
Nous avons pu échanger avec lui au téléphone afin de replacer le contexte de publication de la tribune initialement publiée et nous lui avons proposé de rendre public son propre texte, afin que la multiplicité des voix et points de vue soit entendue. Le maire du Teil, Olivier Peverelli a été ré-élu dès le premier tour des élections municipales de mars 2020.
Stanislas Waligorski n’a quant à lui pas été candidat, bien qu’il ait hésité avant de renoncer à rejoindre une liste concurrente, afin de ne pas laisser le champ libre « à la seule liste du maire et à celle du Rassemblement national ». Il nous a par ailleurs expliqué qu’il était sympathisant LFI. Nous avons sollicité le maire du Teil par mail afin qu’il puisse à son tour prendre la parole, ce qu’il a fait dans un texte circonscrit également publié.
« Je précise que j’habite au Teil, en plein centre (dans la vieille rue Kléber), et que je suis médecin retraité.
Où avez-vous été chercher ce tableau idyllico-délirant de la ville de Le Teil ? Où avez-vous cherché ce panégyrique effréné de l’actuelle équipe municipale ? Notre maire serait « l’une des personnalités les plus attachantes du monde » (sic). Nous ignorions en effet qu’il rivalisait avec le Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. Sa collaboratrice – Nathalie – est qualifiée de « déesse aux cents bras » ; nous pensions que cela était réservé aux divinités féminines de l’hindouisme.
Plus sérieusement, vous évoquez la création d’une zone commerciale « tout ce qu’il y a d’ordinaire » (sic), en bordure de commune –en fait en bordure de Rhône… Il faut préciser que cette zone n’est accessible qu’en voiture –et tant pis pour ceux qui n’en ont pas (trop vieux, trop pauvres…) ; et tant pis pour l’écologie (on fera tourner les moteurs….) ; et tant pis pour la proximité… Car cette zone commerciale a vidé le centre ville de ses commerces ; il suffit de se promener dans la rue de la République, ou le boulevard Stalingrad, pour voir les vitrines de commerces défunts, ridiculement maquillées d’affiches en trompe l’œil !
Plus grave, cette zone commerciale a entrainé la fermeture de tous les commerces des quartiers Sud du Teil (HLM du Frayol, HLM de la Violette), qui se retrouvent désertifiés.
La Violette ; des tours et des barres de HLM à 2 kilomètres (à vol d’oiseau) du centre ville, 3 kilomètres (à vol d’oiseau) de la zone commerciale, mais bien plus en voiture ou à pied ! La Violette, donc, possédait jadis un Intermarché, bien achalandé, un Brico Marché, une station service, un dépôt de bouteilles de gaz, etc. Tout a disparu ; la promesse d’ouvrir une supérette pour que les habitants du quartier puissent faire un minimum de courses est toujours en souffrance.
Il m’arrive de prendre en voiture de vieilles dames, chargées de cabas, qui s’en retournent à pied à La Violette, après avoir fait leurs courses au centre ville. Trois kilomètres à pied !
Et l’école maternelle de La Violette, où les mamans des HLM pouvaient amener leurs enfants, au bas des tours, est elle aussi promise à fermeture, comme trois autres écoles élémentaires et maternelles – écoles de quartier, écoles de proximité – au profit d’une grande école (en construction), plus de 200 élèves, qui aura – il est vrai – l’immense privilège de jouxter « Ardoise et coquelicot » et « zone 5 ».
Le Teil possède deux QPV (quartiers prioritaires dits « politique de la ville »), donc, par définition, des quartiers pauvres, dans une ville pauvre : le centre-ville (pompeusement appelé « cœur de ville »), et les quartiers sud (pompeusement nommés « Sud-Avenir »). Dans ces quartiers, pendant des années, la collecte des ordures ménagères a été indigne : des bacs débordant de sacs poubelles, des sacs éventrés (par les chiens, les chats) à même le sol ; un sol rarement balayé, ou jamais ; des odeurs insupportables, des rats, de grosses mouches noires…
Tout cela parce que les bacs étaient volontairement laissés ouverts, après chaque collecte, leurs couvercles coincés de telle façon qu’il fût impossible de les fermer.

