16 familles vivent sous les ponts de part et d’autre du périphérique, boulevard Laurent Bonnevay, dans des conditions extrêmes et à l’abri des regards © Nathalie Moga / Rue89Lyon
Rue89Lyon propose une série de trois portraits, trois parcours de Roms dans l’agglo lyonnaise. Parlant le roumain, j’ai pu entrer en contact avec des personnes originaires de Roumanie auxquelles on donne rarement la parole. Après Dana et son couple franco-rom, c’est au tour de Rodica. A venir : le portrait d’un couple rom intégré dans le dispositif Andatu
Le 23 août dernier le bidonville de Vaulx-en-Velin était démantelé. Les 350 personnes qui y vivaient ont dû partir, parfois vers un endroit encore plus sordide. Certaines se sont installées de part et d’autre du périphérique lyonnais, dans les tunnels piétons du boulevard Laurent Bonnevay.
Pour décrire cet endroit, insalubre est un faible mot. Des enfants courent pieds nus sur le béton. Le sol est sale, jonché de déchets et de restes de nourriture. L’air sent les gaz d’échappement, et lorsque l’on jette un coup d’oeil au-dessus des murets, la vue donne le vertige : le vide et des automobiles qui défilent.
Rodica, 48 ans, vit dans cet endroit, avec son mari Augustin, sa soeur Florica, son beau-frère Florin, et leurs cinq enfants, dont un bébé d’un an.
Florica, 48 ans, et son mari Augustin, 54 ans. © Nathalie Moga / Rue89Lyon
Ici, elle « se sent enfermée dans une tombe ! » Son visage est marqué de rides profondes. 48 ans donc, bien qu’elle en fasse quinze de plus. Un point est tatoué sur son front, un autre sur sa joue. Ses mains et sa poitrine sont couvertes d’inscriptions. Elle explique qu’à l’époque, c’était la mode. On écrivait souvent le nom de son premier amour sur le cœur ou le bras.
Justement, l’amour, c’est le fond de commerce de Rodica. Elle tire les cartes et dit pouvoir influer sur l’avenir, un don de famille, hérité de sa mère et de sa grand-mère avant elle.
Elle tente une démonstration :
« Si cette carte passe de l’autre côté, cela veut dire que l’être aimé t’aime en retour ».
Je ne suis guère convaincue. Mais sa soeur assure que c’est ainsi qu’elle a gagné le coeur de son mari. La preuve : avant que Rodica n’exerce sa magie, sa belle-mère était contre leur union.
« Je veux récupérer mes enfants »
La venue en France de Rodica s’est déroulée sur fond de drame. A Vascãu, dans la province roumaine de Bihor, d’où elle vient, elle n’a plus de maison. Pas de revenus non plus.
Face à cette situation insolvable, elle a été forcée de donner ses enfants à un foyer. Elle s’est dit qu’en France, elle trouverait de l’argent, une solution, pour les récupérer :
« J’ai sept enfants. Je n’avais même pas les moyens de les nourrir. Je suis venue avec mon mari, Augustin, pour tenter quelque chose ici et les récupérer quand je rentrerai. Là-bas, c’est simple je n’ai rien… Regardez, j’ai ce papier qui le prouve. »
« Attestation. Par la présente nous attestons que, Madame B. Rodica […] domiciliée dans la ville de Vascau, 4D rue Crinului, ne détient pas de lieu d’habitation et ne réalise aucun revenus sur le rayon de la ville de Vascãu. Le présent document a été délivré dans le but d’obtenir l’aide sociale. » © Nathalie Moga / Rue89Lyon
Elle me tend un petit papier fripé. C’est un document émis par la mairie de Vascãu, qui atteste qu’elle n’a ni maison, ni source de revenus et qu’elle est en droit de recevoir l’aide sociale. Seulement voilà, en Roumanie cette dernière s’élèverait, selon elle, à 100 euros par mois, pour toute sa famille.
