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Violences policières à Vénissieux : « On en a marre que nos gamins se fassent tabasser »

Un rassemblement était organisé à Vénissieux pour protester contre les violences policières, mercredi soir, après la diffusion de vidéos d’un buraliste roué de coups par la brigade de sécurité de terrain (BST). Une enquête a été ouverte par le parquet de Lyon.

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Violences policières Vénissieux
Une enquête a été ouverte par le parquet de Lyon pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ». ©Jean Rémond/Rue89Lyon

« On est là pour dire qu’on en a marre, c’est bon ! On en a marre que nos gamins se fassent tabasser par les forces de l’ordre ! ». Comme une cinquantaine d’autres personnes, Hyème Souid est venue dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux, mercredi 5 juin, pour protester contre les violences policières. 

« Il aurait pu mourir le petit, vu comment il s’est fait tabasser, il faut que ça s’arrête ! », plaide-t-elle. « Le petit », comme Hyème l’appelle, c’est Iheb, fils d’un couple d’amis. La veille, aux alentours de 19h15, le jeune homme a été frappé par un policier devant un bureau de tabac vénissian, à l’angle du boulevard Croizat et de l’avenue Jacques Duclos. Dans la journée de mercredi 5 juin, de nombreuses vidéos de l’incident ont circulé sur les réseaux.

Aujourd’hui, devant ce même établissement, deux feuilles de papier sont scotchées à une barrière. « Tabac en colère pour violences policières » est écrit en lettres noires. Des jeunes, des mères de famille, des frères et sœurs, des plus âgé.es se sont mobilisé.es. Iheb est là aussi, assis dans un fauteuil roulant, la pommette droite tuméfiée. 

Coups de taser, gaz lacrymogène et violences dans un bureau de tabac à Vénissieux

Mardi 4 juin en fin de soirée, après une altercation avec d’autres jeunes, des membres de la Brigade de sécurité de terrain (BST) entrent dans le bureau de tabac. Iheb s’y trouve aussi, il est employé de l’établissement. À ses côtés, plusieurs personnes, dont son cousin, Ranim. Âgé de 20 ans, ce dernier nous livre sa version des faits.

On était à l’intérieur du tabac, on a entendu des bruits et on a vu de la fumée. On est sorti parce que personne ne pouvait respirer à l’intérieur, à cause du gaz lacrymogène. On a demandé [aux policiers] d’arrêter de gazer parce qu’il y avait des mamans et des enfants. Le ton est monté et les policiers sont entrés dans le tabac. Ils ont attrapé mon cousin par le col, m’ont fait tomber à terre et m’ont mis un coup de taser dans le cou. Mon cousin, lui, a été tasé trois fois, puis ils l’ont sorti du tabac et là, matraque, matraque, matraque…

Ranim, cousin d’Iheb.

Dans une vidéo qui a fuité, on voit clairement des membres de la Brigade de la sécurité du territoire asséner plusieurs coups de matraque à Iheb, alors au sol, bloqué contre un mur. Dans une autre vidéo de la scène, Iheb ne montre aucun signe d’agressivité ou de résistance lors de son passage à tabac par les forces de l’ordre. À la suite de ces violences, le jeune homme sera emmené en garde à vue.

Violences policières Vénissieux
Au centre de la photo, Iheb, en fauteuil roulant à la suite des violences policières qu’il a subies, à sa gauche, Mokrane Kessi, président de l’association France des banlieues et à sa droite, Ranim, son cousin.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Selon Le Progrès, citant une source sécuritaire, les forces de l’ordre auraient été la cible de projectiles et de menaces en marge d’une intervention, mardi 4 juin. Du gaz lacrymogène aurait ainsi été lancé devant le bureau de tabac pour disperser la foule, avant que la fumée ne s’infiltre dans le commerce. Deux versions des faits s’opposent, mais les vidéos qui circulent sont explicites.

Au rassemblement à Vénissieux, « la violence n’est pas de notre côté »

Retour au rassemblement, mercredi 5 juin. Aux alentours de 21 heures, deux pétards résonnent. Une mère de famille prend la parole et explique vouloir le calme, pour « ne pas donner une mauvaise image de notre quartier et de nos jeunes, car ce n’est pas la vérité ». Elle est applaudie. 

Aucune violence n’a eu lieu lors du rassemblement. Quelques feux d’artifice ont toutefois éclaté plus tard dans la soirée. Il faut dire que, quelques heures auparavant, le ton avait été donné par Mokrane Kessi, président de l’association France des banlieues. « Ne brûlez pas de voitures, au nom de la famille. La violence n’est pas de notre côté, elle est du côté du commissariat de police » lance-t-il, debout, aux côtés d’Iheb. 

On était au commissariat vers 14h pour dire au commissaire qu’il avait des brebis galeuses dans son équipe. On lui a dit qu’il fallait qu’il les sorte et qu’on ne voulait plus de cette police qui frappe les jeunes dans nos quartiers !

Mokrane Kessi, président de France des banlieues

Le mot d’ordre de ce discours : que les violences policières, « récurrentes dans le quartier », cessent. Les participant.es applaudissent. « Merci d’être venu.es, nous pouvons rester pour discuter des futures actions à mettre en place » conclut Mokrane Kessi. 

Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ». L’alerte était venue du député de la circonscription, Idir Boumertit (LFI-Nupes), qui a relayé une vidéo des violences sur X (anciennement Twitter), mercredi.

https://x.com/boumertitidir/status/1798289667655405819

Dans la foulée, plusieurs politiques ont réagi. La section du parti communiste du Rhône, à la tête de la commune, a réagi dans un communiqué, et appelé « au calme et à la responsabilité de tous » et « à une justice sereine qui traite avec sérieux la plainte de la famille ».


#Vénissieux

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