Ce sont deux jeunes de 19 et 20 ans qui ont été interpellés aux alentours du pont de la Guillotière (du côté de la place Bellecour) alors que la manifestation avait déjà connu son lot de casse.
Le premier, un étudiant de Reims, est accusé d’avoir jeté un panneau de signalisation sur un policier. Mais sans l’atteindre. Il aurait également tenté de desceller des carreaux du parapet du pont de la Guillotière avec ce même panneau de signalisation.
Le second, un intérimaire de Montpellier, est également accusé d’avoir lancé une pierre en direction d’un policier.
Les deux policiers, parties civiles dans l’affaire, ne déplorent aucun jour d’ITT. Les deux manifestants anti-FN ont reconnu ces faits.
Ils sont également poursuivis pour avoir fait partie d’un groupe, placé en queue de la manifestation duquel provenaient des projectiles.
Comme ils en ont le droit, les deux prévenus n’ont pas été jugés immédiatement après leur garde à vue.
Deux lampistes ?
L’audience de ce lundi n’a pas abordé davantage le fond du dossier. Mais dans ses réquisitions, la substitut du procureur a tenté de brosser le portrait de participants à une « bande de casseurs » :
« On a trouvé le tract du parfait manuel de survie du militant ».
A la barre, l’avocate d’un prévenu rejetait cette accusation de « casseur » :
« Ils ne sont pas venus pour casser. Ce sont certes des militants. Ils ont été pris par l’adrénaline et ont lancé un objet ».
Les deux jeunes gens ne semblent en effet correspondre que de très loin aux individus, qui, le visage masqué, ont voltigé dès le début de la manifestation pour s’en prendre aux vitrines des magasins à l’aide de marteaux ou piochons ou qui ont tagué des slogans sur les banques.
Ils ne sont pas non plus poursuivis pour avoir blessé l’un des onze policiers. Dans ce contexte judiciaire particulier, des représentants de Coordination nationale contre l’extrême droite (CONEX – organisateur de la manifestation), présents à l’audience, se sont proposés de verser, pour l’un d’entre eux, la caution afin de convaincre la présidente de la 14e chambre correctionnelle de ne pas décider d’un placement en détention provisoire.
Il faut rappeler que la CONEX avait condamné la casse, qualifiée « d’exaction ».
Selon le parquet, contacté dimanche soir par le Progrès, « toutes les réponses pénales ont été utilisées » à la suite des seize interpellations de ce samedi. Ce qui a abouti à :
- des remises en liberté pour insuffisance de preuves
- des rappels à la loi
- des convocations par officier de police judiciaire.
- Sur les trois individus maintenus en garde à vue, deux devaient faire l’objet d’une comparution immédiate.
Le préfet se félicite et rabroue les organisateurs
Malgré tout, dans un communiqué délivré ce lundi après-midi, le préfet du Rhône a tenu à « réaffirmer son soutien aux forces de l’ordre » :
« Aucun pillage n’a eu lieu grâce à l’action réactive des policiers et des gendarmes mobiles. »
Il en profite pour rappeler aux organisateurs (CONEX et Comité de vigilance 69) qu’ils ont été « mis en garde, d’une part sur les itinéraires choisis, d’autre part sur les risques que représentait la présence d’individus incontrôlés et violents dans le cortège ».
Comme si le préfet anticipait le déroulement de l’audience de ce lundi, « il déplore que [certains organisateurs] aient adopté une attitude équivoque envers les casseurs, s’interrogeant même « sur l’efficacité du dispositif policier » :
« Il ne peut y avoir aucune hésitation dans la condamnation de ces casseurs qui n’ont pour seul but que de détruire le socle de la République. »

À Rue89Lyon, on assume un journalisme engagé. Notre rôle, en tant que journaliste, c’est d’alerter, de demander des comptes, parfois d’égratigner celles et ceux qui nous gouvernent, souvent de donner la parole aux personnes à qui elle est confisquée.
Pour que ce journalisme continue de vivre à Lyon, dans sa banlieue, mais aussi dans la proche ruralité : parlez de nous autour de vous, offrez un abonnement à vos proches, ou faites un don à Rue89Lyon.
On ne marcherait pas un peu sur la tête ?
1. Ce n'est pas la réactivité des forces de l'ordre qui a permis d'éviter les pillages mais le fait que les commerces visés étaient principalement des banques, des assurances et un Macdo. Aussi stupide soit-il, ça reste un acte politique et absolument pas crapuleux.
2. Les types vêtus en noir, cagoulés et équipés de marteaux qui ont fait ça étaient extrêmement bien organisés et ont réussi à déjouer les nombreuses fouilles policières qui avaient lieu en début de manifestation, en intégrant le cortège un peu plus loin, par des ruelles annexes, en récupérant leur matos dissimulés dans des poubelles présentes sur l'itinéraire. Ils ont fait ce qu'ils avaient prévu de faire, se sont dispersés parmis les 5000 manifestants, ont abandonné leurs fringues sur place et se sont barré aussitôt. Tout ça dans la confusion provoquée par les gaz lacrymos et les charges de CRS.
Bref, quoi qu'il en soit, comme on pouvait s'y attendre, cette manifestation est un fiasco politique. Pour lutter contre le FN et ses idées, il faudra y réfléchir à deux fois, plutôt que de leur offrir ce genre d'images sur un plateau.