« Avec sept enfants, 100 euros, c’est une misère. Impossible de s’en sortir. Le problème c’est que depuis que je suis arrivée, personne ne s’est intéressé à moi, je ne sais pas où aller. Nous ne sommes en contact avec personne, nous ne connaissons personne. Au pays, on m’avait dit que la France c’était mieux, que certains avaient obtenu une aide. »
Une promesse qui s’est vite retrouvée compromise. Dans le dénuement le plus total, Rodica lance un appel à l’aide :
« Si vous m’aidez, je vous tirerai les cartes et vous aurez de la chance en amour toute votre vie ! »
Bientôt un retour en Roumanie
Elle ne sait pas si elle est éligible à une aide quelconque en France, elle n’a aucune idée d’où aller pour se renseigner, et quand bien même elle trouverait l’endroit, on ne la comprendrait pas. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle est citoyenne européenne. Qu’elle a donc le droit d’être ici, même si l’hébergement d’urgence, qui est également un droit, ne lui est pas accordé faute de places.
La seule « chance » de la famille de Rodica, c’est qu’enclavée dans ce tunnel gris, où les courants d’air s’engouffrent, elle ne dérange personne. L’expulsion du lieu pourrait alors se faire plus tardive ; l’errance, remise au lendemain.
Lors de notre première rencontre, en septembre, Rodica avait conscience d’une chose : le temps était compté. Elle n’était alors là que depuis un mois. Mais elle savait que sans moyens de subsister en France, au bout de trois mois sur le territoire, la préfecture pourrait les expulser. Problème : pour gagner sa vie, il faut travailler. Or les freins à l’emploi des Roumains et des Bulgares sont importants, seuls 291 métiers leurs sont ouverts pour le moment, une mesure dite « transitoire » qui prendra fin en janvier 2014. A défaut, la famille de Rodica fait la manche à Bellecour.
Un mois plus tard, mi-octobre, nous sommes retournés voir Rodica. Lasse de vivre dans ces conditions, elle et son mari ont décidé de retourner en Roumanie. Elle espère pouvoir retrouver ses enfants. Rodica semble avoir bien du mal à se projeter dans l’avenir. Elle ne sait pas comment elle va pouvoir vivre en Roumanie. Mais elle ne sait pas non plus si elle retournera en France :
« Si j’ai assez d’argent, peut-être. »

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Il en est même pour plaindre ces pauvres riches "obligés de partir ou de ruser pour se défendre du socialo communisme"...
Et bien peu voient que l'histoire bégaie... les juifs et les tziganes hier, les arabes et les Roms aujourd'hui.
La bête immonde est toujours là.
Merci d'avoir donné un nom et un visage à ces boucs émissaires si commodes.
Vous n'émouvez personne avec ce genre d'article ( à part la clique mondialiste gocho-bobo haineuse de la France), on ne s'y laisse pas tromper, vivement les élections...
Vous savez ce que vous dit la clique "bobo gauchiste" ? les haineux ne sont pas chez elle.
c'est à ça que je fait référence. Bien sûr presse locale, la province, la bête immonde, etc.... des faits concrets, chauqe jour, dans toute la France.
La rhétorique d'impuissants UMPS ne changera rien à ce qui vient. Le vote FN, démocratique (ça fait mal, hein?)Emigrez, si vous avez peur: vous reviendrez la queue basse comme les andouilles qui quittèrent la France en 81 par peur des chars soviétiques...
Le FN et les comptes de campagnes "légèrement" gonflés de 700 000 €
http://www.liberation.fr/politiques/2013/10/22/700-000-euros-de-depenses-de-campagne-de-marine-le-pen-refuses-pour-2012_941555
le FN et son racisme qui traite Taubira de "singe"
le FN et sa présidente qui va danser à Vienne avec les nostalgiques nazis
Allez vite sur le site fdesouche ou directement sur le site du FN vous y serez mieux accueilli qu'ici, où vous nous faites plutôt rire.
Rien...
Pour revenir au message de Caro les électeurs du FN ne sont pas tous d'horribles fachos campagnards, c'est un vote contestataire et visant à améliorer la situation sécuritaire du pays. Lisez Soral (Egalité & Réconciliation) et vous verrez bien de quoi je parle, respectez les électeurs aussi car si vous combattez ces idées vous ne pouvez en aucun cas dénigrer des citoyens français. Pour le message sur les Roms regardez le projet mis en place par la ville de Lyon en Roumanie, la construction d'un village et la mise en place de l'électricité, selon moi c'est comme ça qu'il faut les aider et pas constamment accueillir toute la misère du monde quand le pays croule sous le chômage.