
Ce mercredi 3 septembre, la Cour de cassation a confirmé l’arrêt de la cour d’appel de Paris qui condamnait Mourad Benchellali, avec quatre autres Français de Guantanamo, pour « association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste à un an de prison ».
C’est le dernier épisode d’une longue bataille judiciaire. En 2009, la cour d’appel de Paris les avait une première fois relaxé en reconnaissant que la procédure reposait sur des interrogatoires menés à Guantanamo par des agents des services secrets français. alors que le centre de détention militaire est en dehors de tout cadre légal.
Mourad Benchellali ne veut pas entendre qu’il est considéré par la Justice française comme un terroriste, alors qu’il n’a fait « que » séjourner dans un camp d’Al Qaeda dont il dit qu’il ignorait tout à l’époque. Il aurait été manipulé par son frère, condamné pour terrorisme :
« Je suis parti sur les conseils de mon frère. Je suis ni un terroriste ni un djihadiste mais un jeune qui s’est fait embrigader ».
Il imaginait partir à l’aventure et nie toute intention criminelle. Il considère surtout qu’il a suffisamment payé ses erreurs en étant incarcéré, sans procès, à Guantanamo pendant trente mois.
Son combat judiciaire continue donc. Un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme va être engagé.
Un de ses avocats William Bourdon, qui est aussi celui de l’autre Vénissian de Guantanamo, Nizar Sassi, a également déposé une plainte pour torture. Un juge d’instruction a été nommé en janvier 2012 mais jusque-là les Etats-Unis ont refusé de coopérer avec la Justice française.
« Je ne fais pas de politique ; j’interviens en tant que musulman »
Mourad Benchellali n’est pas un bavard. Les mots sont pesés et sortent difficilement, comme s’il revivait le « cauchemar » à chaque fois qu’il raconte son récit.
Pour témoigner, il a publié un livre « Voyage vers l’enfer ». Après une tournée de promo, il s’est tu. « Trop dur ».
Aujourd’hui, il reprend la parole pour tenter de dissuader les candidats au djihad en Syrie. S’il n’a pas « la » solution pour déradicaliser ces jeunes, il préfère raconter son histoire plutôt que de se poser en « donneur de leçon ».
« Je ne fais pas de politique. J’interviens en tant que musulman. Le silence peut être une complicité. Il y a une carence de la part de la communauté musulmane. Il faut donner des réponses aux questions de ces gamins ».
En tant que musulman, il sait que « tout est question d’interprétation » :
« Je me suis retrouvé une arme à la main. Je sais comment on légitime la lutte armée. L’appel au djihad est une manipulation ».
Quand nous le rencontrons à la terrasse d’un café de Vénissieux, on apprend tout juste l’arrestation de deux adolescentes (dont une de Vénissieux) qui auraient projeté un départ en Syrie.
Il revit son histoire :
« Je m’identifie à ces histoires. Je comprends aussi la détresse de ces familles qui apprennent que leur enfant veut partir ou est déjà parti ».
[INFOGRAPHIE] Les jihadistes étrangers en #Syrie #AFP pic.twitter.com/OaKFTyrydD
— Agence France-Presse (@afpfr) 4 Septembre 2014
« Le traumatisme de Guantanamo reste »
Il habite toujours sur le plateau des Minguettes, à Vénissieux, à deux pas des tours de l’avenue Lénine où il a grandi. Mais sans sa famille.
Son père, imam, et sa mère ont été expulsés en Algérie en septembre 2006 à la suite de leur condamnation, avec le grand frère, au procès des «filières tchétchènes». Le même frère qui a organisé tout son voyage en Afghanistan. Aujourd’hui, les deux frères ne se parlent plus.
Mourad a pensé vivre en Algérie près de sa mère, aujourd’hui divorcée. Mais il préfère rester France auprès de son fils de sept ans. Il gagne sa vie comme carreleur, le métier qu’il a appris à sa sortie de prison. Il veut arrêter son entreprise d’artisan pour travailler auprès des jeunes, dans l’insertion et vient de terminer une formation.
« Il faut savoir mettre son amertume de côté. J’ai été catalogué « terroriste issu d’une famille de terroristes ». Je veux démentir cette accusation. La meilleure réponse à tous nos geôliers de Guantanamo est de faire quelque chose de positif. Pour qu’ils ne disent pas « on ne l’a pas détenu pour rien ».
Le regard dans le vague, il égrène alors, comme dans son livre, les mauvais traitements.
Emprisonné sans jugement, ni poursuites, il estime avoir été un « cobaye pour toutes les équipes d’interrogateurs des Etats-Unis (CIA, militaires,…) » :
« Ils ont expérimenté leurs nouvelles méthodes sur nous. On a été battu, menotté à une barre, attaché dans des positions douloureuses pendant des heures. S’ils considéraient qu’on ne coopérait pas, on nous mettait à l’isolement total, on nous privait de sommeil. »
Mais il n’organisera pas de débat ou de conférence de presse pour raconter son histoire. Il voudrait surtout être invité dans les écoles, en France. Il l’a déjà été dans les écoles suisses et belges lors de la sortie de son livre. Il a même été invité au 13h de la RTBF (la chaîne de télé publique belge).
