

Un avocat devant le palais de Justice de Lyon © Pierre Maier / Rue89Lyon
Rue89Lyon
Allez, soyons concret pour que tu comprennes bien de quoi je parle. Ici, évidemment, chacun cherche à passer en CAP (commission d’aménagement de peine), autrement dit à essayer de sortir le plus vite possible. Rien n’est plus légitime, n’en déplaise aux stakhanovistes de la prison sans échappatoire qui refusent tout, même l’espoir le plus basique.
La plupart des taulards imaginent donc qu’en audience, si la demande est validée, ils vont convaincre le juge d’ application des peines (JAP) du bien fondé de leur requête. Mais cette CAP là est tout sauf celui de bonne espérance. Leurs mots ne sont considérés que comme des vocables de racaille et n’ont, aux yeux du système aucune valeur. Peu l’admettent malgré le quotidien et persistent à se présenter sans avocat.
L’avocat, cet auxiliaire de justice
J’explique souvent, lorsqu’on me demande mon avis, que le baveux est hélas nécessaire, car lui fait parti du sérail. Hé oui, lecteur, notre parole n’est jamais crédible aux oreilles de cette institution. Tout ce que l’on peut dire est invariablement entendu comme une tentative de nous en tirer le mieux possible pour fuir nos responsabilités. Pour eux, nous ne savons que mentir pour dissimuler notre âme incurable.
Alors oui, un avocat est indispensable. C’est un auxiliaire de justice ! Tout est dit : « auxiliaire de justice ». Le juge l’écoute, même distraitement, au moins pour respecter son statut et son appartenance à la boutique. Ses mots à lui peuvent parfois passer les ouïes tamisées des corbeaux décorés d’hermine.
C’est pourquoi , même le dernier des avocats (et je peux te dire qu’ils sont nombreux) vaut mieux que la solitude à la barre. Mais les gars continuent à se fracasser sur le murs des déceptions au nom de leur espoir d’être entendu, envers et contre tout. Comme Jacques Brel attendait Madeleine, ils attendent l’esgourde attentive du juge. Et comme les quilles d’un bowling, ils volent aux quatre coins de la salle d’audience face à ces statues sombres des spécialistes du strike. Ils n’arrivent pas à entendre ni à voir que la piste est pipée.
2000 euros avant que le dossier ne soit ouvert
Ce n’est que lorsque les taulards se sont ramassés plusieurs fois qu’il décident d ‘avoir recours aux vrais menteurs. Mais là, se dévoile la spirale vicieuse du système. A plus de 99% les taulards sont des pauvres et comment peuvent-ils verser 2000 euros avant même que le baveux ait ouvert le dossier, sans parler des 500 euros à chaque visite au parloir.
Oh oui, lecteur, tu ne le sais peut-être pas, mais je connais peu de types aussi rapaces que les avocats.
« De quoi vous plaignez vous, disent certains, il y a les avocats commis d’office avec l’aide juridictionnelle ».
Ah la chance, en effet. Un enrobé qui pour 80 euros va ouvrir le dossier 5 minutes avant de plaider et balancer les stéréotypes les plus éculés. Il en est même qui arrivent à écorcher le nom de famille de son « client ».
En vérité, il n’y a pas de bons avocats, tous juste des moins pires. Par contre on a les vrais filous. Avoir un bon avocat est une idée aussi délirante que de rencontrer un gentil maton. Les avocats, c ‘est pour les riches et influents personnages, pas pour nous, car dans cette danse funèbre, ils sont les courtisans des princes en noir, ils vont de courbettes en arrangements, de compromis en flatteries, dans un langage bienséant où l’on se donne du « président » et du « maître » long comme le bras.
Un livre pour celle qui pleure devant Sophie Davant
Ce monde n’accepte qu’avec condescendance méprisante le taulard, grâce à qui, néanmoins ils gagnent leur vie alors que ceux-là la perdent. C’est la chasse à « cour » où les avocats ne sont que la meute, complices des juges et des procureurs dans un théâtre où les rôles sont écrits d ‘avance et sont récités sous les effets de manche. Ils étalent leur orgueil.
Le taulard ne peut que se taire, encore une fois, car si il revendique telle loi, où telle précision, les maîtres du droit ne sont pas contestables. D’ailleurs on leur recommande en amont de faire profil bas, de ne rien contester et de dire merci. Le client ne doit troubler en rien celui qui croit être un bon « blablateur » en espérant, à l’aune de Dupont-Moretti, écrire son livre pour la ménagère midinette, celle qui pleure devant les émissions de Sophie Davant en regrettant malgré tout la mort de Delarue.
