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Après la fusion à gauche, Jean-Jack Queyranne peut-il gagner en Auvergne Rhône-Alpes ?

Jean-Jack Queyranne a obtenu des deux listes situées à sa gauche qu’elles le rejoignent, pour faire masse et tenter de battre le candidat de la droite arrivé en tête au soir du premier tour, Laurent Wauquiez.

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De gauche à droite : Cécile Cukierman (PCF), Jean-Jack Queyranne (PS) et Jean-Charles Kohlass (EELV) lors de la conférence de presse annonçant un accord de fusion de leur liste. ©LB/Rue89Lyon

Les négociations ont commencé dans la nuit de dimanche et se sont achevées ce lundi à 17h.

Dans l’hôtel Best Western du quartier Perrache (Lyon 2ème), les négociateurs des trois listes (Jean-Jack Queyranne, Cécile Cukierman et Jean-Charles Kohlhaas) ont discuté sur au moins deux sujets :

  • La compositions des nouvelles listes départementales
  • Un éventuel programme commun avec la question, in fine, de la participation ou non au futur exécutif, en cas de victoire

Avec comme objectif commun « combattre le candidat de la droite extrême et le FN ».

Du côté des communistes, les négociations sont allées vite. En fin de matinée, l’état-major de la liste menée par Cécile Cukierman s’était mis d’accord avec les socialistes.

Le PCF a obtenu 7 postes de conseillers régionaux en cas de défaite et 16 en cas de victoire (fourchette haute). Les candidats de ce bord ont également donné leur accord pour un programme commun et une participation à l’exécutif.

Les négociations ont en revanche pris plus de temps du côté du Rassemblement écolo-mélenchoniste, divisé sur la fusion programmatique. Au final, ils obtiennent 10 postes de conseillers régionaux en cas de défaite et 20 en cas de victoire (toujours fourchette haute), dont une douzaine de candidats EELV.

Mais leur assemblée représentative a refusé de valider une participation à l’exécutif. Lors de la conférence de presse de présentation de l’accord, l’écologiste Jean-Charles Kohlhaas (actuellement conseiller régional de la majorité Queyranne) a trouvé cette tournure pour ne pas exposer les vifs débats internes au Rassemblement :

« Le score obtenu dimanche soir ne nous permet pas de revendiquer un poste à l’exécutif ».

Il a tenu à relativiser la portée de cette absence d’accord sur la gouvernance de la future région :

« De 2010 à 2015, nos prises de position n’ont pas empêché la Région de fonctionner ».

A noter qu’en cas de victoire, les socialistes obtiendraient 70 sièges.

De gauche à droite : Cécile Cukierman (PCF), Jean-Jack Queyranne (PS) et Jean-Charles Kohlass (EELV) lors de la conférence de presse annonçant un accord de fusion de leur liste. ©LB/Rue89Lyon
De gauche à droite : Cécile Cukierman (PCF), Jean-Jack Queyranne (PS) et Jean-Charles Kohlass (EELV) lors de la conférence de presse annonçant un accord de fusion de leur liste. ©LB/Rue89Lyon

 

Une plateforme pour faire oublier les sujets qui fâchent

Les trois listes ont également réussi à se mettre d’accord sur une « plateforme commune ». Selon les mots de Jean-Jack Queyranne, un texte indiquera « les grandes orientations » choisies. Il a insisté sur deux axes :

  • L’objectif de création d’emplois via une « politique de soutien à l’innovation » et le développement de l’emploi local via notamment la rénovation thermique des logements. Il reprend ainsi une proposition forte du Rassemblement.
  • Le soutien aux associations sportives et culturelles. Jean-Jack Queyranne annonce le maintien des subventions alors que Laurent Wauquiez veut diviser par deux cette somme, en l’amputant de 100 millions d’euros.

Les « points de désaccord » restent toutefois nombreux, au premier rang desquels la ligne LGV Lyon-Turin. A ce sujet, le président sortant de Rhône-Alpes a joué la sobriété en ne nommant pas ces sujets et en lâchant :

« Sur ces points de désaccord, chacun conservera son appréciation ».

Avant la conférence de presse, un militant communiste se demandait si cet accord serait suffisant pour faire voter PS au second tour alors que leur électorat « en prend plein la gueule », pointant la politique « d’austérité » du gouvernement socialiste.

