
Avec d’autres familles du quartier, elle essaye quotidiennement d’aider les Albanais en demande d’asile qui tentent de rester à proximité de l’esplanade Nelson Mandela. Sans accès aux fontaines publiques alors que le niveau 3 du plan canicule a été activé dans le Rhône.
Comme tous les matins, ce lundi à 7h puis à 9h la police est passée pour exiger qu’ils démontent leurs tentes. Ce sont environ 80 Albanais tous demandeurs d’asile, dont une majorité de familles avec des enfants en bas âges, mais aussi des personnes en situation de handicap.
Basés sur la friche face à l’esplanade Nelson Mandela (arrêt de tram des archives départementales), ils survivent dans des conditions ultra-précaires alors même que le niveau 3 du plan canicule vient d’être déclenché par la Préfecture.
Il faut ici souligner que l’eau de la fontaine publique de l’esplanade est coupée.
Sans accès à l’eau et sans hébergement : l’accueil qu’il leur est réservé nous questionne beaucoup en cette journée internationale des réfugiés.
Nous sommes une famille habitante du 3e arrondissement (secteur Dauphiné-Lacassagne) en lien avec ce groupe d’Albanais depuis le printemps 2017.
Nous avons d’abord fait la connaissance en bas de chez nous d’une famille de quatre personnes venue du nord de l’Albanie. C’était la première fois qu’ils stationnaient sur l’esplanade Nelson Mandela, après avoir été expulsés du square du Sacré Coeur.
Les enfants ont sept et trois ans, les mêmes âges que nos propres enfants. Ils sont scolarisés à l’école Paul Bert, proche de chez nous. Le père et la mère sont demandeurs d’asile et à la rue depuis novembre 2016.
Nous avons réussi à échanger dans un français tâtonnant.

Les affaires des familles albanaises qui montent tous les soirs une vingtaine de tentes sur la friche en face des archives départementales du Rhône. ©DR
« Les mêmes âges que nos propres enfants »
C’est le week-end de Pâques. Le printemps est hésitant.
Nous sommes touchés par leur demande : ils ont besoin d’une tente. Ils dorment sous les étoiles. Cette seule idée nous est difficile à accepter. Nous leur donnons une tente puis continuons à essayer de comprendre leur situation au gré de nos passages. Un soir ils nous appellent en disant « on a froid, on a faim, c’est trop dur ». Tout comme eux, des dizaines de personnes ont disposé leur affaires relativement discrètement dans le parc.
La police les expulse le lundi de Pâques de l’esplanade Mandela. La famille avec laquelle nous sommes en lien n’ose pas nous alerter en pleine nuit. On découvre rapidement que le groupe s’est déplacé vers le parc Bazin. Les tentes poussent petit à petit pour constituer au final un groupe de 110 personnes. Leurs tentes vertes, regroupées sur deux zones distinctes, se fondent bien sur les pelouses. Le parc est bien plus grand que le précédent, mais seulement un seul sanitaire est ouvert.
« Le début d’un collectif informel d’habitants »
Un jour, nous repérons deux habitants du quartier en discussion avec des Albanais. C’est le début d’un collectif informel d’habitants. Rapidement nous envisageons différentes pistes d’action : aide pour les besoins vitaux (alimentaires, vêtements), appui des demandes administratives et juridiques, plaidoyer médiatique, actions de masse, recherche de squats…
Toutefois nous réalisons très rapidement que nous sommes trop ambitieux pour nos profils néophytes et que d’autres acteurs doivent jouer leur rôle.
Le droit d’asile est en effet très complexe, les prérogatives des acteurs institutionnels sont difficiles à comprendre et les questions de chaque famille très diverses.
Certain-e-s d’entre nous passent beaucoup de temps sur le terrain tout en cherchant la bonne posture et la juste place. L’émotion face aux situations est parfois difficile à accueillir, surtout quand on voit arriver une famille avec une petite fille de 4 mois…
Malgré tout, les rencontres sont très belles et simples. Nous échangeons dans toutes les langues français, allemand, anglais et italien.
Jamais nous ne nous sommes sentis en insécurité. Nous y allons même régulièrement avec nos propres enfants pour amener de la légèreté. Des courses de vélo ou des parties de foot s’organisent.