Si jamais le taulard excédé de cette parodie où on le ballade, essaye un autre baveux, c’est la croix et la bannière pour que l’ex fasse passer le dossier au nouveau. Les ego font la sarabande.
D’ailleurs pourquoi les taulards veulent-ils être défendus ? Ils sont logés, nourris et blanchis aux frais du contribuable, c’est quand même mieux que d’être SDF.
De la carrière de politique à celle… d’avocat
Je sais, je sais, ça va protester de tous côtés :
« Moi, j’ai eu un bon avocat. Faut pas parler avec un tel manque de respect. Ces gens ont fait des études quand même… »
Et ceci, et cela.
Bon chacun a le droit de penser ce qu’il veut, mais je ne vais quand même pas travestir la réalité parce que untel a croisé une perle rare. Cela reviendrait à dire que parce qu’on a rencontré un élu honnête dans un village de montagnes les politiques sont des gens honnêtes.
D’ailleurs ces derniers deviennent avocats en fin de carrière si ils ne l’étaient pas avant, il y a même une loi pour leur faciliter la tâche. Alors arrêtons avec les alibis, surtout que ceux des taulards ne sont jamais considérés comme réels.
Démarchage et publicité
As tu entendu la dernière, lecteur ? Les avocats ont désormais droit à la publicité et au démarchage. Hé oui, les stratégies des camelots rentrent dans les prétoires. Moi je trouve qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer, sinon cela serait accorder du sérieux à leur forfaiture.
Imagine les slogans !
- Gerard Menvussa, avocat exceptionnel, disponible 24/24, 7 jours sur 7, même en garde à vue. On affichera ça dans les commissariats et dans les halls des pas perdus des tribunaux.
- Édith Moitou, écoute et conseils discrets et efficaces. Vous soutient dans les preuves.
Sur les panneaux d’affichage des greffes des prisons on lira :
- Maggy Yotine, une avocate qui garde la tête sur les épaules et vous aide à tenir le cou.
Dans les locaux du batonnier on trouvera :
- Amédée Pant, grande expérience. Références sur demande. Votre vérité sera la mienne.
- Justine Ptitpène spécialiste du verdict léger. Effets de manche ajustés.
- Alex pertise, le meilleur rapport qualité prix. Si vous trouvez moins cher, on vous rembourse la différence.
- Omer Kantile, la véritable défense des valeurs. Paiement mensuels possibles
- Laurent Barre, avocat performant, plaidoiries haut de gamme, vibrato en option, vous le valez bien ! « vu à la télé ».
La concurrence va faire rage, ma surenchère va gonfler
- Avec Sébastienne Touteseule, les procureurs se délitent, les juges acquittent car la foi l’habite.
- Alain Terrieur, défenseur en droit pénitentiaire. Présent dans les murs, même au mitard.
- Anne Horexik, essayez la au prétoire, ça ne mange pas de pain.
… Que la pub soit rigolote
Allez les baveux, plus haut, plus fort.
- Yvon Vouard, promotion : 50 à 70% sur les perpettes et 30% sur les braquages.
- Vous avez fait un casse ? Avec Jean Profite ça passe. Clientèle sélectionnée.
Mais ce qui n’est pas gagné, lecteur, c’est qu’ils fassent ce qu’ils annoncent : la publicité est toujours mensongère. Contrairement à l’électroménager où on vend des machines qui doivent durer 5 ans et claquent au bout de 2, dans une affaire où on risque 2 ans on en prendra 5. Faudra vraiment prendre la loupe pour lire les petites liges en bas du contrat…
Qui sait, après tout ? La pratique commerciale va peut-être calmer leur arrogance et mettre à jour leur course au pognon. Ceci dit, ce n’est pas demain qu’ils cesseront d’être des auxiliaires de justice.
Je sais pas toi, lecteur, mais moi j’espère que la pub va redevenir rigolote.

À Rue89Lyon, on assume un journalisme engagé. Notre rôle, en tant que journaliste, c’est d’alerter, de demander des comptes, parfois d’égratigner celles et ceux qui nous gouvernent, souvent de donner la parole aux personnes à qui elle est confisquée.
Pour que ce journalisme continue de vivre à Lyon, dans sa banlieue, mais aussi dans la proche ruralité : parlez de nous autour de vous, offrez un abonnement à vos proches, ou faites un don à Rue89Lyon.
Cet individu, à la moralité douteuse, ose jeter l'opprobre sur toute une profession ?
On croit rêver !
Il faut dire que le taulard inconnu se distingue généralement par sa piètre capacité à nuancer, et à réfléchir de manière un peu honnête.
