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Pic de pollution : la circulation alternée non reconduite à Lyon et Villeurbanne

[Article mis à jour régulièrement] Le préfet du Rhône a annoncé la mise en place de la circulation alternée le vendredi 9 décembre.

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Le Musée des Confluences dans la brume, mercredi 7 décembre. ©LB/Rue89Lyon


Seuls les véhicules impairs pourront circuler à Lyon et Villeurbanne, vendredi 9 décembre. Ce sera le dixième jour d’un pic de pollution annoncé pour durer.  Mais cette première à Lyon se fera sans la gratuité des TCL.

Une mesure qu’il a choisi de ne pas reconduire pour la journée de samedi 10 décembre.

La pression aura été trop forte et la situation trop ubuesque. Lundi 5 décembre, le préfet du Rhône, Michel Delpuech, expliquait qu’il ne pouvait pas, compte tenu de la réglementation, mettre en place cette circulation alternée à Lyon.

Il était soutenu dans son choix par la Métropole de Lyon qui voit d’un très mauvais oeil toutes les mesures contraignantes.

Le préfet s’appuyait sur l’arrêté interministériel de mars 2014 adapté à la situation locale par un arrêté interpréfectoral de décembre 2014.
Son communiqué reprenait les conditions encadrant cette restriction de circulation :

« Il est rappelé que la circulation alternée peut être déclenchée au niveau d’alerte N° 3, qui correspond à 4 jours consécutifs de dépassement de 80 μg/m3 ».

Mais sa position était devenue difficilement tenable, compte tenu de la manière parisienne de faire face au pic de pollution.

Pour des niveaux de pollution aux particules fines semblables depuis le début de semaine, le préfet de police a imposé la circulation alternée à partir de ce mardi.
A Paris, dans sa décision, le préfet de police s’est appuyé sur le nouvel arrêté interministériel d’avril 2016, beaucoup plus souple que la réglementation rhônalpine :

« En cas de dépassement prévu du seuil d’alerte ou d’épisode persistant de pollution aux particules « PM10 », le représentant de l’Etat dans le département met en œuvre les actions d’information et de recommandation prévues aux articles 10 et 11 et peut imposer la mise en œuvre des mesures figurant en annexe du présent arrêté (dont la circulation alternée, ndlr) »

Suivant ce modèle parisien, le préfet du Rhône pouvait mettre en place la circulation alternée.

Le préfet anticipe la pollution constatée

Mais Michel Delpuech a choisi une autre solution.
Ce mercredi, il s’est appuyé sur des prévisions de pollution et non des mesures constatées pour déclencher la circulation alternée, dérogeant à l’arrêté interpréfectoral qu’il citait lundi.

« Le relevé de situation fourni à midi ce mercredi 7 décembre 2016 fait apparaître un taux de 90 μg/m3 faisant suite aux 80 observés le 6 décembre, 76 observés le 5 décembre, les jours précédents étant à un niveau nettement inférieur, 57 et 54 μg/m3.
Le cadre réglementaire actuel prévoit que la circulation alternée en agglomération lyonnaise est déclenchée lorsque le seuil de 80 μg/m3 est atteint ou dépassé 4 jours de suite.
Bien que ces conditions ne soient pas réunies mais compte tenu des prévisions qui indiquent que le seuil de 80 μg/m3 est susceptible d’être de nouveau dépassé le 8 décembre, Michel Delpuech, Préfet du Rhône, vient de décider, par anticipation, que la circulation alternée se mettrait en place à Lyon et à Villeurbanne. »

Ce vendredi 9 décembre à partir de 5h00, seuls les véhicules impairs pourront donc circuler à Lyon et Villeurbanne, là où les mesures relevées sont les plus inquiétantes.

Parallèlement, le préfet du Rhône a insisté sur une des causes principales, avec le trafic routier, de ce pic de pollution : le chauffage au bois non-performant. Il « invite » également « les opérateurs et les particuliers à réduire les sources de chauffage par combustion ». Message transmis à celles et ceux qui ne possèdent que ce mode de chauffage.

Même si la pollution finalement constatée mercredi à Lyon n’a pas dépassé les 60 μg/m3, le préfet du Rhône maintient la mise en place de la circulation alternée.
A l’AFP, la préfecture a justifié cette fois-ci le dispositif par «la durabilité de l’épisode» en ajoutant que le préfet souhaitait « rendre le cadre réglementaire plus souple et réactif pour mieux s’adapter aux spécificités de chaque épisode de pollution ».

Pas de gratuité des TCL

Dans son communiqué, le Préfet « invitait le Sénateur Maire de Lyon à mettre en œuvre toutes les mesures permettant la gratuité des transports en commun ».

Il ne peut pas faire plus.

Contrairement à la région parisienne, la gratuité des transports n’est pas automatiquement mise en place avec la circulation alternée.
C’est donc à la collectivité, via le Sytral l’autorité organisatrice des TCL , de décider.

Malgré la pression amicale de la préfecture, la Métropole de Lyon n’a pas changé de ligne.

Lundi, le vice-président du Grand Lyon à l’environnement, Thierry Philip, nous disait son hostilité à l’endroit de cette mesure, notamment parce que « 70% des déplacement à Lyon et Villeurbanne se font déjà en TCL, à vélo ou à pied ».

L’argument du coût était également mis en avant. Ce jeudi, lors d’une conférence de presse, les représentants de la collectivité ont sorti les chiffres pour réaffirmer leur opposition à la gratuité.

Selon le directeur général du Sytral (cité par Lyon Mag), « une telle mesure entrainerait 500 000 euros de perte de recettes, voire 800 000 euros en ce vendredi de Fête des Lumières, alors que le coût des transports TCL est évalué à un million d’euros par jour ».

