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À Lyon, les consultations pour violences sexuelles en hausse

Le nombre de femmes qui portent plainte pour viol augmente chaque année à Lyon et en France. Une tendance favorisée par le mouvement MeToo.

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« Il arrive que des personnes que nous recevons n’aient pas conscience d’avoir vécu un viol », affirme Charlotte Dumas. Âgée de 31 ans, elle est chargée de développement associatif au sein du Planning familial du Rhône. La structure, située à Villeurbanne, est la plus importante de la métropole de Lyon.

Le Planning familial n’est pas spécialisé dans l’accueil des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS). Il s’agit d’une association féministe et d’éducation populaire, qui propose notamment des consultations médicales pour tous et toutes, et reçoit dans ce cadre des personnes qui ont été victimes de violences sexuelles :

« On reçoit beaucoup de femmes qui viennent demander un test de grossesse. Parfois, de fil en aiguille, on comprend qu’elles n’ont pas consenti au rapport sexuel, qu’elles sont en souffrance. »

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Un stand du planning familial lors d’une manifestation en faveur du droit à l’avortement à Lyon, le 28 septembre.Photo : MA/Rue89Lyon

Les professionnelles du Planning familial ne poussent pas les femmes qui s’y rendent à se confier, mais elles se disent toujours prêtes à « accueillir une parole ».

En 2021, 59% des consultations concernaient des violences sexuelles au Planning familial du Rhône

L’année dernière, le Planning familial du Rhône a reçu 148 personnes victimes de VSS contre 83 sur l’année 2020. En 2021, les patient·es venu·es pour une situation de violence sexuelle ou conjugale représentaient 59% des consultations. Un chiffre là aussi en augmentation par rapport à 2020 (47%).

« Ce ne sont pas les victimes qui augmentent, mais celles qui ont réalisé leur statut, explique Charlotte Dumas. Chez nous, il s’agit à 95% de femmes. »

Charlotte Dumas, chargée de développement associatif au Planning Familial de Villeurbanne. ©LS/Rue89Lyon
Charlotte Dumas, chargée de développement associatif au Planning familial de Villeurbanne.Photo : LS/Rue89Lyon

Pour elle, il est évident que le mouvement MeToo a joué un rôle clé, encore aujourd’hui, en aidant les victimes à avoir ce déclic :

« Je pense qu’il est désormais plus clair dans l’esprit de beaucoup de femmes que ce qu’elles ont vécu n’est pas normal, pas excusable. Elles mettent moins difficilement le mot de viol sur des événements passés par exemple. »

Un constat partagé par Floriane (qui a préféré gardé l’anonymat), psychologue. Elle a cofondé l’association MeToo Lyon en 2018, qui organise des groupes de paroles non mixtes ainsi que des permanences à destination des victimes de VSS dans le 7è arrondissement de Lyon.

La difficulté de mettre le mot « viol » sur un vécu

Depuis sa création, l’association – uniquement composée de bénévoles – ne désemplit pas. Pourtant, la plupart des femmes ne viennent qu’une ou deux fois. D’après Floriane, elles viennent pour se confier, mais pas seulement :

« Beaucoup n’arrivent pas à mettre des mots sur leurs traumatismes car elles ont du mal à se persuader que ce qu’elles ont vécu n’est pas de leur faute. Elles se culpabilisent et viennent nous voir pour faire le point avec nous. »

Floriane et la vingtaine de membres actives de l’association réorientent régulièrement vers des associations de Lyon les femmes victimes de violences sexuelles qui ont besoin d’un accompagnement juridique ou social.

Une augmentation de 25% du nombre de plaintes pour viol en 2021

Cette progression du nombre de femmes qui parviennent à mettre des mots sur leur vécu participe en partie à la hausse importante des dépôts de plainte en France. Selon le bilan « Insécurité et délinquance » du service statistique du ministère de l’Intérieur, en 2021, près de 75 800 faits de viols, tentatives de viols ou agressions sexuelles ont été comptabilisés, contre 57 100 en 2020 – soit une augmentation d’environ 25% en un an – et 28 000 en 2012.

Une augmentation des démarches en justice que les associations historiques d’aide aux victimes de Lyon, comme VIFFIL SOS Femmes, ou l’association Le Mas, ont du mal à suivre. VIFFIL aide les victimes de VSS et leurs enfants depuis 1979. La structure propose gratuitement de l’écoute, de l’aide juridique, et de l’aide au relogement. Elisabeth Liotard en est la directrice :

« Le nombre de femmes qui viennent nous voir chaque année ne cesse d’augmenter. En 2019 nous étions 20 pour les accueillir, aujourd’hui nous sommes 40, et si nous suivions la demande nous serions plus de 100. »

Cet article complète une enquête et un témoignage sur l’errance médicale et psychologique des femmes victimes de violences sexuelles à Lyon. Retrouvez ces articles ci-dessous.


##MeToo

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