Photo de poubelles éventrées prise par Stanislas Waligorski.
La faute ? Aux habitants, bien sûr ! C’est ainsi que pour quelques individus ne respectant pas les règles d’hygiène (et il en existe, il est vrai), des quartiers entiers étaient contraints de vivre en contact étroit avec leurs ordures. Les pauvres – c’est bien connu – ça vit dans les ordures ! (Ailleurs, au Teil, les couvercles des bacs étaient fermés ; les sols balayés…).
J’ai fait d’innombrables courriers à la mairie, à la communauté de communes, à la préfecture, à l’ARS (agence régionale de santé) ; et plus d’une centaine de photographies.
Alors non, Le Teil n’est pas cet Eden goguenard, ubuesque et rigolard que vous décrivez. »
En tant qu'habitante de Le Teil, je partage pleinement ce propos. J'ajoute que Mr le Maire, en bon socialiste, Macron compatible, qui se respecte, croit pouvoir éradiquer la pauvreté endémique sur la commune en pratiquant une politique culturelle élitiste, horriblement coûteuse, venue d'en haut pour faire couler ses bienfaits sur une population au chômage à grand renfort d'endettement, comme si
l' actuel n'était pas suffisant. En attendant la construction de notre SMAC ( Le Teil 8 000 habitants ) , nous devons rouler sur des routes défoncées, traverser des rues abominables désertées par les commerces, horriblement défigurées par la pauvreté et des quartiers vidés de vie. Alors que le centre ville se meurt, qu'à cela ne tienne les on laisse construire à tout va sur les hauteurs du Teil, et les pauvres en bas.
des commerces à l'abandon,des poubelles débordantes,des rues et places non balayées.
NON LE TEIL n'est pas un Eden et loin s'en faut.
8400 habitants,le maire élu avec 1500 voix!!!!Quel exploit!!!
Pour ce qui et des commerces , la ville ces vidées depuis le 11 novembre après le séisme que nous avons vécu.
Bien que sous le soleil du sud, c'est la pauvreté qui ressort, avec des commerces fermés, des bâtiments délabrés (bien avant le séisme) et ce en plein centre ville. Je n'ai pas vu de modes de déplacement doux. L'école publique que j'ai vu ne disposait d'aucune verdure...
La vision que j'en ai rejoins celle de ce médecin, bien que je connaisse des personnes très heureuses d'y vivre (hors du centre ville et véhiculées ceci-dit).
Je viens de Lorraine, Nancy exactement, et j'habite le Teil depuis 12 ans maintenant.
D'abord, si j'y suis resté c'est que je m'y sens pas trop mal ! C'est en partie vrai, mais j'ai hélas constaté, tremblement de terre mi de côté, que je n'y étais plus aussi bie qu'avant.
Comme il a été dit dans la lettre, depuis que l'intermarché à été déplacé, par exemple, nous n'avons plus aucun commerce alimentaire à moins de 2 voir 3 kilomètres. Moi aussi il m'arrive de ramasser sur ma route des personnes âgées avec leurs courses de la semaine au bout des bras. Imaginez vous à 70 ans l'été, en pleine chaleur, avec le masque covid portant deux gros sacs de courses sur 3 kilomètres....
Il y a aussi l'extinction des lampadaires de minuit à 6h. N'est-il pas possible de laisser un minimum de lumière à certains endroits pour la sécurité des riverains ?
Moi j'habite rue Henri Barbusse, et il y a deux mois je suis tombé nez à nez avec un cambrioleur qui tentait de pénétrer chez moi. J'ai aussi remarqué plus de dégradations sur les véhicules de cette rue. J'attribue ça au fait que notre rue est dans l'obscurité complète.
Le Teil et une ville qui meurt à petit feu, et je ne sais pas combien de temps je vais avoir envie d'y rester.