
Blog du taulard # 22 : « On ne peut pas donner un visage humain à la prison »
Le taulard inconnu risque de sévères sanctions en publiant ses écrits, alors il est anonyme. C’est aussi pour protéger son identité que le nom de la prison dans laquelle il se trouve actuellement n’est pas révélé pour l’instant. C’est une prison de la région Rhône-Alpes, quelque part dans une zone grise près de l’autoroute, bref, une prison banale. Quand viendra l’heure de sa libération, il dévoilera son identité et le lieu de son incarcération.
Rue89Lyon
C’est vrai que pour commencer à concevoir ce que certains appelleront utopie, Il faut savoir la réalité du fonctionnement actuel des taules. Or ce système est tellement fermé, qu’il est difficile de savoir ce qu’il s’y passe, exceptés les prisonniers eux-mêmes et leurs gardiens.
La prison se réduit donc finalement à un face à face, sans la moindre chance d’un tiers modulateur, où d’un côté il y a ceux qui ont le pouvoir et la possibilité de faire de la propagande et de l’autre ceux qui sont maintenus dans le silence et l’impuissance. Et si une personne est nommée officiellement pour tenter de faire un peu la part des choses, je pense au Contrôleur des prisons Jean-Marie Delarue, lorsqu’il critique trop fort cette situation inique, on le salit pour que ses propos deviennent caduques et on l’affuble de partialité.
La part d’ombre refoulée de chacun
Je crois aussi que si on n’arrive pas à comprendre que la punition n’est qu’un dressage sans fondement philosophique et rabaisse l’homme à un animal dépourvu de conscience, que cette punition est uniquement au service de l’idéologie dominante des puissants et des gens de pouvoir, alors on aura encore plus de mal à se représenter un vivre ensemble sans enfermement et sans exclusion.
La croyance à la vertu de la punition est un des ressorts du refoulement de sa propre part d’ombre et c’est un frein majeur, car, dans cette acceptation du châtiment, on dissimule avec soulagement ce qu’on n’admet pas, même dans sa plus stricte intimité, à savoir qu’entre un taulard et soi, il n’y a aucune différence particulière.
Pour ceux donc, à l’extérieur, qui croient être libres et qui ont quand même quelques soucis de cette situation folle où se vautrent la justice et la prison, cette tentative de compréhension est phagocytée par excès d’imaginaire qui, à partir de bribes d’informations, s’activent en s’appuyant sur une expérience personnelle qui n’est pas l’enfermement physique et réel. Je le sais, avant de faire de la taule, je n’y connaissais rien.
Certes, je n’aimais pas cette répression et je savais que la justice était faite pour les riches et les dominants, mais je ne pouvais aller au-delà du centième de la réalité, coincé dans mes petites explications bien rassurantes. C’est d’ailleurs ça qui me pousse à témoigner. Je me suis dit : il faut qu’ils sachent. Et je m’aperçois que beaucoup ne veulent rien savoir.
J’en tire la leçon suivante : tant qu’on n’a pas l’expérience de quelque chose on se contente du « on-dit » qui circule et on l’annonce comme des élèves bien sages, pour rester dans ces habitudes de pensées, saisissant des cas particuliers comme preuve irréfutable de sa vision personnelle en confortant le tout dans un savoir pré-établi. A moins d’une rigueur dans l’écoute et assez de sagesse pour mettre en retrait ses propres idées et ses croyances profondes, on défend une fausse réalité qu’on a construit soi-même.
Tout le monde parle à la place des taulards
Du coup, je comprends aussi comment il est facile de se prétendre spécialiste ou expert sous prétexte d’études, de diplômes, d’enquête statistiques (on sait bien qu’on fait dire ce qu’on veut aux chiffres) pour faire valoir un consensus stéréotypé. Certain, assez malins, se construisent une sinécure et une rente qu’il n’est pas question de perdre. Il n’y a personne pour les contredire et si un autre a l’outrecuidance de les contredire, ils hurlent au loup et en rient avec mépris.
Seule, l’administration pénitentiaire peut faire voir sa façade qu’elle maquille avec la complicité de la presse et du plus grand nombre des bénévoles qui interviennent en prison. Elle enfonce le clou avec une masse, accréditant ainsi l’objectivité de ces experts puisqu’ils les critiquent…. Un peu, et ces derniers jouent le jeu en contestant mollement. Bauer, le copain de Sarko et Valls en est le prototype.
Il en est de même avec des associations qui se prétendent spécialistes. Évidemment celles des bénévoles professionnels qui se légitiment de leur participation hypocrites, mais aussi d’autres comme l’Observatoire Internationale des Prisons (OIP) qui s’enferment dans un face à face juridique avec la pénitentiaire. Et tout le monde y va de son petit diktat, de sa sentence et de sa vérité, en parlant à la place des taulards. Et tout ce beau monde se regroupe bien vite sur le fait qu’une société sans prison ça ne peut pas exister.
Du coup, Madame Michu et Monsieur Dugenou confortent leur approche déjà programmée et réclament sanction et sévérité sécuritaire.