Mais ce choix risque d’être difficilement compris par les Lyonnais car la veille, pour le 8 décembre, les TCL sont gratuits à partir de 16 heures.
Pour faire passer sa mesure auprès de l’opinion publique, la Métropole de Lyon a annoncé « plusieurs mesures complémentaires ». Seules deux sont des mesures exceptionnelles :

  • la gratuité du service Vélo’V pendant une heure.
  • BlueLy, le service d’autopartage électrique, proposera une heure gratuite et sera à la disposition de l’ensemble des usagers.

Enfin, un nouveau communiqué a été envoyé par la Métropole de Lyon. Intitulé « Épisode de pollution de l’air dans la Métropole de Lyon », il décline, une fois de plus, les mesures du « Plan Oxygène » qui vont être votées en 2017.

Quelles conséquences sur la grève aux TCL ?

Depuis lundi 28 novembre, une grève est en cours aux TCL. Evidemment, elle n’est pas de nature à inciter les Lyonnais à prendre les transports en commun.
Interrogé sur le sujet lundi, Christian Schwetzoff, secrétaire adjoint de la CGT nous déclarait
:

« Si jamais un plan était déclenché, là on réfléchirait. On est capable de réagir à l’actualité. L’an dernier, pendant les attentats, on avait suspendu notre mouvement. »

Recontacté ce mercredi, il annonce qu’ils vont « réfléchir » dans les prochaines heures.
Sachant que les grévistes ont suspendu leur mouvement pour cause de « gratuité des transports », ce jeudi 8 décembre, ils auraient dû en toute logique faire de même le lendemain si la gratuité était mise en place, pour cause de circulation alternée, cette fois-ci.

Mais jusque là, la CGT applique donc la ligne « pas de gratuité des TCL = pas de suspension de la grève ». On reprend donc les mêmes prévisions de trafic que depuis le début de semaine.

Le Musée des Confluences dans la brume, mercredi 7 décembre. ©LB/Rue89Lyon
Le Musée des Confluences dans la brume, mercredi 7 décembre. ©LB/Rue89Lyon

En plein pic de pollution, voilà la torchère de Total…

Difficile de faire pire comme timing. Jeudi 8 décembre dans l’après-midi, un « problème technique » selon Total cité par Le Progrès a occasionné un fort dégagement de fumée noire depuis la torchère de la raffinerie à Feyzin. Un nuage de fumée qui, comme à chaque fois, inquiète les riverains. Total a fait savoir qu’il n’était pas toxique.

Malgré tout en plein pic de pollution, les particules envoyées dans le ciel lyonnais tombent mal. D’autant que la veille le préfet Michel Delpuech avait indiqué dans son communiqué que :

« Les industriels sont invités à réduire leurs émissions. »

Alors, au-delà de l’inquiétude c’est parfois l’exaspération qui gagne.

La circulation alternée pas renouvelée samedi 10 décembre

Ce vendredi 9 décembre, seuls véhicules « impairs » (hors dérogation) sont donc autorisés à circuler. Selon le directeur départemental adjoint à la sécurité publique cité par l’AFP ce matin la mesure a semble-t-il été plutôt bien respectée. De son côté la Police Nationale annonce le chiffre de 25 verbalisations pour non respect de la mesure.

Dans les rues de Lyon et de Villeurbanne, la circulation effectivement bien plus fluide et clairsemée ce matin pour un vendredi traditionnel. Même si encore pas mal de plaques d’immatriculation paires bravaient l’interdit.

A la mi-journée, la préfecture du Rhône a annoncé ne pas prolonger le dispositif pour la journée de samedi 10 décembre. Et invoque des taux de concentration de particules fines inférieurs aux prévisions.

« Les constats établis ce jour par ATMO Auvergne-Rhône-Alpes font apparaître qu’après avoir atteint 80µg/m³ le 6 décembre, le niveau de pollution aux particules fines sur l’agglomération lyonnaise s’est situé en dessous de ce seuil le 7 décembre (58µg), le 8 décembre (65µg) et qu’il en est de même pour l’estimation de ce 9 décembre (72µg) et les prévisions de demain(69µg). »

Les mesures de restriction de la vitesse de 20km/h sur le périphérique restent elles en vigueur. Air Rhône-Alpes indique ce vendredi 9 décembre que les conditions météorologiques anticycloniques restent toujours très favorables à l’accumulation des particules des fines pour les jours à venir.

Le pic de pollution n’est donc pas terminé.

Par ailleurs, la grève qui touche les TCL depuis le 28 novembre, va se poursuivre ces 10 et 11 décembre. Elle concernera le métro et les funiculaires. Les lignes A, B et C ne circuleront ainsi pas avant 7h du matin et progressivement à partir de cet horaire.

Dans le même temps, l’agglomération grenobloise touchée elle aussi par un pic de pollution depuis maintenant cinq jours, a activé son dispositif de restriction de circulation. Pas de plaques paires ou impaires mais un système de « Certificats qualité de l’air » qui classe les véhicules selon leurs degrés d’émissions polluantes. Ainsi, samedi 10 décembre les voitures immatriculées avant le 1er janvier 1997 n’auront pas le droit de circuler ainsi que les poids lourds immatriculés avant le 1er janvier 2001.

> Mise à jour le 8 décembre à 18h avec l’annonce de la non-gratuité des TCL et les nouvelles raisons avancées par la préfecture pour maintenir la circulation alternée.

> Mise à jour le 9 décembre avec l’annonce par la préfecture de la non reconduction de la circulation alternée samedi 10 décembre

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