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Perrin-Gilbert, une maire sans pouvoir mais pas sans idées

La maire du 1er arrondissement veut faire exploser la loi « Paris-Lyon-Marseille » qui nous fait élire les conseillers municipaux par arrondissement mais qui ne donne aucun pouvoir (ou presque) aux mairies d’arrondissement.

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La maire du 1er entourée d'Eliotte Aubin à sa droite et Arthur Rémy et Fatima Berrached lors de la présentation du Plan de mandat

Nathalie Perrin-Gilbert l’a dit et répété au cours de la campagne municipale : elle voudrait davantage de pouvoir pour les arrondissements dans le cadre de la future Métropole de Lyon, alors que la loi PLM ne donne actuellement qu’un pouvoir consultatif et administratif à ces mairies.

Désormais élue sur son nom et avec une majorité Front de gauche associé à son propre « groupe de réflexion et d’action métropolitain » (le Gram), la maire du 1er arrondissement, anciennement PS, se retrouve un peu coincée. Car Gérard Collomb ne l’entend pas de cette oreille, et ne compte pas profiter du grand chambardement de la Métropole de Lyon pour décentraliser quelque peu le pouvoir.

Alors, en cette rentrée, les élus « gauche citoyenne et solidaire » ont tenté un petit coup politique.

 

La maire du 1er entourée d'Eliotte Aubin à sa droite et Arthur Rémy et Fatima Berrached lors de la présentation du Plan de mandat
La maire du 1er entourée d’Eliott Aubin à sa droite et d’Arthur Rémy et Fatima Berrached à sa gauche, lors de la présentation du Plan de mandat. ©Laurent Burlet/Rue89Lyon

Comme s’ils y étaient

A la manière de conseillers municipaux lambda, ils ont présenté ce mardi leur « plan de mandat 2014-2020 ». Et ont montré qu’ils ne voulaient pas se limiter à une fonction « tribucienne », comme leur récent soutien à Gaza.

Le 1er arrondissement propose donc des aménagements de lieux publics ou de places, des installations d’activité économique ou de commerces.

La mesure phare, pour Perrin-Gilbert, serait la transformation de l’Ecole Nationale des Beaux Arts (ENBA) de Lyon, située au coeur des Pentes de la Croix-Rousse. On y trouverait si « NPG » était exaucée :

  • Un espace de co-working autour des cultures et des arts numériques
  • Un lieu d’artisanat
  • Une salle de spectacle de 200 places

Nathalie Perrin-Gilbert voit le projet comme une Belle de Mai (la friche culturelle marseillaise) à la lyonnaise. En partant de l’expérience artistique du Lavoir public, qu’elle a par ailleurs soutenu.

Les élus ont également évoqué les deux autres projets qui leur tiennent particulièrement à coeur, la réhabilitation de la Halle Martinière et du Collège Truffaut qui deviendrait maintenant une sorte de « Maison de services publics des Pentes ».

Ancienne Ecole Nationale des Beaux Arts Lyon (ENBA), rue Neyret. © Capture d'écran Google View
L’ancienne Ecole Nationale des Beaux Arts Lyon (ENBA), rue Neyret. © Capture d’écran Google View

Collomb ? « Un homme intelligent »

Cette démarche des élus du 1er s’inscrit dans un « esprit de dialogue » avec la mairie centrale. C’est eux qui le disent. Finies les attaques contre le maire de Lyon : Gérard Collomb est décrit comme un « homme intelligent et ouvert sur la ville » par Nathalie Perrin-Gilbert, jusque-là sa principale opposante de gauche. Un homme avec qui elle imagine signer un « pacte de confiance ».

Et pour montrer que les élus Front de gauche/Gram du 1er arrondissement n’ont rien de gauchistes irresponsables des Pentes, ils promettent même que tous leurs projets sont raisonnables. Même si pour l’instant, ils n’ont pas été chiffrés. Normal, explique Nathalie Perrin-Gilbert, une mairie d’arrondissement ne dispose pas de service pour faire ce travail :

« Monsieur Collomb a demandé qu’on lui remette une feuille de route avant mi-juillet. On l’a remise. Les services vont faire le chiffrage. C’est sur cette base sérieuse et construite qu’on pourra faire un travail avec la mairie centrale et le Grand Lyon ».

En plus, précise la maire, la nouvelle école des Beaux Arts ne va « rien coûter » ou presque :

« L’idée est de le louer sous la forme d’un bail précaire aux artistes et artisans ».

 

« Le maire de Lyon doit aussi être celui du 1er arrondissement »

Conférence de presse, documentation dans les boîtes : NPG a tout imaginer pour que son « plan de mandat » devienne une réalité pour les habitants des Pentes de la Croix-Rousse et du nord de la Presqu’Ile.

Une manière de mettre la pression, gentiment, sur Gérard Collomb tandis qu’il doit donner à la fin du mois de novembre son plan de mandat et, au printemps prochain, en tant que président de la Métropole, qu’il décidera du plan pluriannuel d’investissement (PPI).

Et si les projets des élus du 1er arrondissement sont rejetés ? Déjà, la menace d’un bras de fer pointe. Elliott Aubin, 5e adjoint (Parti de gauche) cadre le débat :

« Gérard Collomb doit respecter la démocratie ».

La maire du 1er veut prendre le maire de Lyon au mot :

« Lors de son investiture, Gérard Collomb a dit qu’il voulait être « le maire de tous les Lyonnais ». Très bien. Il doit être également celui du 1er arrondissement ».

Dans les deux cas, il faut comprendre : la liste « Lyon citoyenne et solidaire » a battu au second tour le PS allié à EELV, ses élus doivent donc être entendus.

C’est peut-être la logique démocratique. Mais ce n’est pas celle de la loi PLM.


#Croix-Rousse

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