

Une des nombreuses délégations de La Manif Pour Tous à Lyon. Ici, l’Isère. Enfin, le Dauphiné en langage Manif pour Tous. ©Rue89Lyon
Pour continuer leur combat, les organisateurs de la Manif pour tous se sont mués en « défenseurs de la famille » face aux « attaques du gouvernement ». Au coeur des préoccupations des manifestants comme des organisateurs, la dénonciation de ce qu’ils nomment « la théorie du genre » même si, en réalité, il n’existe que des études sur le genre et non « une théorie ».
Le rendez-vous de ce dimanche tombait a point nommé pour La Manif pour tous car il arrive une semaine après le début de la polémique sur le retrait d’enfants de leurs écoles pour cause de « théorie du genre » supposément enseignée à l’école. Les rangs de la manif ont été gonflés mais les politiques se sont montrés moins présents qu’il y a quelques mois.
Le candidat UMP à la mairie de Lyon, Michel Havard, n’aurait fait qu’un rapide passage de 14h à 15h, si l’on en croit son attaché de presse qui a tenu à nous apporter cette précision au lendemain de la manif. Les fidèles étaient toutefois là pour battre le pavé : les députés UMP Hervé Mariton (Drôme) et Philippe Cochet (Rhône) ainsi que le maire UDI du 2è arrondissement Denis Broliquier.
Le candidat FN à la mairie de Lyon, Christophe Boudot avait également fait le déplacement.
La manif a reçu également le soutien du cardinal Philippe Barbarin présent au côté du recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. Mais très peu de musulmans ont fait le déplacement. A noter également relativement peu de Lyonnais. Le gros des troupes était formé de délégations régionales venant notamment d’Auvergne, de l’Isère, de la Savoie, de Provence-Alpes-Côte d’Azur ou encore de Franche-Comté.
« L’ABCD de l’égalité n’est pas la théorie du genre mais on demande quand même son retrait »
Parmi les manifestants, on trouvait plusieurs porte-parole nationaux de la Manif pour tous, notamment Tugdual Derville d’Alliance Vita (mobilisée également contre l’avortement) et Jérôme Brunet, président de « l’Appel des professionnels de l’Enfance ».
Après une carrière d’éducateur, ce dernier est actuellement responsable de l’enseignement catholique à Blois. Naturellement, il a fait de la « théorie du genre » son cheval de bataille, depuis la création de son association en 2004. Une sorte de mot-obus qui lui permet de convertir les foules.
Lui, en effet, ne rejette pas les études sur le genre. Il se dit prêt à les enseigner :
« Le comportement des hommes et des femmes dépendent évidemment d’éléments culturels à déconstruire ».
Il considère même que, en soi, le programme expérimental de lutte contre les stéréotypes de genre « l’ABCD de l’égalité » est une démarche intéressante.
Pourtant, il demande, avec les autres leaders de la Manif pour tous, son retrait. Car, dit-il, il se cache « quelque chose derrière ».
« Le fond de ce programme est que l’identité sexuelle est uniquement une construction sociale, c’est un mensonge. On peut déconstruire mais c’est un mensonge ».
Difficile de trouver un texte de l’Education nationale ou une déclaration de ministre qui dit ce genre de chose. Mais Jérôme Brunet n’en démord pas :
« On nous ment depuis des années ».
« J’en ai marre qu’on nous traite de fachos »
L’organisation Manif pour tous avait fait les choses bien : pour éviter de passer pour des partisans d’une droite dure ou de l’extrême droite, ils avaient fait passer des messages : aucun débordement verbal ou physique ne serait toléré. Tugdual Derville n’a eu de cesse de répéter sur les télés et sur le podium la démarche « pacifiste ».
Il n’empêche : si aucun incident n’a été relevé, la police a noté la présence de plusieurs groupuscules d’extrême droite radicale. Alexandre Gabriac s’est montré avec une quinzaine d’ex-Jeunesses nationalistes regroupés autour de leur leader.
Des nationalistes dans les rangs. #manifpourtous #Lyon #Bellecour #2fevrier pic.twitter.com/e9DPcd1YrR
— Alexandre GABRIAC (@Gabriac) 2 Février 2014
Une trentaine de membres du GUD ont également pointé leur nez. Malgré la présence de ces groupuscules radicaux et du FN, les organisateurs rejettent toute proximité avec l’extrême droite. Les manifestants se sont plutôt énervés quand on leur a rappelé leur présence. Comme Anne, 56 ans, qui est venue spécialement d’Orléans pour manifester car, dit-elle, « à Paris, c’est plus tendu », en faisant allusion aux incidents de fin de cortège de la semaine dernière :
« J’en ai marre qu’on nous traite de fachos parce qu’on est pas d’accord avec les bobos parisiens. On est des millions et on ne nous respecte pas ».
Cette ancienne attachée de presse aujourd’hui à la tête d’une agence de voyage nous dit « bien connaître » les journalistes. Pour cette centriste, c’est une évidence : « ils sont tous achetés ». Elle précise :
« Je me bats contre la pensée unique de gauche ».
Pour confirmer cette défiance à l’endroit des journalistes, on pouvait entendre, au milieu des slogans officiels quelques « Journalistes collabos », slogan devenu célèbre dimanche dernier avec la manifestation Jour de colère.
