
Cette fois-ci, c’est la commune de Vaulx-en-Velin, fief de l’actuelle secrétaire d’État à la Ville Hélène Geoffroy qui avait été choisie.
Ce mercredi, après avoir présenté en conseil des ministres le projet de loi « égalité et citoyenneté » qui se veut une réponse à « l’apartheid territorial, social et ethnique», Manuel Valls et une dizaine de ministres sont venus « dans une ville emblématique de la politique de la Ville ».
Ils devaient y « présenter un bilan actualisé de la mise en œuvre des mesures en faveur de l’égalité et la citoyenneté et prendre de nouveaux engagements » selon les termes du communiqué de la préfecture.
Il n’y a pas que le président PS de la Métropole Gérard Collomb, non invité aux festivités, qui s’est énervé par la tenue de ce comité à Vaulx-en-Velin.
Un rassemblement de 500 personnes
Après une manifestation samedi en demi-teinte contre la loi travail, des syndicats (SUD, CGT, FSU), des mouvements politiques (comme le PCF, Ensemble, Lutte ouvrière, la Coordination des Groupes Anarchistes), le collectif unitaire 69 des intermittents et précaire ou encore le mouvement « Nuit Debout Lyon » appelaient à une nouvelle journée de mobilisation lyonnaise.
Le rassemblement déclaré en préfecture par les syndicats se situait devant le lycée Robert Doisneau. Lieu symbolique puisque, avant les vacances scolaires, ce lycée a connu une semaine de manifestations sauvages, de blocages, mais aussi d’interpellations : 19 selon le comptage de la police.
Vers 14h, environ 500 manifestants ont avancé de quelques mètres vers le Palais des sports pour lancer des slogans lorsque les ministres sont arrivés. « Retrait de la loi travail » mais aussi « de l’argent, il y en a dans les caisses du Panama ».
Ce sont essentiellement les militants politiques et des syndicalistes qui étaient représentés. On comptait une dizaine de lycéens vaudais, quelques étudiants et des personnes investies dans l’occupation « Nuit Debout » de la place Guichard.
Bien peu de Vaudais donc. Hormis les syndiqués CGT de la ville qui ont donné de la voix contre le gouvernement et particulièrement l’ex-maire de la ville, Hélène Geoffroy.

500 personnes massées derrières les grilles qui interdisaient l’accès à un large périmètre du centre-ville de Vaulx-en-Velin. ©LB/Rue89Lyon
Manif sauvage et blocage du périph’
La manif a ensuite suivi un groupe d’une trentaine de manifestants, panneaux rigides en mains, qui ont tenté de forcer le barrage de CRS pour perturber la visite de la Mission locale par les ministres.
Après quelques coups de matraques, le groupe a reculé.
Ce fut le début d’une manifestation sauvage (car non-déclarée) dans les rues du centre-ville de Vaulx-en-Velin.
Les quelques centaines de manifestants ont tenté de s’approcher de la zone interdite – autour de L’École nationale supérieure d’architecture où se tenait ce « comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté ». La marche a dessiné un arc de cercle autour du centre, avec, au loin, les forces de l’ordre.
Puis des manifestants ont lancé l’idée d’aller « bloquer le périph' ».
D’un bon pas, environ 200 manifestants ont avalé les deux kilomètres qui séparent le centre-ville de la bretelle d’accès au périphérique lyonnais.

Blocage express du périph’ lyonnais par des manifestants contre la venue de Manuel Valls et autres ministres. ©LB/Rue89Lyon
Une fois les manifestants sur le périph, au niveau du pont de Cusset, la police est intervenue.
Grenades lacrymogènes sur l’autoroute puis charge à coups de matraques, sous un orage de grêlons. Au moins deux personnes ont été interpellées au cours de cette intervention. Et au moins un manifestant a été blessé au crâne par un coup de matraque. Le blocage du périph’ dans le sens sud-nord aura duré à peine 10 minutes.
10 minutes à peine et des jets nourris de grenades lacrymogènes pour débloquer le periph #Lyon #Valls pic.twitter.com/SONCbGszIJ
— Rue89Lyon (@Rue89Lyon) April 13, 2016
La charge de la police et la pluie torrentielle ont eu raison de la manif sauvage. A 16h30, l’heure était à la dispersion.
