h30 à 5h en semaine et 24h/24 le week-end.

Depuis 2001, c’est le huitième arrêté municipal anti-prostitution pris par la mairie de Lyon.
Ce dernier arrêté vient s’ajouter à un arrêté de septembre 2011, qui interdit le stationnement. En jaune sur la carte, la zone concernée.

« La police tourne pour faire fuir les clients »

L’interdiction est limitée dans le temps, elle a été prise pour une durée de trois mois. Il doit normalement prendre fin ce 18 décembre. L’adjoint au maire délégué à la sécurité, Jean-Yves Sécheresse (PS), a déclaré qu’il en ferait le bilan avant de prendre (ou pas) de nouvelles mesures.

Mais les associations comme Cabiria et le Strass ne croient pas en un relâchement de la pression municipale et prédisent un nouvel arrêté du même tonneau.

La Ville de Lyon peut en effet se sentir confortée dans sa politique par la toute récente décision du tribunal administratif. Ce mercredi 17 décembre, le tribunal, saisi en référé par le Strass, n’a pas annulé l’arrêté municipal de septembre dernier.

Cabiria et le Strass tiennent à souligner les conséquences de cette décision de la Ville de Lyon qui va jusqu’à interdire la simple circulation des camionnettes dans les rues. Aurélien Palomares, animateur de prévention à Cabiria, met en avant deux phénomènes :

  • « Les prostituées sont obligées de se regrouper dans d’autres rues du quartier de Gerland, là où il y avait déjà du monde. Cette trop forte concentration crée des tensions entre les personnes et brise les liens de solidarité qui peuvent exister entre elles ».
  • « La police tourne davantage dans les rues pour faire fuir les clients et pour mettre des PV. Les mises en fourrière se faisant un peu plus rares. Résultat, les prostituées sont obligées de travailler plus tard dans la soirée, aux heures où les mecs bourrés viennent les harceler ».

Pour compenser la baisse de leurs revenus, les prostituées augmentent leur amplitude horaire. L’association Cabiria note une augmentation des agressions, « conséquence notamment de ce travail tardif ».

De nouvelles prostituées ont également quitté Gerland. Elles installent leur camionnette au bord des routes nationales, autour de Lyon, comme Karen, il y a plusieurs mois. Là encore, c’est les risques d’agression qu’elle pointe :

« A la campagne, tu es seule. Il n’y a pas d’autres filles autour de toi. Tu ne peux pas alerter quelqu’un s’il t’arrive quelque chose ».


#Gerland

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