« Une quatrième expulsion et une fontaine coupée »
Vendredi 5 mai 2017, je suis allé au tribunal administratif. Le juge prononce l’expulsion du Parc Bazin. La Ville de Lyon a mis en avant le droit à la propriété en s’appuyant sur une quarantaine de plaintes de riverains Montchatois.
Mardi 6 juin 2017, la peine est exécutée. A 6h du matin, nous recevons un appel. Les 110 personnes sont chassées du parc. Zéro relogement proposé. C’est l’élue du 3e à la tranquillité public qui est sur place. Elle s’appuie d’une part sur les plaintes des habitants, mais aussi sur le fait que ce seraient des mafias qui les auraient amenés ici. Ce à quoi nous répondons que ce n’est pas ce que nous avons observé sur le terrain. Nous constatons que le groupe est peu, voire pas du tout organisé et que les parcours d’arrivée sont très divers.
Une journée durant les Albanais errent par petits groupes dans la ville de parcs en parcs où ils trouvent systématiquement des vigiles et la police. Ils finissent par se rassembler sur la friche face à l’esplanade Nelson Mandela au milieu des crottes de chiens et de plants d’ambroisie.
La fontaine est coupée le jour même et les toilettes sont hors services. Un riverain interpelle le maire du 3e Thierry Philip qui fera ouvrir deux jours plus tard les sanitaires… qui sont de nouveau hors service ce mercredi.
Depuis le début de l’année 2017, c’est déjà le quatrième espace public fréquenté par les demandeurs d’asile albanais et dont ils se font chasser. Ils ont successivement été expulsés du square Jugan, du square Baraban, puis de l’esplanade Nelson Mandela et enfin du parc Bazin.
Deux de ces parcs restent encore partiellement fermés aux habitants du quartier. Nous nous sentons directement pénalisés car nous fréquentons régulièrement l’ensemble de ces parcs avec nos enfants.

La fontaine publique à sec de l’esplanade Mandela. ©DR
« La police harcèle les familles albanaises »
Les jours et les nuits passent. La police les harcèle en permanence pour éviter que les tentes ne restent montées au delà d’un délai de 48h, au-delà duquel la mairie doit de nouveau saisir le tribunal administratif pour une nouvelle expulsion.
Dans ces conditions, les Albanais se sentent comme des chiens alors même qu’ils sont demandeurs d’asile avec des droits inscrits dans la Déclaration des droits de l’homme et dans la Convention de Genève : droit à la dignité, droit à l’accès à l’eau, droit à l’hébergement, droit à la scolarisation.
Ce n’est pas pour le plaisir que des familles vivent dans des conditions aussi précaires avec des enfants. Si l’Albanie est déclarée pays sûr par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA, en charge de traiter les demandes d’asile), les récits de vie que nous entendons sont ceux de personnes prises dans des logiques de vendetta et de violences dans un pays corrompu à tous les niveaux. Certain-e-s ont peur pour leur vie s’ils rentrent au pays.
Ils sont tous demandeurs d’asile, la plupart en demande OFPRA, d’autres en recours CNDA. Aucun débouté du droit d’asile contrairement à la communication faite par la Préfecture.
Nous sommes à Lyon sur un « petit Calais ». Ce n’est pas la politique migratoire qui pose problème (les immigrés ne représentent que 3% à 4% de la population), mais bien la politique d’accueil des migrants. En tant qu’habitants nous dénonçons cette politique, mais aussi le manque de coordination et de pilotage des ONG sur le terrain.
Il ne l'est plus.
Peut-être faudrait-il que ces individus apprennent à respecter le voisinage avant de penser à les aider.
Voisinage qui, contrairement à votre article, est majoritairement excédé par cette installation sauvage qui croît de jours en jours.
Le parc est sali par tous, les fins de pique-nique du midi ou du soir ne sont pas belles à voir. Je ne pense pas que les migrants est beaucoup à voir là dedant.
Pour être allé au contact de ces habitants des parcs, je peux dire qu'ils respectent au maximum les espaces, qu'ils demandent des sacs poubelles et sont très sensible au respect des lieux.