On est peu de taulards à l’ouvrir
Ceux qui ont vécu ce dont parlent ces gourous experts, autrement dit les prisonniers, et qui essayent de rectifier les mensonges, les dérives et les écarts, qui tentent de rétablir un minimum de réalité, se font censurer très régulièrement. D’abord parce qu’ils sont très largement minoritaires et ne représentent aucun contre pouvoir.
On n’est quand même pas beaucoup de taulards à oser l’ouvrir, ceci pour pleins de raisons et notamment celle de s’exprimer de manière audible. Il faut en effet mettre à distance sa révolte et sa haine que les conditions carcérales ont suscité, l’envie de tout casser et l’écœurement quotidien qui en découle, sa colère et son désespoir liés à l’inutile violence de la taule.
Il faut aussi avoir été capable, dans sa jeunesse, d’avoir pu supporter l’école dans ses principes militaires et concurrentiels pour avoir un langage et une syntaxe qui soient entendus par le plus grand nombre. On le voit bien avec l’actuel ministre des finances, il est bien le premier à évoquer les illettrés qu’on licencie. Enfin il faut pouvoir garder son envie de combattre, de ne pas courber l’échine et de ne pas se laisser détruire. Cela fait beaucoup de choses à gérer. Dans la survie, la prise de parole n’est pas prioritaire.
On discrédite les prisonniers qui prennent la parole
Quand ils arrivent à le faire, s’ils ceux qui arrivent à témoigner n’ont rien de spectaculaire à faire passer, les micros se ferment et les journalistes regardent ailleurs. Aujourd’hui seul compte le buzz. On peut alors comprendre les tentatives désespérées de monter sur les toits, de prendre quelqu’un en otage, de se rebeller ou de répondre à la violence par la violence.
Si malgré tout, ils arrivent à glisser 2, 3 mots, on les discréditent immédiatement. « Comment ? Ils osent parler ? Ils sont délinquants, ils ont fait des horreurs, alors ils n’ont rien à dire ». On tue leurs paroles pour ne pas y répondre. (je l’ai déjà dit : 75 % des détenus ont des peines inférieurs à 1 an et les crimes horribles dont nous gavent les médias ne représentent que 0,2 % de la population carcérale et pourtant le fantasme est tenace).
Peut-on rendre humaine une torture ?
C’est pour ces raisons, et d’autres encore, que beaucoup prétendent, et particulièrement ceux qui y interviennent, n’en déplaisent à tous ces bénévoles que j’interpellais dans mon texte précédent, qu’on peut donner un visage humain à la prison, qu’on peut respecter l’humain dans l’enferment.
C’est une position schizophrénique. Peut-on rendre humaine une torture quelle qu’elle soit ? Mais cette position réformiste a un gros avantage pour les bourreaux, elle permet de faire perdurer tout ce système et le consolider si nécessaire, puisque cela revient à dire que la prison est inévitable, que c’est un mal nécessaire. On rajoute que cette horreur peut être pédagogique et rédemptrice.
C’est la même schizophrénie où contrainte maximale et pédagogie seraient compatibles. C’est en liberté qu’on apprend, sinon on obéit. Or si on ne combat pas pour l’humanisme, sans concession, on devient tous inhumains. C’est vrai que l’homme est la seule créature capable de couper des arbres pour en faire du papier et écrire dessus qu’il ne faut pas couper les arbres.
Réfléchis à ça lecteur, et regarde alors, si c’est le cas, pourquoi tu penses qu’il faut toujours de la prison.
et les gens comme toi (hors la loi - délinquant/criminel) ils iront ou ?????
tes textes sont très moralisateur envers les non détenus mais as-tu réfléchis a tes actions et les conséquences qu'elles ont pu avoir sur les victimes
c'est certain qu'une société sans prison t'arrangerait bien !
tu parles de TON quotidien en prison
remercie nous pour car
""Au 1er avril 2014, la capacité d'accueil des prisons françaises était de 57 680 places.
Un total de 68 859 détenus y étaient incarcérés dont 2 209 femmes, en hausse de 2 % par rapport à l'année précédente. Aussi, au 3 juin 2014, un détenu coûtait en moyenne 32 000 euros par an à l'état, soit 100 euros par jour en centre carcéral.""
tes conneries nous coûtent cher a nous contribuable. de l'argent qui pourrait être dépenser dans d'autre chose bien plus utile.
ce n'est pas si mal la prison puisque que apparemment tu as accès a internet pour nous abreuver de ces articles qui ne dénonce pas grand choses, si ce n'est de lire tes complaintes sans arguments.
alors répond moi Taulard inconnu si tu en as le courage
Il n'a pas internet le taulard, il fait sortir ces billet on ne sait pas comment et c'est la rue 89 qui récupère et publie.
Il témoigne le taulard inconnu, il ne moralise pas.
Faudrait savoir en plus tu pleures parce que les prisons coute des sous (rien a côté des élus qui se gavent, détournent, trafiquent et qui eux ne sont pas condamnés) et tu veux de la prison.