Ce qui amène immédiatement un constat critique (un de plus !) sur la prison : quand on est entre 4 murs 22h/24 on ne fait rien, on ne sert à rien, et on a donc du fiel et de l'aigreur à revendre.
Quid de l'avocat payé à l'aide juridictionnelle, qui va aller défendre un pisse-froid pareil pour une somme dérisoire (environ 100€ la CAP, 50€ après cotisations et taxes) ?
Ce profil d'avocat dévoué, généreux et bienveillant, entre-t-il dans les catégories étriquées du taulard inconnu?
Bien du courage au confrère qui le défend en tout cas...
Oui car "Monsieur le taulard inconnu" aura toujours un "baveux" pour accepter de l'assister, de l'aider.
Nous avons l'habitude des ingrats, qui d’ailleurs ont toujours un dénominateur commun : leur incapacité totale à se remettre eux-mêmes en question.
Monsieur le taulard inconnu, spécialiste du "toujours la faute des autres"!
Un avocat inconnu, qui continuera à défendre même les cons.
Bon il faut dire qui existe bien quelques avocats honnêtes. Qui peuvent se vexer quand ils entendent le mot "baveux" qui bien que fort utilisé dans votre univers particulièrement étriqué est effectivement largement employé.
Ils se vexent d'autant plus que j'ai un jour réussi à convaincre un avocat à prendre mon dossier compliqué pour trois fois rien en lui faisant savoir que la partie adverse qualifiait les avocats de "baveux". Donc c'est effectivement quelque chose qui leur fait perdre assez vite tout sens de la mesure et qui peut bien utilisé les motiver ;)
Beaucoup à dire sur l'AJ, j'ai hélas connu des avocats (en présentant des dossiers de démunis) qui refusent de travailler à l''AJ, d'autres qui prétendent que l'affaire ne l'autorise pas, d'autres qui veulent bien mais réclament des acomptes tout en sachant qu'il s'agit d'un AJT. D'autres hélas qui me paraissent soit incompétents soit malhonnêtes et qui acceptent de travailler à l'AJ en imposant des procédures inutiles, longues, perdantes mais bien indemnisées via les UV. Et pour tout dire, au final j'ai toujours été obligé de choisir pour eux (donc de payer pour eux) l'avocat compétent qui prenait AJT + acompte + renoncement à l'AJT au moment de la victoire (ce qui signifie que le client à l'AJT gagne, paye des acomptes non remboursables mais en plus perd le montant que le tribunal lui accorde puisque son avocat voit que l'enveloppe globale est plus grosse et veut garder tout pour lui en renonçant au bénéfice de l'AJ).
Je crois au contraire qu'Eolas est de mon avis puisqu'il "Tweete" hier en référence à cet article: "Tout le monde a le droit d'être défendu. Même un con pareil."
Pour le reste et ce que vous soulevez, je ne suis pas particulièrement vexé par le terme "baveux", que j'emploie d'ailleurs ironiquement en m'adressant à des confrères appréciés.
Mais cela m'agace - j'avoue... - quand ça provient de gens qui ne respectent rien, et surtout pas leur avocat qui se démène pour eux et qu'ils méprisent (jamais en face-à-face bien sûr...).
Le Taulard inconnu est un donneur de leçons de la première espèce et méritait donc une petite réponse.
Sur l'AJ vous semblez bien connaître le problème, alors je vous dirai simplement que demander des honoraires en plus de l'AJ totale est illégal et donc les avocats qui font cela doivent être dénoncés. C’est en plus une faute disciplinaire. Cette dénonciation se fait par courrier au procureur et non par post de blog.
Mais je réclame le droit de ne pas être assimilé à ces avocats-là par des blogueurs épris de généralisation (c'est tellement plus simple...).
A ce propos d'ailleurs, il est un peu ridicule de dire qu'il existe "quelques avocats honnêtes".
J'ignore quelle est votre profession, si vous en avez une, mais je suis certain qu'on y trouvera autant d'incompétents, de profiteurs, de tire-au-flancs, de malhonnêtes, que chez les avocats... Balayons devant notre porte.
Il y a des brebis galeuses partout...
Bonne journée
La profession d'avocat est très largement soumise, nous n'avons pas de numerus clausus comme les médecins, les honoraires sont libres, etc.
Quelqu'un qui veut être défendu trouvera TOUJOURS un avocat "gratuit".
Les tarifs évoqués par le Taulard inconnu sont ceux de pénalistes de premier plan, à Lyon ou à Paris.
Ils se permettent ses tarifs car la demande existe...
Personnellement je ne connais aucun avocat qui pratique de tels honoraires.