Ces albanais doivent être expulsés au plus vite !
Et contrairement à ce que vous dites ce parc comprend DEUX sanitaires et de NOMBREUSES poubelles, ce qui n'empêchait pas vos amis albanais de faire leurs besoins n'importe où et de laisser leurs détritus dans les pelouses.
Quand à dire que ces personnes sont "contraintes" de vivre dans des parcs laissez moi rire... On leur a pas demandé de venir, bien au contraire ! La porte est grande ouverte s'ils veulent rentrer dans leur pays.
Je ne propose pas la déchéance de nationalité (encore une fois vous êtes hors-sujet), je propose tout simplement l'application de la loi : expulsion de tous les clandestins qui ne peuvent pas bénéficier du droit d'asile !
Pourquoi tu donnes le tien alors ?? Chacun a le droit de s'exprimer je vous signale !
Je vous signale que ces demandeurs d'asile dans les parcs n'ont même pas pu déposer de dossier, comme ça, ils ne sont pas connus de la préfecture qui ne se sent nullement l'obligation légale de les héberger.
C'est dingue, ça ! les Lyonnais veulent des parcs propres ? qu'ils demandent avec insistance à la Préfecture de loger les familles, ils devraient même l'exiger.
Si Collomb est maintenu comme ministre de l'intérieur, ça craint. Dans toute la France les migrants seront traités comme à Lyon ou à Calais. Si ce n'est pas Collomb mais un autre LREM, ce sera du pareil au même. Leur hobbie c'est d'expulser les migrants, leur rendre la vie tellement impossible qu'ils décident d’eux-mêmes de rentrer, la France ne voulant surtout pas dépenser de sous pour les voyages retour. La honte.
"Plus on en fait, plus "ils" viennent!"
Conclusion: Comment faire le moins possible? Et bien la comme à Calais on coupe les moyens de survie de base. Bravo à notre Ministre qui apporte une contribution majeure au "renouvellement de la politique"
Merci pour cet article. Les familles sont-elles encore à l'esplanade aujourd'hui ? La mairie me dit que non. Où sont-ils désormais ?
Pour demander la remise en route de la fontaine, on peut appeler le zéroquatre 72 83 quatorze vingt, service municipal.
Merci pour cet article d'alerte.
Et pourtant, la loi française permet au Préfet (et au Ministre de l'Intérieur évidemment) de "mobiliser" ces bâtiments vacants pour en faire, temporairement, des foyers d'hébergement d'urgence ...
Mais ce serait trop simple d'appliquer la loi pour accueillir dignement ces personnes.
Cherchez l'erreur ....
Vous parlez d'un collectif informel qui s'est créé, y a-t-il possibilité de vous contacter ?
L'eau des fontaines sert entre autres à laver les rues, les places de marché, à refroidir des bâtiments en cas de canicule et coûte.....2€ le M2! (1000 l! ) Alors invoquer pour certains ne pas vouloir payer l'accès à l'eau potable (par leurs impôts) c'est à vomir Heureusement que ce n'est pas un choix individuel sinon il y aurait des criminels en puissance tout autour de nous! Mais cela renvoit du coup sur la responsabilité (criminelle ?) si l'eau était coupée par volonté politique. J'imagine que des associations humanitaires peuvent déposer plainte au T.A.?
Heureusement il y a des citoyens pour qui la vie humaine vaut plus qu'une bouteille d'eau..
Seuls contre l'intolérable on ne peut pas grand'chose.
Comment rentrer en contact avec ceux qui agissent déjà (assocs, habitants)?
Vous pouvez me contacter via twitter https://twitter.com/coulinoulinette
n'hésitez pas, plus on est nombreux à se mobiliser plus la mairie sera obligée de changer d'attitude.
Nous leur avons amener de l'eau hier et aujourd'hui et nous prévoyons de préparer et emmener un repas pour demain midi.
J'irai également à la mairie du 3ème pour rencontrer qqun.
Séverine Roger
Vous pouvez me contacter via twitter https://twitter.com/coulinoulinette
n'hésitez pas, plus on est nombreux à se mobiliser plus la mairie sera obligée de changer d'attitude.