Mais en France, il reste « un mec de Guantanamo, donc un terroriste ».
cette homme est à éloigner des enfants et surtout des ados ! Trop dangereux de le laisser endoctriner les gens les plus faibles !
On ne part pas à Guantanamo pour rien et la justice françaises elle ne condamne pas sans preuve !
Quant aux enfants, vous croyez peut etre qu'ils vont le laisser seul dans une pièce avec eux? De toute facon, que vous le croyez ou pas, son message c'est "le terrorisme c'est pas bien", et c'est ce qu'entedront les enfants.
Même lorsqu'il y a un procès la justice n'est pas in faillible, surtout aux États Unis : "L'organisation Innocence Project a estimé à 317 le nombre de condamnés innocentés (souvent après de longues années de détention) par des expertises ADN aux Etats Unis, dont 18 dans le couloir de la mort. Quelque 70 % d'entre eux étaient des personnes de couleur." (le Monde)
On a besoin que certaines personnes puissent contrer cette manipulation et aider les jeunes. Rien de mieux et de plus credible qu'un temoignage.
S'il y a une phrase à retenir de ces beaux témoignages, c'est bien celle-ci, à mon avis. Les autorités religieuses musulmanes sont étrangement silencieuses et laisser faire uniquement l'état par les arrestations de prétendants au départ, risque tout simplement de braquer encore plus les jeunes qui ne trouvent pas d'avenir ici et à les décider à partir
Apres tout, celà n'arrive qu'aux autres. Pourquoi devraient ils se mobiliser? Vous avez peut etre cru que "la communauté musulmane" était un bloc soudé qui a une vie secrete et communique intenséement de manière à se coordoner efficacement pour le jour du grand remplacement?
Non. Ce sont des individualistes egocentriques comme vous et moi qui se préoccupent juste du quotidien, du prix de l'essence et des patates, et va voter par sms devant incroyables talents en ralant devant les infos de tf1.
Les "quartiers ou vivent des musulmans", ce sont les communautés DES QUARTIERS, qui ne représentent qu'eux même (faut les voir les ptits jeunes quand ils vont aller tabasser ceux des autres "quartiers" pour la seul raison d'etre originaire d'une cité differente) et qui reconaissent à la rigueur une solidarité ethnique, voir continentale (des ancetres).
Alors unis par la foi, vous me faites bien rire. c'est à peine s'ils sont unis par la proximité géographique d'un même bloc de batiments (quand ils sont pas en train de se bouffer le nez entre eux pour des histoires de traffic ou de voisinnage).
mais c'est quoi toutes ces paraboles aux balcons ?
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère, et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison" (Matthieu, x, 34-36)
Le mec part AVANT le 11 septembre, époque ou peu de français pouvaient placer l'Afghanistan sur une carte. Et il avait 19 ans le môme, influencé par un frère peu scrupuleux.
Replacer l'histoire dans son contexte svp...
PS: la guerre URSS - Afghanistan, il était trop jeune et je ne pense pas qu'il est allé assez loin a l'école pour l'apprendre. De plus a l'époque, c'etait les "gentils" via le commandant Massoud.
Il est sérieux ou bien il se fout de la gueule du monde???
30 mois de taule... Mouai... Pas assez pour ce genre de type. On devrait en plus les stériliser pour être certain qu'ils ne se reproduisent pas et qu'ils endoctrinent pas d'autres gamins paumés
"C'est la faute à son frère". Vive l'excuse bidon !
Non mais allo tu pars en Afghanistan dans un camps d'entraînement terroriste ou tu t'entraîne à tirer mais tu crois en fête que c'est le club Med façon low cost
Pour nous prendre pour des jambons je te décerne le trophé du vainqueur
Pas du tout.
Les intellectuels de tous bords se demandent ce qu'attend la communauté musulmane pour sortir de son silence concernant ces départs répétés vers la Syrie et ce que ces fous appellent le Jihad. On attend toujours malgré l'individualisme et la faible cohésion de cette communauté (qui finalement n'en n'est pas une). Il y a un homme qui tente de prévenir, parce que lui a vécu l'enfer, et vous tous allez lui jeter la pierre ?
Vous n'avez besoin de personne pour passer pour des cons.
Je pilote un livre à caractère pluridisciplinaire sur le terrorisme. Plus d'une vingtaine de coauteurs de toutes disciplines participent à cet ouvrage Je serais très honoré d'une contribution de votre part et de Mourad BENCHALLALI si ce thème peut vous intéresser. Dans cette hypothèse je vous adresserai le nom des auteurs et les intitulés des articles
je vous prie de croire à l'assurance de mes sentiments distingués
jacques Delga
Avocat honoraire
Professeur honoraire à l ESSEC jacques.delga@orange.fr