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Blog du taulard #15 : la prison sera toujours un anachronisme barbare

« La prison ce n’est plus le bagne ! La société a évolué depuis le début du XXème siècle, quand même ! ». Je suis sûr que tu as déjà entendu de pareilles bêtises, lecteur. Pourtant, qu’on le veuille ou non, la prison reste et sera toujours un anachronisme barbare, enfanté par l’inquisition et autres pouvoirs absolus, comme l’était la peine de mort.

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iles du salut royale batiment des gardiens5

Tu vas me dire encore une fois, lecteur, que j’exagère de manière outrancière sur une simple situation de contrainte et d’une punition bien méritée. Ah !!! Que ta naïveté est coupable! Te voilà toi aussi dans l’air du temps où l’indifférence muselle l’indignation ?

Es-tu donc aveugle sur la volonté des gens d’ignorer les choses qui se passent pour ne pas aller au-delà des stéréotypes médiatiques ? Toi aussi tu te crois informé en étant dans le rythme des chaînes infos non-stop pour ne pas t’attarder sur la signification des faits ?

Pas de problème, tu te dis que les causes sont linéaires, que les « spécialistes experts » accrédités ont donné la véritable analyse et qu’on n’a pas à tergiverser ou à faire du mauvais esprit en allant chercher midi à 14h. Les véritables ressorts qui font chuter ce qu’on appelle délinquance sont simples : bâton et carotte.

Hé oui, l’individualisme l’emporte sur une vision plus globale et complexe, c’est comme ça ma bonne dame, faut bien tirer son épingle du jeu, on est dans une société concurrentielle où l’efficacité balaye toute finesse. Mais n’oublie pas que dans cette optique on ne peut prendre la mesure de l’effet papillon, au-delà de Bénabar. Misère et délinquance, disait Ciotti, le chantre de la droite dure et répressive, n’ont aucun rapport. Bah oui, c ‘est une question de vice personnel, c’est bien connu.

Si l’apparence a changé, l’idéologie du bagne est bien présente

Et notre bon citoyen, au-dessus de tous soupçons, colporte les faits divers avec un sentiment frissonnant de l’avoir échappé belle. Il se dépêche d’aller défiler pour que tout cela cesse. Et après sa marche blanche, blanche comme la copie d’un devoir raté, et fonce sur sa télé pour se gaver de reportages spéciaux et autres « faîtes entrer l’accusé ».

Il y a des normes, il faut les respecter, clame-t-il, prêt à sacrifier sa liberté pour sa sécurité faussement menacée. Et le voilà qui confond respect et obéissance en réclamant de l’uniformité rassurante où l’autre est toujours suspect. Dans sa quête d’identité inconsciente, il défend son appartenance formatée, normée, avec les « valeurs » qui s’y rattachent en les qualifiants d’intangibles, pour moins exister encore. C’est parfait pour être dans la répétition sans chercher à être créatif et innovant.

Je sais que je suis un martien lorsque je répète inlassablement que les prisons, il faut les brûler, qu’elles délabrent l’humain, qu’elles fabriquent la récidive et qu’elles considèrent l’homme comme une bête à dresser. Oui, si l’apparence a changé, le fond de l’idéologie du bagne est bien présent, la barbarie n’a pas disparu.

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Bagne de Cayenne. Le bâtiment des gardiens ©Guy Marchal

Pauvre Marianne, le bonnet phrygien, ils te l’ont mis profond hein ? Mais bon je dis ce que je dois et ne vient pas pleurer, lecteur, quand demain ça sera toi qui tournera comme un fou dans 9 m2 pour une bagarre de rien, une menace anodine proférée contre ton voisin ou un petit coup de trop.

Et voilà, cette semaine, je te frustre peut-être en ne te racontant pas tel ou tel événement sordide, telle exaction violente derrière les murs, telle souffrance qui fleurit dans les tranchées entre matons et taulards. Allez va, ne te fais pas de souci, la diligence zélée des matons est toujours aussi « bourreaucratique », le mépris est inlassablement présent, la violence est incessante, les ratonnades continuent hors caméra de surveillance, les suicides s’enchaînent pour échapper à la mort à petit feu, les mitards ne désemplissent pas et les colonnes des journaux sont bien pleines des méfaits de la racaille. L’amant casqué en scooter c’est bon 5 minutes, mais il faut que ça tourne pour tenir le téléspectateur en haleine et qu’il reste accro à son JT du 20h avec les vrais cagoulards qui braquent du commerçant.

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#Prison

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En prison. Crédit : Sébastien Erome/Signatures.

Photo : Sébastien Erome / Signatures.

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