
C’est la première initiative de ce genre lancée en France par la SA Fermes Urbaines Lyonnaises, sur le modèle d’une entreprise belge.
« Une usine en ville, avec la plante au cœur du dispositif », lance l’urbaniste et historien Philippe Audubert pour présenter le projet qu’il a imaginé avec ses associés Didier Gaydou, architecte, et Christophe Lachambre, un financier.
La première phase d’étude de faisabilité vient d’être achevée par l’équipe de 37 personnes. Les résultats semblent prometteurs. La Ferme Urbaine Lyonnaise (FUL) se concentrera d’abord sur la production de salades, avant de s’étendre potentiellement à d’autres légumes et plantes aromatiques.
L’usine à salades n’est qu’un début
Pourquoi la salade ? Philippe Audubert explique :
« C’est l’un des aliments emblématiques de l’alimentation des Français qui en consomment sept kilos par an. Nous l’avons également choisie car il est relativement simple à cultiver ».
Le projet contient deux principaux défis.
Le premier est de proposer une plante de qualité avec 80% en moins de pesticides, tout en réduisant de 90% la consommation d’eau par rapport à l’agriculture conventionnelle. Pour un peu, les salades seraient bio si elles n’étaient pas produites hors-sol.
Pour cela, l’équipe a misé sur la verticalité. Pendant un cycle de sept semaines, les plantes seront élevées d’un étage à l’autre via un système de tapis roulant, jusqu’à atteindre leur maturation. Au total, 90 000 salades pousseront dans des gouttières sur une surface au sol de 1000 mètres carré de production. Point de lumière naturelle, mais un éclairage LED adapté aux besoins des salades.
La FUL pourrait produire jusqu’à 283 salades par mètre carré par an, soit dix fois plus qu’une production agricole en plein champ.
L’autre enjeu est de promouvoir la distribution en circuit court.
Philippe Audubert précise :
« Une salade en France fait en moyenne 1000 kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes. 60% de leur coût est lié à cette logistique. »
Les salades de la FUL seront donc uniquement commercialisées sur le territoire lyonnais. Si on compare avec un projet belge similaire, une salade coûterait de 0,90 centimes à 1,80 euros.
Les salades seront vendues encore « vivantes », c’est-à-dire avec leurs racines. Elles pourraient ainsi être consommées pendant quinze jours, contre huit pour une salade normale.
« Une solution urbaine pour faire face aux défis environnementaux »
Christophe Lachambre voit la FUL comme une solution d’anticipation pour répondre aux défis environnementaux. Il imagine :
« Cela pourrait être un pansement urbain le long des périphéries ou sur les sols pollués. »
Grâce à sa consommation d’eau de pluie en circuit fermé, la ferme a en effet été conçue pour ne rien rejeter dans l’environnement. Son coût énergétique est également faible, puisque les déperditions énergétiques des bâtiments alentours seront réutilisées.
La production étant en hors-sol, la ferme pourra également être nomade et se développer à l’international. Et Christophe Lachambre d’assurer :
« Il est essentiel de mutualiser les espaces et les énergies dans un contexte de croissance de la population, de raréfaction des ressources et de changements climatiques.»
Quels investisseurs pour l’usine à salades ?
Un projet qui fait rêver sur le papier, bien qu’il ne soit pour l’instant qu’à la phase d’ébauche. Le montant de son budget n’a pas encore été révélé.
Philippe Audubert reconnaît que « le point faible de la FUL est son coût de production ».
L’initiative a pourtant séduit bon nombre de partenaires. Les écoles de l’INSA et l’ISARA en premier lieu, mais aussi des acteurs privés comme le groupe Bonduelle. La ville de Lyon devrait également aider l’équipe à trouver un territoire où s’implanter. Les toits du centre commercial de la Part-Dieu pourraient être l’une des possibilités mais « cela reste au stade du fantasme », selon Philippe Audubert.
Prochaines étapes : la réalisation d’une étude de faisabilité, ainsi qu’un business Plan en automne pour prévoir une levée de fonds. Un premier bâtiment « démonstrateur » pourrait voir le jour courant 2016 dans l’agglomération lyonnaise.

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Dans ce projet, on annonce 80 % de pesticides en moins ? Déjà, ça donne une idée de ce qu'on ingère aujourd'hui… Mais il resterait toujours des pesticides (20 % de ce qu'on met actuellement en conventionnel. CQFD).
Vu le dispositif hyper protégé, on se demande bien à quoi ça servirait, sachant qu'on sait déjà produire des salades plein champ avec 0% de pesticide. Ça s'appelle l'agriculture bio (ou l'agriculture tout court d'avant 1945).
Quant à l'argument de la proximité, il fait bien rire, sachant qu'on détruit actuellement les dernières terres cultivables de l'Est lyonnais pour y faire pousser… un Grand Stade ! Je ne pense pas que l'agriculture de proximité soit vraiment la préoccupation de nos élus. Soyons honnêtes.
Enfin, les prix avancés restent élevés. J'achète de la salade bio produite dans le Rhône au marché en bas de chez moi à 80 centimes.
Faut arrêter de vouloir faire compliqué quand c'est simple. L'agriculture saine de proximité existe déjà . Défendons là plutôt que de rêver à d'hypothétiques usines à salades…
Imaginons maintenant que vous sortez du bureau, que vous montez sur le toit de vote boîte et que vous alliez prélever directement votre repas dans la machine ?
L'agriculture "biologique" c'est pas 0% de pesticides puisque des produits dits "biologiques" ou "naturels" sont autorisés dans certaines conditions. A noter que l'origine synthétique ou naturelle ne détermine en rien l'aspect toxique ou sain de tel ou tel produit.
De toutes façons raisonner sur des pourcentages sans connaitre les produits utilisées ni les ordres de grandeur n'a aucun sens. (A part pour faire de la polémique)
Des projets d'usine à salade ne sont pas nouveaux puisqu'au Japon, des grands groupes tels que Toshiba, Fujitsu et Panasonic se sont déjà lancées dans de tels projets afin de reconvertir d'anciennes installations. L'autre intérêt de tels projets est de pouvoir produire des aliments spécialement adaptées à certains malades tels que les insuffisants rénaux ou les immunodeprimés.
@BO : j'achète de la salade bio qui pousse à 10 km de chez moi, ça me parait une distance raisonnable.
Sinon, je dis et je redis que ces projets technologiques sont certainement intéressants, mais qu'on peut d'ores et déjà soutenir et développer une agriculture bio de proximité, sans attendre que de telles fermes existent et en veillant à ce que les dernières terres agricoles de l'agglo ne disparaissent pas. là est l'urgence (pour moi).
Pour ce qui est de la destruction des dernières terre agricoles lyonnaise je vous renvoie a quelques sources :
"Afin de préserver ses terres de cette urbanisation galopante, la Communauté urbaine de Lyon a décidé de « sanctuariser » 9000 hectares de surface agricole, déclarées de fait inconstructibles, en tout cas jusqu’à septembre 2016"
http://www.rue89lyon.fr/2012/05/18/lyon-agriculture-portes-ville-est-elle-possible/
J'ai pas compris l’intérêt de les faire passer d'un étage à l'autre, une explication?