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Etat d’urgence : des questions sur la fermeture de la mosquée salafiste de l’Arbresle

Alors que le parlement vient de prolonger l’état d’urgence, Lyon Mag revient sur la fermeture puis la réouverture de la mosquée de l’Arbresle.

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Etat d’urgence : des questions sur la fermeture de la mosquée salafiste de l’Arbresle

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Le Monde avait déjà soulevé de nombreuses questions, Lyon Mag en remet une couche.

Outre la date de la réouverture de mosquée le 27 janvier décidée quelques jours après l’examen d’un recours contre la fermeture, c’est l’utilisation des fameuses « notes blanches » des services de renseignements qui pose problème.

Dans le cadre de l’état d’urgence, ces « notes blanches » ont permis aux autorités de motiver des assignations à résidence ou de justifier la fermeture de lieux de culte musulman.

Pour la fermeture de la mosquée de l’Arbresle intervenue le 26 novembre, le préfet du Rhône, Michel Delpuech, a pris sa décision en prenant appui sur deux « notes ».

1. Un prédicateur salafiste qui condamne Daesh

Ces « notes blanches » énumèrent un certain nombre de prêcheurs salafistes qui sont intervenus dans la mosquée. Mais aucun « processus de radicalisation, ni propos contre les valeurs de la République ne sont établis par les services de l’Etat », souligne Kaddour Haboudou, l’avocat de l’ancien président de l’association de la mosquée de l’Arbresle.

Le préfet évoque par exemple l’intervention d’Abderahamane Colo, un salafiste diplômé de l’université de Médine en Arabie Saoudite. Mais le préfet omet de rappeler que ce prédicateur a condamné au sein de l’association Dine Al Haqq les attentats de Paris en appelant explicitement à dénoncer Daesh.

Cet appel lancé aux salafistes de contribuer à dénoncer la dangerosité de Daesh confirme que les responsables de la mosquée de l’Arbresle se revendiquent d’un salafisme quiétiste.

 

2. Une méconnaissance de l’islam ?

La note blanche évoque un autre prêcheur qui serait intervenu au sein de la mosquée de l’Arbresle. « Ce professeur de mathématiques dans un lycée d’Orléans, est en relation avec l’association tunisienne nommée « Oqba Ibn Nafaa » située à Ingre (Loiret), nom tiré d’une katibat liée à AQMI. »

S’il ne fait pas de doutes que cette Katibat (groupe de combattant) affiliée à AQMI est à l’origine de l’attaque du musée du Bardo en Tunisie, les services de renseignement font néanmoins l’aveu de leur méconnaissance de l’islam. Car « Oqba Ibn Nafaa » n’est pas « tiré » d’un groupe djihadiste d’Al Qaida, mais il s’agit avant tout d’un général arabe du 7e siècle qui a édifié la mosquée de Kairouan en Tunisie. N’importe qui peut dès lors revendiquer l’héritage de ce général arabe.

 

3. Les responsables de la mosquée vont voir les gendarmes mais sont écartés de la mosquée

La seconde note blanche fait état que le lieu de culte a été fréquenté par Julien B., en lien avec des individus qui se trouvent en Syrie et qui a été en lien avec le djihadiste algérien Saï Arif, chef de Jund al-Aqsa, groupe jihadiste proche du Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. Saïd Arif a été tué en mai 2015 par un tir de drone américain en Syrie.

Pourtant, les responsables de la mosquée de l’Arbresle avaient signalé les agissements de Julien B. aux services du renseignement territorial (RT). Un fonctionnaire du RT a confirmé cette information à Lyon Mag.
L’ancien président du lieu de culte s’agace :

« c’est nous qui sommes allés voir les gendarmes pour signaler des individus dangereux à nos risques et périls. Et à la fin, les informations qu’on a pris soin de donner aux autorités se retrouvent dans des notes blanches pour être utilisées contre nous. Comment on peut faire confiance aux policiers du renseignement avec lesquels on travaille ? ».

Pour justifier les approximations des notes blanches, le préfet évoque « les contraintes propres au travail des services de renseignement, qui doivent s’abstenir de révéler des éléments couverts par le secret de la défense nationale ». Pour le préfet, « il ne saurait être question d’appliquer le même régime de preuve que lorsqu’il s’agit d’établir l’existence d’une infraction pénale ».

Pour sa réouverture, Une association cultuelle (loi 1905) et une association culturelle (loi 1901) ont été créées afin de chapeauter la mosquée de l’Arbresle. Dans la première siègent des membres du Conseil Régional du Culte Musulman et dans la seconde, ce sont des membres de la mairie qui sont présents dans les statuts de l’association.

Cette reprise en main institutionnelle a de quoi rassurer le préfet, comme comme Rue89Lyon l’expliquait.

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