
« Toutes les personnes dont nous avons connaissance par le 115, les associations et les maraudes ont une solution de mise à l’abri pour ce week-end », expliquait Xavier Inglebert, préfet délégué à l’Egalité des chances, au Progrès dans son édition du 7 janvier .
Le gymnase Clémenceau (Lyon 7ème) devait ouvrir, en plus du gymnase Chanfray (Lyon 2ème). Toutes les équipes du 115 et du Samu social avaient été prévenues. Elles n’attendaient que l’ouverture officielle vendredi en début d’après-midi pour commencer à orienter les SDF vers ce nouveau lieu.
Et finalement, contre-ordre : la préfecture, en accord avec la Ville de Lyon, a estimé que les « 40 places » libérées ce jour-là suffiraient à accueillir les sans-abri qui faisaient une demande d’hébergement.
Les travailleurs sociaux de l’urgence sociale ont accusé, dans un communiqué, le maire de Lyon, Gérard Collomb, d’avoir bloqué cette ouverture. Mais cette décision a bien été assumée par la préfecture du Rhône, compétente en matière d’hébergement d’urgence.
Tout le week-end, les proches du maire sont montés au créneau (via les réseaux sociaux notamment). À commencer par l’adjointe aux affaires sociales, Zora Aït-Maten, en accord avec l’analyse du préfet à l’égalité des chances, dans un post Facebook :
« Il est apparu que, au fil de la journée [de vendredi], que j’ai suivie de très près en tant qu’adjointe aux Affaires sociales de la Ville de Lyon, les dispositions de mise à l’abri étaient remplies et ne nécessitaient pas une 2ème ouverture. Toutes les personnes désireuses, et c’est la dessus, qu’il nous faut aussi insister, d’être hébergées, le seront sans aucun problème ! »
L’élu socialiste et blogueur Romain Blanchier y est allé également de son post de défense du maire de Lyon.
59 personnes sans-abri repérées par les équipes du Samu social
Mais comme on pouvait s’y attendre, au vu du nombre de personnes sans solution, de nombreuses personnes ont dormi à la rue ce week-end. Et les solutions ne sont pas pour demain.
Deux chiffres sont à retenir :
- Au cours des trois nuits du week-end passé (vendredi, samedi, dimanche), les équipes du Samu social parties en maraude ont vu 59 personnes différentes dans la rue, à Lyon et Villeurbanne. Autant de SDF qui voulaient se mettre à l’abri mais à qui le Samu social n’a pas pu proposer de places.
- 1504 personnes ont appelé le 115 ces quinze dernier jours et n’ont pas pu avoir une place d’hébergement d’urgence (chiffre arrêté au vendredi 6 janvier). Et chaque jour de ce week-end, c’est au moins 260 personnes qui ont accédé au 115 sans avoir de solution.
Ces personnes rencontrées par le Samu social sont sur un bout de trottoir ou au parc Jugan, derrière la gare Part-Dieu, où il y a de nouveau sept tentes plantées. Ce sont les plus visibles, celles que deux équipes de deux personnes peuvent voir entre 19h et 1h du matin, le temps d’une maraude.
Des places d’hébergement ouvertes, en nombre insuffisant
Ces chiffres sont transmis par Jérôme Colrat, Directeur de l’association Alynea, qui gère le Samu social de Lyon. Également président de l’association de la Fédération Nationale des Samu sociaux, il sort de sa réserve habituelle pour sonner l’alarme :
« On est dans une situation désespérée. C’est dur pour les équipes et surtout dur pour ceux qui vivent à la rue ».
Comme bon nombre de responsables associatifs, il salue l’ouverture d’un grand nombre de places sur le territoire. Pour autant, les 100 places de la résidence le Rosa à Givors sont annoncées comme ouverte mais ne sont pas effectives. Le dispositif global d’hébergement d’urgence (places pérennes, plan froid et gymnase) représentent 4902 personnes mises à l’abri, selon les chiffres de ce lundi.
« Oui, l’État a augmenté de façon significative les places d’hébergement mais cela reste malheureusement trop insuffisant. En 2017, nous faut-il encore attendre le drame de morts dans la rue pour réagir et nous mobiliser ?
Le problème est complexe. Oui, c’est à l’État de faire. Mais il ne faut pas crier haro sur l’État. Il ne peut pas faire seul, sans les collectivités et la mobilisation des propriétaires de logements vacants ».
Jérôme Colrat appelle à l’accélération de l’ouverture des structures prévues dans le cadre du plan froid et, à défaut, la mise en service d’un deuxième gymnase. Une pétition dans ce sens a également été envoyée par la Coordination urgence migrants à Gérard Collomb.

Le gymnase Chanfray héberge des SDF depuis le 3 janvier. Il affiche complet avec 130 personnes accueillies. ©LB/Rue89Lyon
Le désarroi exprimé par les équipes mérite d'être entendu. Les débats sur les bons et les méchants n'ont que peu d'intérêt. Par contre, il est indispensable qu'un véritable travail de connaissance s'engage. Les moyens doivent être ajustés à la demande. Il faut cesser de limiter la prospective à la question des moyens. C'est la nature des réponses qui est importantes.
Il faut décloisonner les interventions, il y a un nombre impressionnant d'initiatives potentielles qu'il faut soutenir.
La responsabilité des élu-e-s est aujourd'hui de proposer, d'animer et de construire, aux côtés des professionnel-les. Il nous faut retrouver des capacités d'innovation et soutenir celles et ceux qui agissent.
