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Les projets de Thierry Frémaux pour la Fourmi… et le cinéma à Lyon

« Cash machine »

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Le cinéma La Fourmi en travaux. Crédit : PF/Rue89Lyon.

Réunissant une poignée de journalistes pour l’apéro dans un restaurant du centre-ville, Thierry Frémaux a confirmé ce que Rue89Lyon révélait cet été, la rouverture d’un cinéma emblématique de Lyon, la Fourmi. C’est avec l’Institut Lumière dont il est à la tête que le Monsieur Cinéma de France (également délégué artistique du festival de Cannes) a décidé de sauver cette petite structure fermée depuis octobre 2012.

Le cinéma La Fourmi en travaux. Crédit : PF/Rue89Lyon.
Le cinéma La Fourmi en travaux. Crédit : PF/Rue89Lyon.

Date prévue pour l’inauguration du ciné qui conserve son nom : janvier ou février 2015. En attendant, les travaux doivent démarrer dans ces prochains jours.

Nous nous interrogions sur la ligne éditoriale qui serait proposée. La réponse reste assez large, le projet artistique pouvant être réadapté en cours d’exercice. Mais l’idée serait de conserver le projet d’origine de La Fourmi, soit diffuser des films que l’on ne trouve plus à l’affiche à Lyon. Mais pas seulement :

« Ce sera de l’Art et Essai pointu, de la reprise et de la continuation, » résume le nouveau directeur.

En attendant, de longs mois de travaux s’amorcent, pour la modique somme de 800 000 euros. Avec une subvention de 160 000 euros du CNC au titre de la réhabilitation des cinémas, laquelle entraîne quasi automatiquement une aide de la Région, à hauteur de 110 000 euros.

Trois salles à reconstituer qui -Thierry Frémaux prie pour cela mais n’en a pas encore la garantie au vu des normes- devraient contenir deux fois 40 places et une fois 70 places.

« Le fonds de commerce nous a quasiment été offert. C’est François Keuroghlian (directeur pendant 38 ans et unique salarié de ce cinéma, ndlr), qui est venu nous trouver. Il voulais que ce soit nous qui reprenions La Fourmi. »

L’Institut Lumière, association de loi 1901, est en effet l’actionnaire principal du cinéma, pour l’activité duquel une société commerciale a été montée (Cinémas Lumière, au capital de 41 000 euros).

« Nous ouvrons le capital et proposons des parts à 50 000 euros », ajoute Thierry Frémaux.

A vot’bon coeur, m’sieurs-dames.

 

Thierry Frémaux.
Thierry Frémaux.

Le directeur de l’Institut Lumière a à l’évidence usé de sa notoriété et de son CV pour convaincre les banques (« il faut bien que cela serve au cinéma »). Se présentant aussi comme un homme raisonnable, ne réclamant pas de subventions outre mesure, sachant se contenter de ce qu’on veut bien lui octroyer, et adoptant ainsi un discours qui ne peut que séduire les pouvoirs publics. En matière de cinéma, on sait que la municipalité de Lyon ne soutiendra que des projets économiquement autonomes.

Les projets de Thierry Frémaux, eux, « fonctionnent à mort » : la billetterie du festival Lumière, dont la sixième édition démarrera le 13 octobre prochain, explose à peine ouverte. Le mois de septembre de l’Institut Lumière serait l’un des meilleurs de l’histoire de l’institution. Et cela, avec un fonctionnement qui ne s’appuie plus qu’à 50% sur des subventions.

Thierry Frémaux n’a pas de complexe à faire tourner la machine, envisageant les grands (et les plus modestes ou moins clinquants aussi d’ailleurs, comme un très attendu festival du film muet) événements ponctuels comme nécessaires, pour attacher des partenaires privés nécessaires au financement de projets au long cours, de restauration de films, de conservation et d’animation du patrimoine.

Une grande expo sur le cinématographe Lumière (qui compte 120 ans cette année) sera présentée à Paris, au Grand Palais, avant d’arriver à Lyon puis de tourner à travers le monde. La restauration définitive des films Lumière est également prévue, pour un montant de 500 000 euros.

« Il n’est pas exclu que le Festival Lumière devienne aussi une machine à cash pour d’autres projets. (…) L’Institut Lumière va pouvoir radicaliser sa programmation. »

 

Du côté des autres cinémas de la ville et de la concurrence, selon Thierry Frémaux, tout se passe parfaitement bien : Marc Bony, directeur de l’excellent cinéma Comoedia dans le 7e, également sur le créneau de l’Art et Essai, mais aussi la direction de Pathé, auraient tous très bien accueilli la nouvelle de la réouverture de la Fourmi. UGC ne dirait pas autre chose. Thierry Frémaux semble donc avoir manoeuvré avec finesse, pour atteindre le très louable objectif de faire vivre le cinéma à Lyon, de proposer davantage de films et plus longtemps.

 


#Cinéma

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