Nous leur avons amener de l'eau hier et aujourd'hui et nous prévoyons de préparer et emmener un repas pour demain midi.
J'irai également à la mairie du 3ème pour rencontrer qqun.
Je suis indignée par la déresponsabilisation des pouvoirs publics qui doivent garantir un traitement humaniste pour ces personnes !!!!
Donc MERCI À TOUS LES FRANCAIS QUI LE FONT AU QUOTIDIEN ! Je suis heureuse de faire partie de cette société qui construit un vivre-ensemble au delà de nos différences, bienveillant et FRATERNEL !
... pour faire suite aux nombreux commentaires postés suite à cet article.
Avant d'écrire, je vous conseille fortement d'aller les rencontrer pour comprendre pourquoi ils veulent vivre ici, car, chez eux, ils ne pourraient pas vivre.
Je suis à Grenoble, la situation est la même, sauf que nous avons une mairie qui sait installer l'eau et les toilettes, avant que la préfecture vide un camp et mette ses occupants dans des gymnases. J'ai aussi logé des migrants et ... je suis toujours là ;-))
La France a de l'argent, il faut le prendre où il est, pas dans la poche des petites gens qui ont juste de quoi vivre.
Collomb a encore osé parler de la "peur d'un appel d'air" à Calais ! Alors, il préfère faire la police pour les Anglais qui ne veulent pas que les migrants rejoignent leur famille !
on marche sur la tête.
Puis faudrait savoir, je croyais qu'en France aussi on traitait mal les minorités, finalement pas tant que ça apparemment vu comme ces gens s'accrochent à notre beau pays, ravi de l'apprendre :-)
J'espère qu'ils ont reçu un meilleur accueil que celui que certains français réservent aux migrants. Chaque année ils sont plusieurs milliers à partir s'établir ailleurs. Et alors ? Tout le monde doit avoir le droit de choisir l'endroit où il veut vivre.
Les Français qui s'installent à l'étranger le font pour travailler et avec des autorisations eux ! Quant à vos amis albanais, l'ambassadeur de France à Tirana s'inquiète lui même de demandes d'asile "totalement abusives" et d'un trafic de "fausses attestations" en albanie... Tout est dit alors réveillez vous !
Les accusations de l'ambassadeur de France à Tirana rejoignent étonnamment les accusations de pratiquement tous les ambassadeurs. Certains refusent même de donner des visas "visiteurs" à des personnes qui veulent simplement venir voir de la famille en France.
La suspicion généralisée est en train de faire de la France un pays raciste de réputation, alors qu'il a besoin d'actifs pour payer les retraites (ne dites pas qu'il n'y a pas de travail, des milliers d'emplois ne sont pas pourvus à Pôle Emploi). Les patrons ne pourront pas tout délocaliser et ils viendront pleurer qu'ils ne trouvent plus de salariés.
Les conséquences de l'arrêt total de l'immigration serait catastrophique.
Les conséquence de l'immigration sont catastrophiques vous voulez dire (insécurité, attentats, fraudes, trafics en tout genre, etc.) mais continuons comme ça vous avez raison !
Si les gouvernements successifs s'étaient un peu mieux des jeunes, il y aurait moins de problèmes. La police de proximité enlevée par sarko n'a jamais été remplacée dans les quartiers, et c'est fort dommage. Les autorités ont laissé un désert aux mains des dealers.
Je n'ai pas dit que les chômeurs étaient des fainéants, vous extrapolez. Je constate simplement, sans en connaitre les causes, qu'il y a des milliers d'emplois non pourvus : petite enquête en 2015
http://www.allochomage.com/103163-les-10-metiers-mal-aimes-en-2015-offres-demploi-non-pourvues.html
Beaucoup de pays n'exigent pas de visas, respectant la liberté de circulation et d'installation qui devrait être de mise partout.
Sur ce, je préfère vous laisser à vos certitudes. C'est plus facile de vivre avec des boucs émissaires fautifs de tout ce qui va mal.
Je les avais vu à Sacré Cœur et cela me révoltait déjà de les voirs dans de telles conditions.
J'aimerais participer à ma manière.