Mais apparemment le taulard inconnu en avait sollicité un...
Après son on veut Dupont Moretti pour sa défense, il faut assumer et mettre le prix, c'est partout pareil.
Bref, c'est la simple loi du marché.
Bref, nous nous "plions" déjà très largement aux lois du commerce, et si nous le faisions encore davantage je ne suis pas certain du tout que cela serait dans l'intérêt de nos clients.
Par exemple parce que nous n'avons aucune obligation légale de défendre quelqu'un à l'aide juridictionnelle.
Si nous le faisons c'est précisément parce que nous considérons notre profession comme autre chose qu'une simple relation mercantile.
CQFD
Qu'il est facile d'unir dans l'adversité monsieur le blogeur. Diviser, creuser l'écart entre les "pauvres" détenus et les "veinards, cupides et hautains" hommes et femmes du monde de la justice. 99 % des détenus ne sont pas pauvres, comme vous le dites, pour financer telle défense qui n'a parfois de luxe que son prix, il faut en avoir sous le coude ! Moi-même qui travaille 12h00 par jour, je ne pourrai me le payer. Et pourtant ces confrères ont un paquet de clients détenus.
C'est bien vous qui "balancez les stéréotypes les plus éculés", et qui espérez un jour "écrire un livre pour la ménagère midinette" (autre stéréoype).
Avant de regarder la paille dans l’œil du voisin, regarde la poutre dans le tien!
Il dispose aujourd'hui d'un comité de soutien actif. Ce comité de soutien lui rappelle qu'il peut demander une réduction exceptionnelle de la période de sûreté, ayant dépassé le temps d'épreuve. D'autant que le président qui l'a condamné le dénommé Richiardi répond à un journaliste Stéphane Durand-Soufflant dans un livre sur l'affaire Viguier que la condamnation des jurés envers M. Massé était si sévère qu'il n'en a pas dormi de la nuit pendant plusieurs jours... (il n'y avait pas mort d'homme).
Donc, puisqu'il n'a plus d'avocat, le comité - qui ne compte aucun avocat dans ses rangs - rédige pour lui une requête en suppression de la sûreté. Les SPIP, alliés naturels de l'institution - qui ne lui ont jamais parlé de cette possibilité (s'ils servaient à quelque chose, cela se saurait...) lui conseillent de prendre un avocat car - disent-ils - les juges n'aiment pas qu'on n'ait pas d'avocat - comme s'il s'agissait de plaire aux juges.
Donc il prend un avocat sous aide juridictionnelle - plaidoirie minimale : ah lala ca fait longtemps que ça dure..., ce conseil ne rappelle même pas, alors qu'il a en face de lui des assesseurs citoyens, que M. Massé a déposé deux requêtes en révision avec des arguments plus que solides et tellement solides que la cour de cassation n'a pas pu répondre, que le juge qui l'a condamné n'en a pas dormi de la nuit tellement c'était sévère - il n'a rien écrit. Refus du Tribunal d'application des peines. L'avocat dit à son client : ah ben c'est inutile de faire appel hein ? Ce n'est pas inutile c'est dangereux car en appel le tribunal peut interdire pendant le délai qu'il souhaite que le demandeur se représente. Le comité pose la question à M. Massé : au moins est-ce que cet avocat vous a conseillé de redéposer une demande et vous l'a-t-il proposé ? Ah ben non parce qu''il lui a même dit qu'il ne connaissait pas cette procédure particulière.
Donc c'est le comité qui rerédige une nouvelle demande. Et l'avocat se pointe à nouveau pour plaider. Mais il n'est pas capable de remettre en cause l'expertise pour le moins délirante du psy ,(M. Massé est psychorigide car il ne reconaît pas sa culpabilité...). M. Massé a quand même obtenu dix mois de réduction de sûreté (les juges se sont dits, si on refuse, il va se repointer une nouvelle fois). Il n'aurait pas eu de comité de soutien : personne pour lui conseiller de faire cette demande, personne pour lui dire de persévérer et rédiger les requêtes.
Donc oui les avocats dévoués... et compétents... C'est comme le dahu, on les cherche.
les chronique de taulard inconnu sont toutes dépourvues de sens ,c une une victime!!!Qui en plus d être défendu par un avocat ose se plaindre !!!
La il s en prend au baveux comme il le dit lui même mais ne s arrête pas la ,il suffit de lire ses écrits sur rue89 !!! pathétique ...
Cette personne est courageuse car elle s'en prend aux professionnels du droit (on perçoit du -mal- vécu aussi) !
Les années passant, c’en est que plus interessant.