Si tu connaissais les victimes tu verrais que celles qui réfléchissent ne pensent pas comme toi. et le taulard n'arrête pas de te répéter que les crimes ne représentent rien dans la population carcérale
Et si pour toi les suicides, la torture et ramener l'humain au niveau d 'une bête ce n'est pas grand chose alors on n'a plus rien a te dire, si ce n'est de rejoindre vite le front national si tu n'y est pas déjà. Je suis aussi un ancien taulard aussi
""Il n’a pas internet le taulard, il fait sortir ces billet on ne sait pas comment et c’est la rue 89 qui récupère et publie.""
ça tu n'en sait strictement rien. comme si les portables (smartphone) avec connexion 3g n'existaient pas en prison. Faut arrêter de se voiler la face.
Seul @Rue89Lyon pourrait répondre a cette question et sincèrement je doute vraiment qu'il envoie par voie postale ces articles a la rédaction de Dalya Daoud quand on sait au minimum que les courriers peuvent êtres ouverts et lus par les agents pénitenciers.
""Il témoigne le taulard inconnu, il ne moralise pas.""
c'est des témoignages plaintifs et a mon humble avis personnel j'ai le sentiment a chaque fois que je lis ces articles que c'est de notre fautes si il est là ou il est et ce par des tournures de phrases parfois affreusement longues et sans fondement.
alors si, d'une certaine manière il moralise son lectorat et c'est ce qui est agaçant.
ne sait-il pas expliquer, témoigner sans donner de leçon ?!?
""Si tu connaissais les victimes tu verrais que celles qui réfléchissent ne pensent pas comme toi""
non mais là je crois halluciner en lisant cette phrase !
Ex : une victime de viol ne va pas vouloir que son assaillant, son agresseur pourrissent en prison pour le reste de ces jours ??? sous prétexte que la prison c'est pas si bien que ça ! c'est affreusement ridicule.
toutes victimes quelques soit le préjudice subit voudra réparation mais surtout que justice soit faite en application des textes de lois ni plus ni moins ! la base, la normalité.
un délit = une punition./ un crime = une sentence. ce que le code pénal dit la justice se doit de l'appliquer.
un pays sans justices ne peut survivre
allez demander aux victimes ce qu'elles en pense de la prison.
personne n'est a l'abris d’être victime,même vous.
""et le taulard n’arrête pas de te répéter que les crimes ne représentent rien dans la population carcérale""
en 2011 et 2012 ; 2,1 millions de plaintes pour atteinte aux biens !
en 2012 il y a eu 665 meurtres. en 2011 743 homicides !
en 2011 on compte 820.000 victimes de violences physiques et sexuelles dont 380 000 personnes, en grande majorité des femmes !
je vais m’arrêter là dans cette liste qui ne fait que croître et je vais te laisser lire ce rapport sur la criminalité en France : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000131/0000.pdf
et ce taulard inconnu devrait commencer par arrêter de parler au nom de tous et commencer a parler en son nom ! a moins qu'il est fait toutes les prisons de France pour dire qu'il n'y a pas beaucoup de criminels dans les prisons françaises. J'en doute !
""Et si pour toi les suicides, la torture et ramener l’humain au niveau d ‘une bête ce n’est pas grand chose alors on n’a plus rien a te dire""
95 suicides en 2010 en France (la torture c'est de l'intox)
les pays-bas et la Belgique ont des taux 2x plus élevés qu'en France.
je ne répondrais pas a ta dernière phrase !
On a compris medhi t es un mec de L'IPJ, cette émanation front national. T'es juste là pour l'intox et tu pues le brun. La notoriété du taulard inconnu t'emmerde et je comprends pourquoi. Et c'est vrai qu'il ne vaut mieux pas que je te croise je risquerai de refaire de la taule.
le front national ! toute suite quand on est pas d'accord on est taxé d’être un frontiste qui plus est d’extrême droite ! elle est facile ton attaque et sans fondement tout comme le reste de tes propos.
je pues le brun ? ok comprenne qui pourra !
"Et c’est vrai qu’il ne vaut mieux pas que je te croise je risquerai de refaire de la taule."
quel manque d’éducation, de respect et d’argument.
c'est des menaces ? tes pathétique, reste comme tu es cela semble tellement te réussir.
sinon a part ça il reste des places a vinatier !
Mais il est important que celui qui est convaincu d'un crime soit puni. C'est important pour les victimes, mais aussi pour lui, pour lui donner la chance de se présenter à nouveau devant ses semblables et de demander à se réinsérer dans la société.
Maintenant, très concrètement, la prison est universellement le lieu de tous les abus. A-t-on déjà vu un être humain ne pas abuser du pouvoir absolu qu'on lui donne sur ses congénères ? A-t-on déjà vu une prison où la violence n'est pas utilisé abusivement (par les détenus et les matons) ? A-t-on déjà vu une personne réellement pardonnée par la société après avoir subi une peine infamante ?
Lorsqu'un homme arrive en prison, c'est en partie parce que la société n'a pas su créer, pour cette homme, les conditions de sa réussite. Par quelle magie pourrait-elle y parvenir pendant la durée de sa détention ?
Bref, je ne sais pas si une société sans prison est possible, mais je sais de quoi est capable une société avec.