« Des extrémistes armés de manches de pioches »
Ce mercredi à 19h30, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est fendu d’un communiqué de presse pour « condamner très fermement les violences qui se sont produites » lors de la manifestation de cet après-midi.
Dans le communiqué du ministre de l’Intérieur, le bref blocage de l’autoroute puis la charge de la police font l’objet d’un autre récit :
« Des extrémistes armés de manches de pioche ont agressé des représentants des forces de l’ordre en service ».
Et de préciser que « quatre policiers ont été blessés, dont deux ont dû être hospitalisés ». Leurs blessures sont sans gravité, selon la préfecture du Rhône citée par le Progrès.
Le ministre ajoute que « trois individus ont été interpellés. Ils devront répondre de leurs actes devant la Justice. »
Il conclut par un chiffre : « depuis un mois, 131 policiers et gendarmes blessés au cours d’opérations de maintien de l’ordre à l’occasion de différentes manifestations ».
« Un blocage pacifique »
Dès le soir de cette manif sauvage, des participants au blocage du périph’ ont réagi et témoigné.
Tous insistent sur l’aspect « pacifique » de cette action.
L’un des coordinateurs de « Nuit Debout », Cyril, a pris la plume sur la page Facebook du mouvement :
« Après envoi de grenades lacrymogènes par les CRS, les mobilisés ont quitté l’autoroute et sont partis pacifiquement sans aucune violence envers les forces de l’ordre. Comme ils étaient sur le trottoir en train de reculer doucement, les policiers ont attaqué tout d’un coup et ils ont frappé fort. J’ai été particulièrement choqué d’être le témoin de cette violence des forces de l’ordre alors que le blocage était pacifique et de voir que les gens ont été attaqués alors qu’ils partaient tranquillement. »
Tout comme notre journaliste présent sur place, aucune des personnes qui nous ont contactés n’a vu de manifestants « armés de manches de pioche », pour reprendre les termes du ministre de l’Intérieur.
C’est également ce qui ressort des commentaires postés au bas de cet article. « aiecafaitmal » et « Dlbk » insistent sur la « réponse des plus violentes de la part des forces de l’ordre ».
Les accusations de Bernard Cazeneuve se dégonflent
Dans sa « synthèse » quotidienne envoyée ce vendredi aux médias locaux, la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Rhône revient sur les trois personnes interpellées mercredi suite au blocage du périph’.
Les trois personnes âgées de 21, 24 et 31 ans ont été placées en garde à vue pour la « participation à un attroupement après sommations » :
« Ils venaient de tenter de bloquer la circulation du boulevard périphérique et ne se dispersaient pas à l’issue des sommations d’usage. »
Les « individus de 24 et 31 ans » ont été interpellés à la hauteur du pont de Cusset.
S’agissant de l’« l’individu de 21 ans », il a été interpellé 20 minutes après, à 16h30, dans l’enceinte de la station de métro « Laurent Bonnevay » à Villeurbanne :
« Il venait, à hauteur du boulevard périphérique, de jeter des projectiles sur les policiers alors même que les sommations ordonnant la dispersion avaient été faites. Par ailleurs, il était en possession d’un couteau et d’une pierre. »
Une procédure pour « port d’arme prohibé de catégorie D et violences volontaires aggravées » a été ouverte contre lui, en plus de la « participation à un attroupement après sommations ».
Contrairement au ministre de l’Intérieur, la police de Lyon ne parle à aucun moment, parmi ces trois personnes interpellées, « d’extrémistes armés de manches de pioche qui ont agressé des représentants des forces de l’ordre en service ».
Les trois personnes sont passées vendredi en comparution immédiate.
Les deux premières ont été condamnées à deux mois de prison avec sursis et la troisième à trois mois de prison avec sursis.

