
La photo de l’année dernière, on ne savait pas d’où venait la lumière. Et je suis resté en septembre dernier à Perpignan plus de dix minutes devant le print, toujours pas capable de deviner d’où venait la lumière. Ridicule.

World Press 2014 – 26 février 2013, Djibouti. Des migrants africains tentent de capter le réseau téléphonique somalien (moins cher) depuis Djibouti, pour joindre leurs proches. Crédits : JOHN STEINMEYER/VII POUR « NATIONAL GEOGRAPHIC ».
En tout cas, bravo à tous les concurrents : Canon, Nikon, Toshop et Lightroom en premier. Mais aussi aux milliers de consommateurs de ces produits numériques qui ont tenté ce concours (ou d’ailleurs n’importe quel autre concours, il y en a plein) où il s’agira de combiner un joli clic sur sa machine 1 (« l’appareil photo ») et de très jolis algorithmes de traitement d’image sur sa machine 2 (« l’ordinateur équipé d’un logiciel de traitement rattaché lui-même à une dropbox »).
A l’année prochaine.
Par Richard Bellia, photographe.
L'ensemble du palmarès de la WPP récompense de vrais reportages et non pas de simples "clics" isolés d'amateurs surdoués en retouche...
"C’est le soleil ou la lune ? Je n’arrive pas à savoir"
Normal à force de chercher la petite bête de trucage, on perd la notion de ce qu'est la lumière! Pour avoir la même intensité entre téléphone et "astre" ça ne peut être que la lune et du coup ces silhouettes nocturnes et étranges montrent le contraste entre leur destin d'immigrés clandestins dans un monde hyper-connecté...
Bref les gagnants de ce concours ce sont surtout des gens talentueux qui ont autre chose à faire que d'avoir un lien wikipédia vers leur propre égo.
"La photo primée a été prise pour le compte de National Geographic en février 2013 à Djibouti, lieu de transit des populations en provenance de la Somalie, de l’Éthiopie ou de l’Érythrée. On y voit des migrants africains à la lumière de la Lune, leurs téléphones levés au ciel afin de capter du réseau pour contacter leurs proches. Où vont-ils, que feront-ils ensuite, impossible à dire.
Mais plus qu’une simple image d’actualité selon Jillian Edelstein, membre du jury, cette photo “est connectée à tant d’autres sujets : elle ouvre la discussion au sujet des technologies, de la mondialisation, des migrations, de la pauvreté, de l’aliénation, d’humanité”.
Susan Linfield, une autre membre du jury présidé par Gary Knight, de l’agence photo VII, souligne le caractère humanisant du cliché :
Tellement de photos des migrants les montrent débraillés et pathétiques, mais cette photo n’est pas tant romantique qu’elle est digne.
John Stanmeyer, né aux Etats-Unis dans l’Illinois, est l’un des membres fondateurs de l’agence photo VII. Il a vécu en Asie pendant de nombreuses années, couvrant notamment les effets du tsunami de 2004 dans l’océan Indien. Il a collaboré avec Time et National Geographic. Ses autres clichés sont à découvrir sur son site personnel."
C'est comme si on leur demandait de vivre avec leur temps : impensable !
Être un bon photographe (surtout de presse) demande de l'humilité, c'est sans doute la raison pour laquelle ce n'est pas vous qui avez gagné le World Press Photo...
Bref, une petite anecdote qui illustre bien comment l'arrogance, l'orgueil et le mépris, sur-développés au sein de la même personne, permettent d'atteindre les sommets de la bêtise humaine.