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A Meyzieu, des mineurs détenus ne peuvent pas sortir en promenade

Régime sec

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La prison, par Vergin Keaton pour Rue89Lyon.

La plupart des jeunes détenus de l’Etablissement pénitentiaire pour mineurs de Meyzieu (EPM) ne bénéficient pas de l’heure de promenade quotidienne à laquelle le code de procédure pénale leur donne pourtant droit. Parce qu’ils ont déjà dans la journée « une activité ». Des cours, par exemple. La situation crée un climat explosif dans l’établissement. L’Observatoire international des prisons (OIP) tire la sonnette d’alarme.

La prison, par Vergin Keaton pour Rue89Lyon.
La prison, par Vergin Keaton pour Rue89Lyon.

Premier du genre à ouvrir ses portes en France, en 2007,  l’EPM de Meyzieu a essuyé les plâtres. Son ouverture s’est faite avec de nombreuses difficultés organisationnelles, un manque de moyens, une série d’incidents dénoncés par les personnels pénitentiaires. En 2008, le suicide de Julien, 16 ans, dans sa cellule, achève de griller médiatiquement ce projet de « prison éducative » ou encore d’« école derrière les barreaux ».

Rue89Lyon révélait en outre qu’au printemps 2011, une grande majorité de détenus se plaint du manque de nourriture. Ils souffriraient de la faim la moitié de la journée. À l’époque, les repas arrivent par grands bacs. Le personnel doit diviser la nourriture en part individuelle. Pas simple de portionner, ce qui crée des incidents avec les jeunes. Quelques semaines plus tard, la direction rectifie le tir. Les repas, calibrés, sont désormais livrés dans des barquettes individuelles. Mais une magistrate nous confie :

« Ce n’est pas toujours adapté aux appétits… Ce sont des mineurs, certes, mais pas du tout des enfants de maternelle ».

 

Manque d’air

Aujourd’hui, c’est un nouvel aspect de la gestion de la vie quotidienne des mineurs qui est pointé du doigt. L’OIP révèle que l’heure quotidienne de promenade des détenus leur est refusée. La raison figure dans le règlement intérieur de l’établissement : les promenades sont autorisées aux seules « personnes détenues qui n’ont pas d’activité dans la journée ».

Or, tous les mineurs ont des activités programmées du lundi au vendredi, de façon choisie ou non : les cours donnés par des personnels de l’Education nationale en font partie ; les activités sportives au gymnase aussi, tout comme les temps d’échange avec les éducateurs. En grande majorité entre quatre murs. Le terrain de sport, placé à l’extérieur, n’est quasiment jamais utilisé, selon l’OIP.

Le règlement de l’EPM est, en l’état, en totale contradiction avec le code de procédure pénale :

« Toute personne détenue doit pouvoir effectuer chaque jour une promenade d’au moins une heure à l’air libre ».

La situation, qui ne permet pas aux mineurs de sortir des temps collectifs et de se réserver une « activité autonome », crée un climat de tension et génère des incidents.

 

« Double punition »

En fonction des activités imposées ou choisies, certains jeunes ne sont à l’air libre qu’à l’occasion des « mouvements », à savoir les déplacements des détenus d’un endroit à un autre. Et ces « mouvements » ne durent en général que deux à trois minutes.

Un représentant du suyndicat SNPES-­‐PJJ estime que le fait de conditionner le bénéfice de la promenade s’apparente à une forme de « double punition » :

« Les activités de l’EPM sont en effet souvent inscrites dans le cadre d’une obligation de scolarité ou dans la construction du projet de sortie. Or, les jeunes ont aussi besoin de temps à eux, [de ne pas être] soumis à une obligation, à une commande, à une présence, voire même à une surveillance, que ce soit de la part des éducateurs ou des surveillants ».

Contactée par Rue89Lyon, la direction interrégionale des services pénitentiaires Rhône-Alpes a déclaré ne pas vouloir commenter. Les EPM qui sont désormais au nombre de sept en France ne manquent pourtant pas d’être sous les feux des projecteurs, comme la Valentine à Marseille, qui rencontre de graves problèmes de surpopulation.

Un quartier des mineurs a également attiré les caméras ce mercredi 23 avril, celui de la maison d’arrêt Villeneuve-les-Maguelone près de Montpellier : Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, vient de saisir en urgence les autorités pour dénoncer des passages à tabac commis par des détenus sur les nouveaux arrivants, comme un « rite de passage ».

 


#Meyzieu

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