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Aucune des personne ayant participé-es à cette manifestation n'était armée ou munie d'un quelconque manche de pioche, il s'agissait ici d'une manifestation pacifiste et ainsi aucune violence physique n'a été provoquée par le cortège. Alors certes les forces de l'ordre ont été énervées, mais ceci n'a été du qu'à la présence des manifestants sur le périphérique. Néanmoins la réponse à cette présence à été des plus violentes de la part des forces de l'ordre, qui ont eux même engagés le conflit, à sens unique, face à des personnes démunies. Alors oui, face à une telle violence, les personne ont essayées de se défendre, de se protéger, mais principalement de fuir... Quelques policier aurait été légèrement blessés? Mais pourquoi ne faisons nous pas remarquer le nombre de manifestant blessées très grièvement et gratuitement lors de cet évènement? Le nombre de personnes tombées dans la fuite, puis rouées de coup de pieds, ou encore tentant de courir pour se protéger et se faisant mattraquer dans le dos, sur la tête, quelque soit leurs age ou leur condition physique? Le nombre de personnes hospitalisées? sans oublier les personnes interpellées sans raison valable, à part peux être celles de manifester et de s'exprimer librement, mais ceci n'est-ce pas un des droits fondamental le notre société?
...
Où valls passe, la liberté trépasse
Mais comme d' hab, les propos tenus par ces gens de la haute sont grotesques, tout en essayant de faire croire que le nombre de policiers hospitalisés correspond
Et c' est pire sur le progrès...
Le 13 avril 2016 à Vaulx en Velin se tenait un conseil des ministres décentralisé avec Mrs Valls, Macron, Mme El Khomri et d'autres. A cette occasion des opposant-es au projet de Loi Travail sont venus les accueillir sans aucune violence. Une fois encore, plusieurs manifestants se sont fait interpeller par les forces de l'ordre. L'Union Syndicale Solidaires du Rhône demande leur libération immédiate et l'abandon de toute poursuite judiciaire.
Ceci à provoqué une bousculade qui a provoqué la chute de plusieurs manifestants. Ceux ci étant donc à la portée des policiers littéralement lachés sur eux, ils vont recevoir plusieurs coups de matraques dans la tete ( Oui ils frappent systèmatiquement dans la tete et la plus fort possible ). Un manifestant à même reçu 3 coups à la suite de sa chute durant la charge, les 2 premiers en pleins cranes et un troisieme sur la main en se protegeant la tête.
Voici donc la réalité de cette manifestation et de la violence policière qui restera totalement impunie. Les personnes frappés au crane, garderont les cicatrices.
C'est une honte total pour le ministère de l'intérieur et/ou du journal "Le progrès" de diffuser des informations totalement fausses et inventés.
À cause de ces énormes intox, les gens devant leur télé voit un mouvement ultra violent via le communiqué de Mr Cazeneuve, alors qu'il n'y en a eu aucune.
J'invite toutes les personnes tenant le discours de : "Les casseurs sont là et déclenche des échaffourrés blablabla" à venir en manifestation voir par eux mêmes la vérité, et pas la merde qu'on leur sert sur BFM et qu'ils avalent sans hésitations. Ces gens qui doivent se rendre compte de la quantité considérable de blessés, on parle de plus en plus souvent de crânes ouvert à coup de matraque, mais jamais à la télé !!
Venir voir par vous mêmes les manifs, ce sont les flics qui vous insulterons pendant qu'ils vous tabasserons ! Je vous préviens, ils visent la tête et tape aussi fort qu'ils peuvent.
Le lendemain vous pourrez voir au média que 2 policiers ont été blessés bla bla bla, et vous irez en prison, pour outrage et rebellion...
Je ne cautionne évidemment pas les violences policières et je suis bien consciente que les politiques exagèrent souvent leurs propos, mais quand mon mec, qui est très très loin de faire usage de la violence sans raison, me raconte ça, je le crois. Il y avait des torts des deux côtés ce jour-là, et si vous n'avez pas vu ces manifestants, c'est parce qu'ils sont arrivés sur la fin, les ministres étaient déjà partis.
Evidemment, cela n'excuse pas le reste, les CRS qui ont violemment frappé les "vrais" manifestants et je suis d'accord que les violences policières ne devraient pas rester impunies.