
« Ce qui se passe à Lyon 2 est bien plus complexe que ce qui en est dit », avertit Jean-Luc Mayaud.
Avant de reconnaître qu’il y a actuellement « des problèmes de gouvernance » et un « contexte d’inquiétude ».
Mais concernant la gouvernance, les choses avancent selon le président de Lyon 2 puisque les Vice-présidents démissionnaires devraient être remplacés d’ici noël :
« Je suis en train de régler les choses. Cela demande du temps car il faut à mi-parcours mobiliser des volontaires pour mener cet établissement dans un contexte difficile. Celui de la création d’une communauté d’universités et d’établissements (CUE). »
Jean-Luc Mayaud. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon
La communauté d’université ? « Rien n’est acté »
En effet, selon lui, « il y a urgence », puisque la loi Fioraso qui mène à la création de CUE doit être appliquée avant le 22 juillet 2014. Cette loi est aujourd’hui critiquée par des étudiants contestataires qui ont réuni 600 personnes en AG. Ce vendredi matin à la Doua, une centaine s’était donné rendez-vous pour accueillir la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso.
Concernant l’application de cette réforme, certains reprochent à Jean-Luc Mayaud son opacité. Il répond que non, il avait justement l’intention d’en parler au congrès élargi qui devait se tenir le 21 novembre. Jean-Luc Mayaud pointe des « inquiétudes et sur-interprétations », faisant référence à la crainte de fusion des formations qui font doublon entre les différentes universités de la CUE :
« S’il y aura une communauté fusionnée, il n’y aura pas d’université fusionnée. Personne n’en veut. »
Et surtout, surtout, pas d’inquiétude, « pour l’instant, rien n’est acté ». Pour le moment, les dix groupes de travail en seraient à pointer « les divergences et convergences ».
Concernant la situation financière de l’université, Jean-Luc Mayaud reste sur sa position : il ne faut pas être alarmiste. Par exemple, alors que la presse a affirmé que le budget de l’université 2013 avait dû être revu à la baisse de 6%, il soutient qu’en fait la baisse était seulement de 2%. Pas « catastrophique », donc.
Congrès, assemblées et conférences de presse
En tout cas, l’heure semble à l’affolement à Lyon 2.
Le président promet qu’il convoquera bientôt un nouveau congrès élargi pour communiquer sur ces questions. Et la semaine prochaine, il organisera « deux assemblées de personnels et étudiants de l’université Lyon 2 ».
Echaudé par les articles de presse expliquant qu’il avait refusé de répondre aux questions des journalistes, Jean-Luc Mayaud promet même une nouvelle conférence de presse.
Il semblerait donc que, face à la crise qui secoue l’université, l’équipe présidentielle a (enfin) décidé de se lancer dans la bataille de la communication. Concernant le fond du problème, à savoir l’application des loi LRU et Fioraso, il faudra par contre attendre.
Dans le cadre de l’autonomie financière, et contraintes par le « vieillissement de la masse salariale » non compensé par les dotations de fonctionnement de l’Etat, les universités doivent développer des stratégies. Vous décidez, entre autres, de « facturer » à vos laboratoires de recherche l’usage des locaux de l’Université pour l’organisation de manifestations scientifiques. Devrons nous bientôt louer les salles de cours ?
Vous décidez, également, de « geler » une (conséquente) partie des supports de postes libérés par les départs à la retraite. Ces postes dîtes-vous, réapparaîtront « sur projets ». De quels projets s’agit-il ? Quand seront publiés ces appels à projets ? Quelles seront les règles du jeu ?
Le rapprochement des établissements de la CUE peut conduire à une secondarisation des universités. Leur contrat, offrir à tout bachelier, sans sélection, une formation intellectuelle et professionnelle ; à leurs côtés de grandes ou petites écoles, publiques mais aussi privées, recevant des étudiants triés soit par concours, soit par leurs moyens financiers, et profitant de la communauté d’universités pour développer des accès à ce qui leur manquait jusqu’à présent : la recherche. Monsieur le président, pouvez vous dire autre chose dans ce contexte que « il n’y a pas de politique d’établissement ? »
L’Université offre un service public d’enseignement et prépare des jeunes au monde socio-économique de demain. Avez vous, monsieur le président, d’autre projet pour votre université que l’équilibrage d’un budget à court terme ?