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Rue89Lyon et les violences sexistes et sexuelles

Qu’il s’agisse d’enquêtes sur des agressions et du harcèlement sexuels ou de la prise en charge plus générale des victimes à Lyon, Rue89Lyon a choisi de consacrer beaucoup de son temps et de ses effectifs aux affaires de violences sexistes et sexuelles. Voici pourquoi.

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Marie, mère de 42 ans qui a été victime de violences sexuelles à Lyon. ©LS/Rue89Lyon

Ces dernières années, Rue89Lyon a dévoilé deux affaires de violences sexistes et sexuelles. L’une implique un professeur de cinéma de l’université Lyon 2, l’autre le doyen de la fac de droit. Dans les deux cas, ce sont les victimes présumées de ces deux hommes qui ont alerté Rue89Lyon. Avec la même motivation : que cela cesse. Que ces deux enseignants ne soient plus au contact des étudiantes. 

Ces victimes ne souhaitent alors pas forcément porter plainte, ni se mettre en avant, et tiennent pour certaines à leur anonymat. Dans ces conditions, prévenir la presse est souvent la seule solution qui reste. 

À Rue89Lyon, nous avons une rédaction majoritairement féminine, sensibilisée aux violences sexistes et sexuelles. Nous croyons les victimes, et sommes persuadé·es que leurs histoires singulières sont le reflet et la conséquence de la société patriarcale dans laquelle nous vivons. Nous estimons que les affaires de violences sexistes et sexuelles nécessitent d’être décortiquées et analysées. Elles nécessitent également un travail d’enquête pour mettre en lumière ce dysfonctionnement sociétal et ses conséquences graves. 

L’impact de Rue89Lyon dans les affaires de violences sexistes et sexuelles

Dans ces deux affaires, on retrouve le même contexte bien particulier. Des relations de domination professeur-étudiantes, inhérentes au système universitaire français. Médiatiser les violences sexistes et sexuelles subies par ces étudiantes et ex-étudiantes permet aussi de mettre un coup de projecteur sur ce fonctionnement et ses travers.

Suite à nos enquêtes, les deux enseignants de Lyon 2 ont été sanctionnés par l’université : l’un suspendu pendant un an, l’autre révoqué. Dans les deux cas, ces décisions ont été publiées, comme il se doit, mais en préservant leur anonymat. Sans les articles de presse, les étudiant·es de Lyon n’auraient jamais été mis·es au courant des faits. 

Il n’est pas question de se substituer à la justice. Mais force est de constater que dans ces affaires-là, celle-ci est lente et trop souvent défaillante. Il en va de même pour les universités. C’est là que la médiatisation a souvent un rôle de catalyseur. Ainsi, concernant le doyen de la fac de droit, le parquet a ouvert une enquête trois jours après la publication de notre enquête. Aujourd’hui, l’affaire est entre les mains de la justice. 

Photo d'illustration, étudiante de l'université Lyon 2. Juin 2021. ©DD/Rue89Lyon
Photo d’illustration, étudiante de l’université Lyon 2. Juin 2021.Photo : DD/Rue89Lyon

La parole des victimes insuffisamment prise en compte par la presse généraliste

Rue89Lyon dénonce aussi l’insuffisance de la prise en compte de la parole des victimes. Leurs récits lorsqu’elles demandent à être crues, mais aussi quand elles demandent à voir leurs traumatismes reconnus et qu’elles exigent le droit à être soignées et prises en charge.

Nous nous sommes penché·es sur les séquelles laissées par des agressions sexuelles, des viols, des relations violentes. Qu’il s’agisse de symptômes visibles (fuites urinaires, crises d’angoisse, psoriasis ou tendance à la trichophagie) ou invisibles (dépressions, pensées parasites, perte de libido, douleurs gynécologiques), de nombreuses femmes ressentent au quotidien le fardeau de leurs traumatismes. À Lyon comme ailleurs, c’est le manque de moyen qui fait loi. Un manque de moyen égal au manque de considération pour ces fardeaux, portés en écrasante majorité par des femmes.

Pourtant – et Rue89Lyon le documente aussi – le nombre des femmes qui mettent des mots sur les agressions qu’elles ont vécu augmentent année après année depuis MeToo. Cependant, les conséquences et l’ampleur de ce type de traumatismes restent peu traitées dans la presse généraliste.

À Rue89Lyon, un long et délicat travail d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles

Enquêter sur les affaires de violences sexistes et sexuelles n’est pas simple. Il faut mettre à distance bon nombre de stéréotypes et de pensées toutes faites via une documentation importante. Croire la parole de la ou des victime(s). En respectant leur rythme, il faut vérifier leurs dires, confronter les propos des un·es et des autres, poser des questions dures et examiner des preuves (quand il y en a) souvent difficiles à voir.

Marie, mère de 42 ans qui a été victime de violences sexuelles à Lyon. ©LS/Rue89Lyon
Marie, mère de 42 ans qui a été victime de violences sexuelles à Lyon.Photo : LS/Rue89Lyon

Un travail précis, long et méticuleux, qui peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ces affaires sont ensuite suivies au long cours, parfois sur plusieurs années.

Ce qui nécessite des journalistes disponibles, du temps et donc des moyens. Des moyens, pour un journal comme Rue89Lyon, indépendant, ça implique des abonnements sur lesquels nous pouvons compter. 

À Rue89Lyon, nous sommes convaincu·es que notre travail sur les violences sexistes et sexuelles est essentiel. Si vous le pensez aussi, permettez-nous de continuer : abonnez-vous.


#violences sexistes et sexuelles

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