Le terrain squatté, propriété de la Ville de Villeurbanne, avait fait l’objet d’une décision de justice. Le préfet du Rhône a attendu jusqu’à ce jour pour appliquer ce jugement d’expulsion.
Ce matin, une cinquantaine de personnes se retrouvent sous la pluie. Sur les 90 occupants que comptait le campement, dont la moitié d’enfants. Aucun solution d’hébergement n’a été prévue.
Selon le Progrès, l’évacuation s’est déroulée dans le calme.
Présents sur place, les associations dénoncent une fois de plus la non application de la circulaire du 26 août 2012 qui prévoit, entre autre, que tous ces terrains squattés fassent l’objet d’un diagnostic social et des propositions de relogement. Jean-Philippe militant du MRAP :
« Dans l’agglomération lyonnaise, aucun terrain occupé par des Roms a fait l’objet d’un diagnostic ».
Gilberte Renard, du collectif Roms, est inquiète pour les jours à venir :
« S’il y a des expulsions maintenant. On a peur que d’autres squats se fassent également expulser avant le week-end de Pâques ».
A 9h30, les pelleteuses étaient déjà en action pour détruire les abris de fortune.
Les Roms hébergés dans une salle paroissiale : le curé de Gerland récidive
Ces personnes auraient dû continuer leur errance : après avoir été expulsés d’un squat de l’avenue Salengro en août 2012, ils avaient tenté de s’installer dans le parc de la Feyssine. Et depuis septembre, ils « habitaient » sur ce terrain de la rue Léon Blum, dans le quartier de la Soie.
Mais, via les associations qui l’ont sollicité, le curé de Gerland a accepté d’héberger la cinquantaine de personnes, comme Matthieu Thouvenot le relate sur le site Internet de sa paroisse :
« Aucune mesure d’accompagnement n’ayant été proposée, contrairement à ce que préconise la circulaire interministérielle du 26 août 2012, ils se sont retrouvés dans la rue. (…) Les différentes administrations contactées n’ayant proposé aucune solution, je me suis demandé ce qu’aurait fait le nouveau Pape François … et j ‘ai accepté de les héberger momentanément dans une salle paroissiale ».
Le curé de Gerland est un récidiviste : en 2012, il avait accueilli pendant dix mois 80 Roms dans les sous-sols de son église, suite également à l’expulsion d’un squat.
>Article mis à jour le 28 mars à 14h45, suite à l’annonce du curé d’héberger ce groupe de Roms

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mon amie Anaïs et moi suivions et continuons de suivre ces gens. Je raconte les événements des derniers jours sur mon blog et je continuerai de le faire, pour faire connaître les personnes derrière les chiffres et les clichés. Mes trois plus récents billets les concernent et les racontent.
melikahabdelmoumen.blogspot.fr
Mélikah Abdelmoumen,
romancière et chercheur québécoise vivant en France depuis 2005
Ce qui me révolte, ce n'est pas leur expulsion mais la manière dont cela a été fait. Le non respect de cette fameuse circulaire et des Hommes. Savoir que le terrain a été rasé sans qu'une date précise ne leur ait été donnée ni en français ni en romani, qu'ils n'ont pas eu le temps de faire leurs valises, que certains n'étaient même pas présents ce matin là. L'une a perdu ses photos de famille, l'autre son violon, encore une, son dossier médical sans compter les couvertures, leurs provisions, leur intérieur si bien arrangé avec ce nous, nous mettons dans nos poubelles. Ces invisibles ce sont des familles entières, des enfants scolarisés ou en cours de scolarisation, des vieillards, des femmes enceintes dont une à plus de 8 mois si belle et toujours si gaie.
Oui, "dans le calme" a écrit le Progrès. Non, je réponds. Dans la peur de faire l'objet d'une reconduite à la frontière. Dans la crainte de faire parler d'eux et d'être ensuite montrer du doigt.
La peur, ils vivent avec chez eux, en Roumanie, en Bulgarie ou Macédoine. La peur, dans tous les autres pays d'Europe où ils tentent de refaire leur vie. En France, mon pays. As-tu perdu la tête?