Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Aidez-nous à réunir 100 nouveaux abonné·es avant le 29 mars 2024 !

Soutenez un journalisme de terrain qui se fait avec vous. Aidez-nous à réunir 100 nouveaux abonné⋅es avant le 29 mars 2024.

29/03/2024 date de fin
1 052 abonné⋅es sur 1 100

En Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez respire la fumée noire d’Emmanuel Macron

Jusque là, c’était lui qui menait la danse. Mais à l’issue d’une longue séquence politique nationale (élections présidentielle et législatives), de laquelle il n’a rien pu tirer, Laurent Wauquiez tente non sans mal de tenir la barre de la Région qu’il préside, Auvergne-Rhône-Alpes.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Laurent Wauquiez à l'Ecole centrale de Lyon, juillet 2016. Crédits : SS/Rue89Lyon.

Les ondes de choc de la donne impulsée par Emmanuel Macron n’ont pas fini de se faire sentir. Dans les collectivités locales, les élus issus de groupes politiques traditionnels (de gauche ou de droite) et qui ont choisi de suivre la marche présidentielle, sont au coeur d’enjeux de taille.

Laurent Wauquiez avait réussi, pour ravir la présidence de la Région, à faire alliance avec le Modem et cela, malgré sa propre posture politique radicale. Dans la personne de Patrick Mignola, il avait ainsi trouvé une prise de guerre centriste intéressante. L’élu savoyard a été dans la foulée largement remercié, en étant nommé vice-président aux Transports, la compétence régionale la plus conséquente.

Laurent Wauquiez à l'Ecole centrale de Lyon, juillet 2016. Crédits : SS/Rue89Lyon.
Laurent Wauquiez en juillet 2016. © SS/Rue89Lyon.

Mais Patrick Mignola n’avait pas vu là l’aboutissement de sa carrière politique, loin s’en faut. Choisissant de suivre En Marche ! dès avril 2017, il a été presque aussitôt investi aux législatives par le mouvement d’Emmanuel Macron ; pour être élu député sous cette étiquette ultra-bankable.

Si le Modem n’a pas de complexe à défendre une idéologie à géométrie variable (pro-Macron pour le national, aux côtés de la droite dure pour le régional), ce parti modulable ne pourrait-il pas montrer quelques velléités propres ?

Laurent Wauquiez, qui brigue la tête du parti Les Républicains, a promis au gouvernement d’Emmanuel Macron une infatigable et radicale opposition. Les 9 élus Modem de la Région (parmi lesquels trois sont devenus députés avec la République en marche) ont une occasion rêvée de lui rendre la pareille.

D’abord, ils pourraient devenir a minima pour Laurent Wauquiez ce que les écologistes ont été à Jean-Jack Queyranne (lorsque le socialiste présidait la Région Rhône-Alpes) : c’est à dire une opposition au sein même de la majorité, autrement dit un gros caillou dans la chaussure.

Ensuite, s’ils optent pour la manière forte, quelques élus centristes Modem et UDI pourraient décider tout simplement de faire perdre sa majorité au président de Région. Elle s’est construite autour de Laurent Wauquiez avec 113 élus ainsi dispatchés : 82 Les Républicains, 22 UDI et 9 Modem. Atteinte à 103 élus, cette majorité tient donc à un fil aussi ténu que des convictions politiques.

François-Xavier Pénicaud, conseiller régional Modem et président du parti de François Bayrou dans le Rhône, nous avait lâché au soir des élections législatives :

« On fait partie d’une majorité de projet, on a été élus là-dessus. Tant que ce projet est respecté, nous en faisons partie. »

Pour le moment, entend-on. Dans le contexte, personne ne se priverait d’un petit coup de pression.

Les trains passent sans s’arrêter devant Patrick Mignola

Laurent Wauquiez lors de la présentation de certains de ses colistiers. Crédits : Eric Soudan.
Patrick Mignola à la gauche de Laurent Wauquiez, pendant la campagne des élections régionales. À l’époque, tout allait bien. © Eric Soudan.

Il est l’homme à convaincre/à abattre/à séduire, selon les camps et les heures. Ne pouvant pas cumuler son poste de VP avec sa casquette neuve de député, Patrick Mignola devra abandonner d’ici quelques semaines la gestion de la compétence la plus touffue de la Région, la relation avec la SNCF et le fonctionnement des TER. Il pourra toutefois conserver sa fonction de conseiller régional.

En attendant, Laurent Wauquiez semble avoir du mal à avaler les couleuvres macroniennes que son VP lui a faites avaler. Lors d’un point presse récent, le président de Région a catégoriquement refusé de répondre à toute question portant sur sa majorité.

Le quadra du Puy-en-Velay ne serait pas imperméable au sentiment de rancoeur. Patrick Mignola aurait dû présenter la convention TER signée avec la SNCF lors de l’assemblée plénière de ce jeudi 29 juin. Mais le dossier, l’un des plus sensibles et fondamentaux de la politique régionale, ne figure pas à l’ordre du jour.

Le nouveau député se trouve ce jour à l’Assemblée, ce qui arrange sans doute Laurent Wauquiez, qui préfère que la dite convention soit présentée par l’élu-e qu’il choisira prochainement pour succéder à Patrick Mignola sur la compétence Transports -nécessairement plus loyal-e à ses yeux.

Le PS dans l’expectative et le FN en embuscade

Du côté du groupe « socialiste, démocrate, écologiste et apparentés », présidé par Jean-François Debat (PS), la situation induite par les ralliements au mouvement En Marche ! n’est pas plus confortable. Pas moins de trois de ses conseillers régionaux ont remporté les élections législatives avec la République en marche. D’autres encore dans ce groupe ont fait allégeance au mouvement macroniste.

Si un groupe En Marche ! se constituait à la Région (il suffit de 5 élus pour en former un), non seulement le groupe socialiste serait affaibli mais, en plus, le Front national deviendrait la première force politique d’opposition à Laurent Wauquiez, en étant doté du plus grand nombre d’élus de ce côté de la barrière.

Les tractations sont loin d’être achevées. C’est en décembre prochain, au moment du vote du budget, que les groupes politiques auront l’occasion de se reconstituer.

D’ici là, Laurent Wauquiez devra lui aussi procéder à un remaniement de son exécutif. Le Modem Patrick Mignola file vers l’assemblée nationale mais il n’est pas le seul VP de l’exécutif régional dans ce cas. Chez Les Républicains, Martial Saddier (VP au développement économique et à l’emploi) a été élu député, tout comme Émilie Bonnivard (VP aux dossiers agricoles et ruraux). Des personnalités centrales qu’il ne sera pas simple de remplacer, au regard des forces en mouvement.

 

Et si le prochain article que vous lisiez existait grâce à vous ?

Depuis 12 ans, à Rue89Lyon nous portons un journalisme de terrain qui se fait au plus proche de vous, de vos préoccupations et de votre vie. Aujourd’hui nous voulons faire plus. À l’heure de la défiance grandissante des citoyen·nes envers les médias, on veut vous impliquer dans la fabrique de l’information.

Nos enquêtes, ce sont vos histoires, vos combats et vos luttes. Mais aujourd’hui nous voulons vous donner encore plus de place dans la fabrique de l’info.

Engagez vous avec nous. Venez contribuer à faire le Rue89Lyon de demain.


#Auvergne-Rhône-Alpes

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

À lire ensuite


Partager
Plus d'options