André Gachet, élu du 1er et Conseiller à la Métropole
l'article ne correspond pas du tout au titre: est-ce que Gérard Collomb a refusé l'ouverture d'un second gymnase ? La réponse est non. Pour le reste, qu'il y ai des soucis sur la détection de la pauvreté et des situations d'urgence, que le 115 soit insuffisant c'est vrai et j'en ai même parlé. Mais le communiqué de ce collectif (qui ne représente pas forcément d'ailleurs tous les travailleurs sociaux) publié sur Rebellyon n'en est pas moins faux : collomb n'a pas (et n'a pas le pouvoir) réfusé d'ouvrir Clémenceau.
Pour le reste oui le 115 reste trop souvent inaccessible et sans proposition, par exemple ce matin. C'est un vrai souci de détection des situations d'urgence (j'appelle ça comme ça mais vous pouvez trouver un autre nom) et ça pose des questions sur le plan froid.
Pour ce qui est de "l'efficience" du 115, l'utilisation même de ce terme est une insulte aux personnes qui y travaillent : dans le cas présent le 115 a eu 260 appels pour 0 places à proposer c'est à dire qu'ils ont eu une efficience de 100% étant donné les moyens donnés. Si vous avez des solutions réelles autre que des ouvertures de places à proposer ne vous gênez pas.
Personnellement j'en ai une qui sera surement partagée par les personnes connaissant un tant soit peu les dispositifs d'hébergement d'urgence : régulariser les personnes qui restent des années en places de stabilisation, qui ne sont pas expulsables mais à qui on empêche l'accès au logement.
Je maintiens que de parler d'efficience du 115 sans lui donner de moyens relève au minimum de l'irrespect pour ceux qui y travaillent et/ou d'une méconnaissance des enjeux.
On pourrait comprendre par vos commentaires que le 115 a du mal à repérer les situations d'urgence, et par conséquent que la mairie aurait été mal informée quand à la possibilité que des personnes soient à la rue.
Le 115 ne travaille pas seul, les situations sont repérées par de nombreux services sociaux : 115 et MVS en premiers lieux, mais aussi CCAS, MDR, réseau associatif etc... Si la coordination de ces acteur peut toujours être améliorée, croyez moi ils travaillent déjà ensemble de façon admirable et tout le réseau sait que de nombreuses personnes sont sans solution d'hébergement. Dans l'immédiat le seul réel problème est le manque de places.
PS : oui je reste anonyme car mon travail n'est malheureusement pas compatible avec une prise de position publique à ce sujet.
Rien de "trompeur" là-dedans.
Reste le problème, plus essentiel, de la question de l'aide d'urgence : ce matin il y a eu de nouveau un manque de places alors qu'il n'y en avait '"trop" il y a quelques jours. Et ça c'est en effet une nécessité désormais que le préfet accélére le plan froid.
Question simple qui demande réponse ; d'ailleurs, j'aimerai bien que cette question d'ordre général soit posée aux candidats à la Présidentielle...curieux d'entendre des réponses sérieuses alors que rien n'apparait dans aucun des programmes déclarés sur ce sujet !!!
Comme je l'ai déjà dit ici, les fausses informations du week-end par certains sites m'ont surpris, autant l'impossibilité trop souvent pour le 115 de trouver des solutions pour les sdf pose problème dans la Métropole de Lyon.
J'ai écrit au cabinet du Préfet pour clarifier et posé des questions à divers acteurs.
Le directeur de cabinet m’a répondu que les places du 115 sont attribuées par la Maison de la Veille Sociale en fonction de critères de priorité pré-établis (priorité aux publics fragiles) et que c’étaient pour cela que certains administrés ne soient pas orientés sur les places disponibles.
Comme j’avais évoqué la question des bébés à la rue, le cabinet a transmis au préfet qui fera vérifier le fonctionnement du dispositif 115. Merci à tous ceux qui se mobilisent.
Romain Blachier, élu Mairie Lyon 7e et Métropole.
Apparemment pas grand chose n'a changé...
Toujours les mêmes problèmes toujours les mêmes discours des élus.
je suppose que vous agissez parce que vous avez pris conscience qu’on avait obligés les gens à exister, et qu’ils avaient donc des droits, le droit de revendiquer un corps sain, un intellect sain, un monde sain, une société saine, et une vie intéressante, pour le moins.
Si c'est pour ça, je vous remercie.
Mesdames et messieurs les décideurs de la Métropole, de la Mairie de Lyon, de la Préfecture et d’ailleurs … sortez de vos salons dorés et bien chauffés. Allez rejoindre les équipes du Samu Social ou de la Croix-Rouge pour rencontrer les gens à la rue …
Asseyez-vous par terre avec ces enfants, ces femmes, ces hommes, « goûtez au plaisir de l’exclusion »…
Puissiez-vous faire preuve d’un peu d’humanité et de dignité pour être, vous-mêmes, respectés.
C’est le vœu que nous formulons en ce début d’année.
Des citoyens lyonnais en colère …
Et l'on oublie un peu vite de préciser que, justement, leur demande d'asile avait fait l'objet, comme par hasard, d'une "procédure prioritaire" c'est-à dire d'une "procédure expéditive au rabais", sans aucune véritable chance de réussite ...sauf à introduire une nouvelle demande, circonstanciée, avec l'aide d'un avocat.
C'est cela qu'il faudrait que la Préfecture entende un peu ... et c'est cela que crient les 1125 signataires actuels de la pétition en ligne lancée il y a seulement 3 jours pour réclamer l'ouverture urgente d'un deuxième gymnase, ici, à Lyon, pour mettre au moins les familles à l'abri.
Merci la société de m'avoir si chaleureusement accueilli.