Aussitôt annoncé, cet accord a fait l’objet d’un communiqué de la liste du candidat Wauquiez dénonçant un « simple accord technique », « alliance de la carpe et du lapin » :

« Nous prenons acte qu’après s’être écharpés ces 6 dernières années au sein de l’exécutif régional, sur des sujets aussi majeurs que le Lyon-Turin, le projet de Center Parcs de Roybon, le nucléaire ou encore le soutien à la filière micro-électronique (…), socialistes, écologistes, communistes et membres de l’extrême gauche nous rejouent la scène « embrassons-nous folleville » et voudraient nous faire croire qu’ils sont unis et rassemblés ».

Le report des voix, ce n’est pas automatique

A eux tous, ils pèsent 36,22%. Sera-ce suffisant pour la nouvelle liste d’union menée par Jean-Jack Queyranne ?

Les enjeux sociétaux liés au Front national ne sont pas au coeur du débat électoral de la région Auvergne Rhône-Alpes (même si, notons-le, Christophe Boudot, candidat FN, affiche un taux de 25,52% et une deuxième place à l’issue du premier tour). C’est bien le coude-à-coude de Laurent Wauquiez et Jean-Jack Queyranne qui maintient le suspense et crée l’enjeu.

Le candidat de la droite a fait mine dimanche soir devant les journalistes de ne pas avoir sorti la calculette, mais dans les faits, Laurent Wauquiez sait qu’il n’a quasiment pas de réserve de voix. On peut imaginer que quelques votes de centre droit de la liste d’Eric Lafond (100% citoyen) lui reviendront, comme les voix du candidat de Debout la France. Ils n’ont fait respectivement que 2,86% et 1,56% des voix.

Qui profitera de la plus forte participation au second tour ?

Un élément est à prendre en compte par tous : la région Auvergne Rhône-Alpes a essuyé l’un des plus forts taux d’abstention de France, s’élevant à 51,09% (contre une moyenne nationale à 50,02%). On s’attend à ce que les électeurs se mobilisent davantage au second tour, comme cela avait été le cas en 2010. Reste à savoir à qui cela profitera.

Jean-Jack Queyranne a déclaré ce dimanche, en direction de son adversaire :

« Laurent Wauquiez pensait que c’était une affaire réglée, que cette campagne serait un parcours de santé. Il n’en est rien. »

Avant d’ajouter qu’il avait toujours estimé pouvoir gagner ces élections « au sprint ».

Si le rapport de force au sortir du premier tour positionne favorablement le candidat de la gauche, il faut garder à l’esprit que le report de voix n’est pas automatique. La dynamique nationale globale peut contaminer les votes locaux. On peut donc se demander si la déroute du PS va ferrer au sol cette « unité de la gauche », dont Jean-Jack Queyranne compte se vanter dès ce lundi soir, pour toute la campagne d’entre-deux-tours.

Il lui manque encore une composante de poids, à Lyon, en la personne du maire de la capitale régionale. Pour le moment, Gérard Collomb n’a toujours pas pris son téléphone et reste dans la même défiance que depuis le début de cette campagne.

Réponse ce dimanche 13 novembre, à l’issue d’un second tour très incertain.

Rhône-Alpes : progression du PS en nombre de voix, effondrement à sa gauche par rapport à 2010

Une comparaison avec le premier tour des élections régionales en 2010 en Rhône-Alpes (uniquement) tend à nuancer la déroute du Parti Socialiste. Si en 2010 il réalise un meilleur score qu’en 2015 – 25,40% contre 23,79% des suffrages exprimés (graphique 1)- Jean-Jack Queyranne progresse en réalité en nombre de voix, de l’ordre de 60 000 voix environ (graphique 2).

Quelles que soient les alliances et les combinaisons des partis à sa gauche (entités du Front de Gauche et Europe Ecologie), on voit que ce sont ces formations qui se sont effondrées par rapport à 2010, perdant un peu plus de 200 000 voix.

En 2015, l’abstention est restée forte en Rhône-Alpes au premier tour mais elle est inférieure de près de 5 points à celle constatée en 2010.

Et en bonus, un graphique auvergnat + rhonalpin

Retrouvez ci-dessous un graphique présentant la façon dont les électeurs d’Auvergne d’une part et ceux de Rhône-Alpes d’autre part, on voté ce dimanche 6 décembre pour chacune des neuf listes qui étaient en lice.

> Article mis à jour jeudi 10 décembre 2015 avec les deux graphiques sur l’évolution du vote entre 2010 et 2015.
> Merci riverain : @toniolibero


#Cécile Cukierman

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