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Cercle Martin Luther King : la diversité compte sur la droite à Lyon

Le Cercle Martin Luther King est un nouveau venu parmi les clubs qui cherchent à promouvoir la diversité. Il pourrait surtout permettre à une partie de ses membres d’obtenir des places sur la future liste UMP aux élections municipales de Lyon.

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Photo d’illustration – Le film Rocky III avec Stalone (à gauche) et Mister T.

A Lyon, les prétendants au poste de candidat UMP à la mairie se cherchent des alliés. Si Michel Havard mise sur une majorité d’élus encartés, Emmanuel Hamelin peut compter sur les représentants d’un nouveau club fondé sur la thématique de la diversité, le Cercle Martin Luther King.

 

Un énième club « diversité » qui lorgne du côté des Etats-Unis

Après le Club Convergence, France Plus et, plus près de chez nous, Rhône-Alpes Diversité, un nouveau club visant à promouvoir la diversité a été lancé le 15 janvier dernier à Lyon.

Déjà impliqués dans la création des « Amis lyonnais de Barack Obama », les deux fondateurs, Patrice Schoendorff et Moustapha Ghouila, indiquaient dans un communiqué de presse :

« Il apparaît clairement que persistent toujours d’importants problèmes concernant la place de la diversité et sa reconnaissance dans l’espace lyonnais, voire français, tant au plan économique, social, qu’au plan artistique et politique ».

Comme les autres clubs qui l’ont précédé, le Cercle Martin Luther King entend briser le « plafond de verre (…) qui contraint encore beaucoup de personnes issues de la diversité, les empêchant de se réaliser véritablement ».

Comme les autres clubs, il entend s’appuyer sur l’exemple des Etats-Unis, qui ont par ailleurs été très actifs dans le repérage des « élites de la diversité », notamment à travers le Programme des visiteurs internationaux ou en soutenant le lancement de club sur la diversité.

Son originalité est de le faire de manière aussi décomplexée. Outre le nom « Martin Luther King », ce club entend « fonctionner en partenariat » avec l’American House, une excroissance du consulat américain de Lyon.

 

Un club apolitique… de droite

Certes, le président du Cercle Martin Luther King, Patrice Schoendorff, déclare qu’ »il veille à ce que toutes les sensibilités politiques soient représentées ».

Mais l’objectif de ce club, qui revendique 80 personnes, n’a pas seulement de porter le message humaniste du pasteur américain. Le vice-président, Moustapha Ghouila, insiste lourdement :

« Nous voulons des places sur les listes des candidats aux élections municipales ».

Des places, oui, et pas sur n’importe quelle liste.
Tous les dirigeants du Cercle (président, vice-président, trésorier) se rangent sous la bannière UMP et soutiennent la candidature de l’ancien député de la Croix-Rousse, Emmanuel Hamelin (aujourd’hui conseiller municipal).

Plusieurs de ses adhérents sont encartés à l’UMP (comme le vice-président Moustapha Ghouila) ou dans des formations associées, comme la Gauche moderne (pour le président Patrice Schoendorff).

Cela explique pourquoi ils n’ont pas rejoint le « Club Rhône-Alpes diversité », qui, lui, est présidé par le secrétaire du groupe PS au Conseil général du Rhône, Ali Kismoune. Pour Patrice Schoendorff, c’est clair, ce club-là « roule pour le maire PS de Lyon », Gérard Collomb.

 

Le choix de la droite, à cause de Collomb ?

Mohamed B., la trentaine, veut se lancer en politique. Et il compte le faire via le Cercle Martin Luther King.
Il s’est tourné vers la droite et Emmanuel Hamelin car, dit-il, l’UMP s’est intéressé à lui à plusieurs reprises :

« Les socialistes n’entendent pas nos idées alors qu’ils se disent intéressés par le social ».

Il explique qu’il faudrait être « membre du parti » pour être entendu.
Consultant dans un cabinet de recrutement, il se dit « libéral » et veut porter ses idées sur l’emploi au-delà de sa sphère professionnelle pour faire bouger les lignes :

« En tant que personne issue de l’immigration, je ne veux pas être cantonné au sport ou à la vie associative. Je veux avancer sur les sujets sur lesquels j’ai une expertise ».

Pourquoi Emmanuel Hamelin, alors ?

« Je l’ai croisé une fois, il a retenu mon nom. Alors que j’ai dû croiser dix fois Collomb, il ne sait toujours pas qui je suis ».

Plus profondément, il raconte qu’Emmanuel Hamelin a été « intéressé » par son discours sur l’emploi. Il n’en a pas fallu plus pour que Mohamed B. tente sa chance pour les municipales et affichent son soutien. Il espère donc se retrouver en bonne position sur les listes du 6e arrondissement de Lyon et rêve d’être « adjoint d’arrondissement en charge des missions locales ».

 

Jusqu’où ces « divers » vont-ils se mobiliser ?

Emmanuel Hamelin fait de la diversité un des thèmes de sa pré-campagne municipale. Il a d’ailleurs nommé Moustapha Ghouila « référent diversité », car dit-il, « chacun doit faire des efforts pour avoir plus de diversité ».

Hamelin refuse cependant de promettre des places éligibles aux « divers » investis dans sa campagne.
Pour le chercheur en sciences politiques, El Yamine Soum, cette stratégie de création de clubs pour obtenir davantage de places aux élections n’a rien d’original : depuis plusieurs années, on observe l’émergence de ces groupes ou collectifs à l’intérieur comme à l’extérieur des partis.

L’auteur de « Discriminer pour mieux régner – enquête sur la diversité dans les partis politiques » considère que l’efficacité de cette stratégie dépend de la « capacité de mobilisation des divers » :

« Ce Cercle Martin Luther King, comme les autres, est à observer dans le temps. S’il arrive à porter des réflexions et à mobiliser, il deviendra autre chose qu’une coquille vide et permettra à quelques têtes d’émerger ».

Les dirigeants de ce nouveau club comptent beaucoup sur la « Journée Martin Luther King » en juin prochain, jusque-là organisée par une autre association, Des Souvenirs Pour Tous, et que le Cercle a récupérée.

Son vice-président Moustapha Ghouila compte également convaincre les dirigeants de l’UMP en leur faisant miroiter les voix que la diversité pourrait rapporter :

« Aux dernières élections, il a manqué un million de voix à Sarkozy. On s’aperçoit qu’il lui a manqué surtout le vote populaire, dans les quartiers. Et ces gens veulent voter pour des personnes qui leur ressemblent ».

Comme le souligne le chercheur El Yamin Soum, le discours sur une « société française qui ne serait prête à voter que pour des personnes issues de l’immigration post-coloniale » est encore fortement ancré parmi les élites politiques. De gauche comme de droite.

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