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C’est bien beau d’être artiste #34 : l’écrivaine Brigitte Giraud dans le feu de l’action

Dans le flot des parutions estampillées rentrée littéraire, « Jour de courage », le roman de Brigitte Giraud, trouve son chemin particulier et, comme on dit dans le jargon, un bel écho, amplement mérité. La couture de ce récit est précise, chaque pièce s’agence à partir de ce que Livio a choisi d’exposer à sa classe, c’est à dire le parcours aussi méconnu que fascinant de Magnus Hirschfeld, un médecin juif-allemand qui fut au début du XXè siècle un acteur central de l’avancée des droits des homosexuels.

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Photo Pascal Ito © Flammarion

La classe fait donc le décor, un lieu clos presque oppressant et surchauffé, dans lequel Livio va pouvoir parler de ce qu’il défend et de ce qui compose son être et son identité. Pendant cette plage de temps limité, il compte se faire entendre, de tous, de son enseignante déconcertée, d’élèves en semi-éveil, amusés, heurtés ou hostiles, d’une amie amoureuse de lui.

Son père, plus brutal, n’assiste pas à l’exposé ; mais comment n’a-t-il rien entendu jusque là ? En parlant de la bibliothèque et des archives du fondateur de l’Institut de sexologie à Berlin, qui furent brûlées par les nazis, Livio a opté pour le coming-out en forme de protestation, debout face aux autres.

Le courage s’installe dans la parole en ce jour particulier ; Brigitte Giraud en décortique le mécanisme sans le glorifier. C’est un moment suspendu, terriblement anecdotique et tout à la fois lourd de conséquences, dans la trajectoire d’un adolescent aujourd’hui en France.

On a demandé à Brigitte Giraud de jouer le jeu de l’entretien « Orgueil et préjugés », dans notre rubrique intitulée « C’est bien beau d’être artiste ». Une proposition que l’écrivaine a accepté sans hésiter, elle qui, à l’inverse du titre de la rubrique, a le bon goût de ne jamais tomber dans la bouffissure et dont on a tout à apprendre, finalement. Merci (beaucoup) et à la prochaine.

Photo Pascal Ito © Flammarion
Photo Pascal Ito © Flammarion

« On m’a confondue avec Brigitte Giraud, poétesse blonde vivant à Bordeaux et auteur d’un récit sur l’anorexie »

Rue89Lyon : Quel a été votre premier geste artistique ?

Brigitte Giraud : Faire le cochon pendu sur le « machin vert » en bas de chez moi à la Zup de Rillieux, en essayant d’avoir l’air inspiré, et en retenant ma jupe.

Quelle pratique ou toc d’écriture trouvez-vous intolérable ?

Faire croire que l’inspiration existe.

Quelle est pour vous la plus grosse arnaque artistique ?

Le patinage artistique.

Quelle est la situation la plus compliquée que vous ayez eu à traverser dans votre parcours d’écrivaine ?

Quand on m’a confondue avec Brigitte Giraud, poétesse blonde vivant à Bordeaux, et auteur d’un récit sur l’anorexie. Mes lecteurs me disaient qu’ils me suivaient sur mon blog/son blog donc, depuis des semaines. Avec un nom comme cela, ça devait arriver.

Avec lequel de vos parents pensez-vous avoir un problème/des questions à régler ?

Avec ma mère bien sûr, à qui je me mets à ressembler depuis deux ou trois ans. Ça aussi, ça devait finir par arriver.

Quelle personnalité politique pourrait vous inspirer un récit ?

Angela Merkel, un genre de polar qui vient du froid.

Quel est le dernier livre que vous avez lu et/ou que vous recommandez ?

Chimère, d’Emmanuelle Pireyre.

Quel est le disque que vous écoutez en boucle ?

Lullaby du groupe Low, un monument de mélancolie.

Le dernier produit culturel consommé/acheté/emprunté ?

Le nouvel album de Fabio Viscogliosi, Rococo et le nouvel album de Rachid Taha, Africa.

Avez-vous déjà eu le sentiment de faire des compromis avec votre art ?

Ben non.

Quand a-t-on considéré autour de vous que vous faisiez un “vrai métier” ?

Quand je mettais les pieds à Paris pour aller chez mon éditeur… Paris, la ville des vrais métiers !

« Jour de courage », paru aux éditions Flammarion, 17 €.


#Patinage artistique

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#Brigitte Giraud#Culture#Ecrivain#Littérature#Patinage artistique#Rentrée littéraire#Roman

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