« Ma fille joue à la maman car elle a la maternité en elle »
La grande défiance à l’endroit des politiques et des médias qui traversent les rangs de la Manif pour tous explique sans doute pourquoi la rumeur se propage sur la « théorie du genre ». Le ministre de l’Education nationale a eu beau faire plusieurs mises au point sur une prétendue « théorie du genre » enseignée à l’école, ses paroles s’envolent. « On nous ment », répète-t-on à la Manif pour tous. Pour illustrer ce « mensonge » une Grenobloise nous raconte par exemple qu’un de ses amis « qui a des enfants dans le public » lui a dit que la « théorie du genre » allait être enseignée à partir de septembre. Elle a entendu aussi qu’il y aurait une éducation sexuelle dès le plus jeune âge. Sans pouvoir nous donner plus de précision sur ces informations. Ce n’est pas seulement le ministre de l’Education qu’on ne croit pas. C’est également l’école en tant qu’institution qui est remise en question. L’autre leitmotiv qui revenait avec insistance sous la forme de slogan : l’école ne doit pas s’occuper des question d’égalité filles/garçons. Il s’agit d’une question familiale. Florian « et [son] épouse », comme ils se présentent eux-mêmes, reprennent le mot d’ordre de lutte contre « l’indifférenciation des sexes » que le gouvernement voudrait imposer sournoisement. « L’épouse de Florian » et Florian sont venus de Livron, dans la Drôme, pour manifester avec les grands parents. A 33 ans, ils ont six enfants et sont professeurs dans l’enseignement catholique. « L’épouse de Florian » prend l’exemple de leur quatrième enfant, une fille :
« On l’a élevée comme ses trois frères aînés et pourtant elle joue à la poupée. Elle joue à la maman car elle a la maternité en elle ».
Elle poursuit :
« On veut nous faire croire qu’une femme est égale à une homme. C’est faux, nous avons nos spécificités. L’école ne doit pas se mêler de la famille et des valeurs que nous transmettons aux enfants. Est-ce que c’est le rôle de l’école de faire réfléchir les enfants sur leur orientation et leur identité sexuelle ? »
A cette question, certains répondent que oui mais ils n’ont certainement pas manifesté ce dimanche.
> Article modifié le lundi 3 février avec la précision sur la rapide présence du candidat UMP à la mairie de Lyon, Michel Havard.

À Rue89Lyon, on assume un journalisme engagé. Notre rôle, en tant que journaliste, c’est d’alerter, de demander des comptes, parfois d’égratigner celles et ceux qui nous gouvernent, souvent de donner la parole aux personnes à qui elle est confisquée.
Pour que ce journalisme continue de vivre à Lyon, dans sa banlieue, mais aussi dans la proche ruralité : parlez de nous autour de vous, offrez un abonnement à vos proches, ou faites un don à Rue89Lyon.
"Ah si Marie avait connu l'avortement
On n'aurait pas tous ces emmerdements."
Finalement, les manifestants de dimanche devraient réfléchir à ces paroles ... eux aussi ... ils seraient beaucoup plus libres pour l'éducation de leurs enfants, plutôt que vouloir suivre à toute force des préceptes religieux
;)
Franchement que cherchent-ils si ce n'est à nous faire croire qu'ils seraient la bonne conscience d'une République qu'ils ont toujours détestée et combattue… et qu'ils continuent à combattre ?
Ils ont beau jeu de parler des bobos (un concept de publicitaire) pour justifier qu’ils ne seraient pas fachos… tu parles !
Ces archaïques qui défilent ne font qu’une seule chose : ils mettent en péril l’outil républicain en préparant une contestation d’un autre temps. Ils ne sont que l’expression de l’ignorance et de l’obscurantisme en réaction épidermique aux Lumières.
S’ils préparent le terrain de la guerre civile, nous serons présents et prêts pour défendre la République, les Lumières et nos idéaux de Liberté, d’Égalité et de Fraternité !
Chère Madame, nous vous respectons. Si vous avez choisi de vivre au moyen-âge, faites comme bon vous semble. Si vous voulez partir élever des lamas au Pérou, faites-le. Si vous voulez prier le dieu Krishnazeb afin qu'il nous protège des envahisseurs lémuriens, grand bien vous fasse.
Mais si vous souhaitez ôter des droits aux autres ou lutter contre l'égalité des sexes, désolé, on ne peut que s'y opposer. Si vous proférez des idées homophobes, xénophobes, sexistes, on doit s'opposer à vous.
Vivre au moyen Age? Ce n'est pas déjà ce que font les maghrébins en obligeant leur femme à mettre le voile et en ayant des attitudes et des préceptes totalement arriérés?
Lutter contre l'égalité des sexes?? Aucun rapport, l'égalité des droits, des salaires... ok! Mais nous sommes différents sur bien des points ne serait-ce que par rapport à la maternité donc comment voulez-vous qu'une fille soit élevé comme un homme? Pourquoi essayer d'enseigner à nos enfants que nous sommes tous pareil alors que c'est faux??
Et moi je m'oppose totalement à vos idées qui se termineront de la façon suivante si cela vient à être mis en place (cela vous fera peut-être réfléchir):
http://www.lepoint.fr/societe/l-experience-tragique-du-gourou-de-la-theorie-du-genre-31-01-2014-1786513_23.php
Simplement, c'est pas parce que tu as un zizi que tu es mieux disposé pour la mécanique, ni parce qu'elle en a pas que ta compagne est davantage profilée pour le ménage. C'est ça l'idée de l'égalité. On est pas fait pareil, mais, hommes ou femmes, on a tous le droit de choisir ce qu'on veut être. Sinon, avec des gens comme toi, les filles s'habilleront toujours en rose et les garçons en bleu.
Et pourtant, t'es pas maghrébin?