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Drôme : des bénévoles pour surveiller les troupeaux contre le loup et reposer les éleveurs

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Après avoir perdu une quinzaine de brebis il y a deux ans, un couple d’éleveurs s’est rapproché d’une association pour surveiller ponctuellement son troupeau et tenter de faire cohabiter les deux espèces.

(…) L’attaque du 5 novembre 2017 ne les a pas totalement pris au dépourvu. Plusieurs éleveurs du coin ont déjà été victimes de prédation lupine. Alors Yann Rudant et Claire Lapie se sont équipés : la nuit du «carton», les brebis paissaient dans un parc électrifié, sous le regard attentif de deux patous, des chiens de protection dressés pour faire face au loup. «Ce jour-là, on a pris conscience que ce qu’on avait prévu était insuffisant, car on n’avait plus affaire à des individus de passage mais à une meute installée», analyse l’éleveur. Pour protéger son troupeau, dont 10 % de l’effectif vient d’être décimé en quelques heures, il passe les nuits suivantes dans sa voiture près de ses bêtes, paré à intervenir s’il aperçoit quelque chose. «On était en train de se noyer, physiquement comme mentalement», lâche-t-il.

Yann Rudant et Claire Lapie décident de médiatiser leur situation pour «lutter contre le poids du silence». «Il fallait arrêter de se voiler la face et de faire comme s’il n’y avait pas un problème spécifique avec le loup, rembobine la jeune éleveuse. Et aussi combattre les médisants qui racontent que ça nous arrange, ces attaques, parce que nous sommes des « ponctionneurs » de subventions.» Leur parcours professionnel les aide à aller à contre-courant de l’omerta souvent de rigueur dans le monde paysan. Elle est originaire de Champagne, lui de Franche-Comté, et avant d’élever des moutons, ils travaillaient à Amiens (Somme), respectivement comme cheffe de projets en gestion d’espace naturels et technicien forestier. Mais en 2012, lassés du temps passé au bureau et des pesanteurs de la hiérarchie, ils décident de changer de «mode de vie». Ils maturent leur reconversion en parcourant la France en woofing (travail bénévole dans des fermes en échange du gîte et du couvert), bossent comme bergers salariés, avant d’investir à Ballons en 2015. «Pour nous, c’était sûrement plus facile de prendre la parole», concède Claire Lapie.

«Pansement sur une jambe de bois»

Dans les mois qui suivent, ils entrent en contact avec Eric Vissouze, de l’association Ferus, qui milite pour la sauvegarde des grands prédateurs (loup, ours et lynx) en France. L’homme leur propose d’intégrer le programme Pastoraloup, qui forme des bénévoles pour venir aider à la protection des troupeaux. Au départ, reconnaît Claire Lapie, la méfiance est de mise. «On avait peur de se retrouver face à des intégristes pro-loups qui viennent nous expliquer comment faire notre travail», se souvient-elle. Mais après quelques échanges avec de précédents bénéficiaires, elle et son compagnon se laissent convaincre. Les premiers soutiens débarquent à l’été 2018, opération renouvelée cette année avec dix bénévoles répartis de juin à août.

Géraldine, 27 ans, en fait partie. Cette soigneuse d’animaux sauvages souhaitait joindre les actes à la parole. «C’est facile d’avoir une opinion pro-loup depuis son canapé, sans vivre le quotidien des éleveurs, dit-elle. Je pense qu’il faut accepter le retour du loup et trouver des solutions pour que la cohabitation se fasse.» Pendant huit jours, la voilà donc transformée en gardienne de troupeau. Sur les hauteurs du village, elle a planté sa tente à proximité de la parcelle occupée par le groupe de quelque 180 brebis. A l’intérieur de la clôture électrifiée, l’enceinte est surveillée par deux patous femelles, Naille et Bergère. Ces bestioles au pelage crème et à l’aboiement rauque et sourd portent un collier clouté autour du cou, ultime défense face aux mâchoires d’un loup.


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