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Anthropocène, l’âge des risques

L’équipe de Radio Anthropocène prend des risques ! Mercredi 19 avril 2023, une journée spéciale sera consacrée à la notion du risque, complexe et pourtant omniprésente dans l’actualité médiatique. 

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C’est depuis la métropole lyonnaise, territoire sentinelle s’il en est, particulièrement exposé aux risques industriels, que nous revenons sur l’histoire de ce terme. Nous tendons notre micro, à celles et ceux qui prennent en compte cette vulnérabilité croissante dans l’aménagement du territoire, la redirection des entreprises, ou encore la fermeture de certaines infrastructures. La formule « couloir de la chimie », qui connaît des variations pour le moins sympathiques, de « couloir de la peur » à « couloir de la mort » en passant par « couloir de tous les dangers « , est elle toujours d’actualité ? 

Du danger aux risques

La notion de risque à longtemps été absente des débats politiques et scientifiques. On lui préférait alors le terme de danger. Il faut noter une différence significative entre ces deux termes. Comme le rappel Patrick Perreti-Wattel, « le danger suppose l’existence d’une cause directe ». Le risque, lui, est un danger sans fautif, uniquement soumis aux aléas (nécessairement incontrôlables) de ce qui pourrait advenir.

C’est seulement dans les années 1980 que cette notion commence à faire florès face à la multiplication des catastrophes industrielles. De Seveso à l’explosion de l’usine d’AZF, en passant par celle de l’usine de Feyzin, la France réagit et se dote de tout un arsenal juridique pour protéger les populations exposées aux risques (PPR, Normes Seveso…).

Société du risque

Pour le sociologue Ulrich Beck, nous sommes ainsi entrés dans cette “société du risque”. Il met en doute l’imaginaire moderne alliant l’amélioration technique des sociétés au progrès. Pour d’autres, comme le géographe Alfonso Pinto, c’est la notion même de progrès qui s’accompagne de son pendant : la catastrophe. 

Comment expliquer alors la défiance, ou le déni face à la notion de risque ? Des permis de construire continuent d’être délivrés à proximité des zones d’inondation, et l’exemple de la pandémie nous a rappelé l’impréparation de notre société face à des risques croissants. 

Pour certains, vivant aux immédiats environs de ces risques majeurs, le choix est parfois d’assumer un vivre avec, oscillant entre oubli volontaire et acceptation. 

Vulnérabilité systémique et risques à l’heure de l’anthropocène  

L’entrée dans l’anthropocène réinterroge cette notion de risque, lui préférant celle de vulnérabilité. Car le risque n’est pas extérieur au système de l’urbain généralisé, c’est bien ce système qui est par nature fragile. Il faut partir de cette vulnérabilité pour adapter les systèmes productifs et les territoires.

À ce titre, ne serait-il pas pertinent de s’affranchir des approches purement géo-ingéneriales qui continuent d’espérer des résolutions techniques aux risques croissants ? Au contraire, les cultures vernaculaires, fortes d’une histoire et de traditions parfois millénaires, savent se préparer aux risques. Ne doivent-elles pas nous servir d’exemples ? 

Enfin, comment expliquer l’absence de réaction face à cette vulnérabilité généralisée qui met en doute l’habitabilité de certains territoires ? Car l’abondance des informations mettant en scène des catastrophes aux quatre coins du globe met aussi à distance notre conscience du risque. On peut toutefois faire l’hypothèse que c’est l’expérience du risque qui fonde son existence. Pour paraphraser Ulrich Beck « dès que les gens ressentent des risques comme réels, ils sont réels ». À ce titre, on peut imaginer que lorsque le risque s’approche, allant jusqu’à faire perdre à certains leur maison, leur jardin, noyé sous l’inondation d’une Roya déchaînée (Alpes-Maritimes), ou englouti par un méga feu, la prise de conscience s’avère plus conséquente.

S’adapter aux risques  

Fort de ce constat, des approches pluridisciplinaires s’établissent aujourd’hui pour adapter les territoires à ces risques croissants. C’est le cas de l’approche One Health qui pense une santé systémique et lie la santé des écosystèmes, dont nous dépendons, aux réalités humaines. C’est aussi le cas de nouvelles sciences du risque comme tente de l’inventer l’IRIMA. 

Ce sont toutes ces questions et interrogations qui jalonnent cette journée de discussion sur Radio anthropocène. Alors à vos casques, prêts, partez !

Radio Anthropocène – Anthropocène, l’âge des risques – 19 avril 2023

#anthropocène

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