A l’heure où les villes cherchent de nouvelles solutions pour résoudre les problèmes de déplacement, désengorger les centres villes et améliorer la qualité de l’air, est-ce que toutes les initiatives ont été explorées ? Plusieurs leviers sont possibles pour développer certains modes de transports qui ne connaissent pas encore de saturation. Il suffit de penser au retard de la France dans sa pratique du vélo en ville (elle peut atteindre jusqu’à 40% des déplacements dans une ville comme Copenhague).
Le vélo n’y est pas ou peu subventionné : hormis dans le cadre d’aménagements de circulation (pistes cyclables, réglementations spécifiques) ou par la mise en place de vélos en libre service, les cyclistes ne bénéficient pas d’aides pour être encouragés à démarrer ou à renforcer leurs pratiques cyclistes.
Et Lyon inventa Vélov’…
En pratiquant la bicyclette (comme la marche par ailleurs), on peut estimer qu’ils rendent service à la collectivité : suppression de la congestion, diminution de la pollution, amélioration du cadre de vie, diminution du coût d’entretien des infrastructures. Sans parler des perspectives de relance de l’économie locale voire nationale (vente de vélos, neufs ou d’occasion, réparation, équipement…), ou encore de la baisse des dépenses de la sécurité sociale (avec la pratique d’une activité sportive quotidienne).
Ces dernières années, certaines pratiques plus « écologiques » ont été fortement encouragées par des subventions publiques (bonus écologique pour l’achat de certains véhicules pouvant aller jusqu’à 4000 euros). Les cyclistes « ordinaires » n’ont aucun bonus écologique hormis dans le cadre de l’achat de vélo à assistance électrique (subvention de l’ADEME, agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie, ou de certaines collectivités locales comme le Grand Lyon). C’est pourtant le mode de déplacement écolo par excellence.
Une initiative à Lyon va toutefois dans le sens de cette rétribution du cycliste, celle du Vélov’ : on peut le considérer comme un service subventionné étant donné que l’utilisateur ne paie pas le vrai coût du service, qu’une partie de l’espace public est libéré pour la mise en œuvre de stations et surtout que la collectivité perd de l’argent en mettant en place ce système (elle ne récupère pas l’argent généré par l’affichage publicitaire par lequel JCDecaux finance ce service).
La prime au coup de pédale
Plusieurs rétributions des cyclistes seraient possibles. Pour tout déplacement domicile-travail régulier (au moins 15 fois dans le mois), chaque salarié pourrait percevoir un petit bonus d’encouragement pour sa pratique du vélo ; ou bien les entreprises ou les administrations pourraient financer une partie de l’équipement annuel du cycliste (comme le propose le Club des villes et territoires cyclables ainsi que les associations d’usagers) : tout ou partie du forfait entretien ou réparation d’un vélo ; équipements divers : signalisation, casques, antivols, protège-pluie, etc.
De même on pourrait imaginer des encouragements par paliers via un système de comptage. Au-delà de 3000 kilomètres par an, le cycliste pourrait toucher une petite prime. Des encouragements pourraient être aussi mis en place pour ceux qui pratiquent le vélo en périphérie. Ces coûts ne se rajouteraient pas aux autres systèmes de tarification puisqu’ils se déduiraient des autres incitations financières (subvention d’une partie des abonnements des transports en commun).
Différents challenges collectifs pourraient être aussi mis en place : si plus de 25% des salariés d’une entreprise utilisent le vélo, la collectivité locale pourrait proposer en échange une prime collective : installation d’un parc à vélo collectif, financement d’un vélo collectif (à assistance électrique) pour l’entreprise, financement d’équipements pour les cyclistes (casques, systèmes d’éclairage, etc.).
Il faudrait en revanche trouver un système de comptage des déplacements faits en vélo par les salariés : pointage chaque matin via les entreprises ou les administrations ; gestion des itinéraires via des systèmes de géo-localisation.
Pluie et vent sur le cycliste
Ces différents mesures pourraient ainsi constituer une contrepartie à une pratique qui peut parfois pour certains être inconfortable (pluie, vent, froid…) ou dangereuse (même si le vélo est le moyen de transport sur route le plus sûr). Lyon, qui fut la première ville à étendre en France un système de vélo en libre service et qui cherche de nouvelles solutions pour développer ce système (locations longue durée), pourrait par exemple expérimenter ce type de dispositif et ainsi susciter une nouvelle hausse de l’usage du vélo en ville.
Bien sûr, les plus sceptiques diront que les individus et usagers n’ont pas toujours besoin de « carottes » incitatives ou de bâtons « restrictifs » pour se déplacer mais comme nos politiques de transports sont largement indexées sur des mécanismes de redistribution, de compensation, voire de restriction (péage, taxes diverses), pourquoi ne pas intégrer également dans ce panel de dispositifs la pratique de vélo ?
Par Sébastien Gardon, membre du groupe P2M Passé Présent Mobilité. Il a publié « Goût de bouchons, Lyon, les villes françaises et l’équation automobile » chez Descartes et Cie (2011), et participe au blog « Mobile Home ».
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Le deuxième axe est de protéger les pistes cyclables (où il y a toujours des gens garés en double file.
Je ne cautionne pas le fait qu'un cycliste circule sur un trottoir : à bien des égards, sa place est sur la route, dans le trafic car c'est là qu'il est le plus en sécurité même s'il n'en a pas forcément le sentiment.
Car en effet, c'est souvent parce que c'est là qu'il se sent le plus en sécurité que le cycliste roule sur le trottoir. C'est le manque d'aménagements sécurisés qui l'y pousse et non pas l'envie d'ennuyer les piétons.
Je voudrais ajouter que c'est moins de nuisances sonores, donc plus de sérénité pour tous les Lyonnais.
Plus d'activité physique pour les cyclistes certes, mais aussi plus de sérénité aussi car deux roues = pas de stress ni d'énervement lié au fait d'être immobile et en retard en raison des embouteillages -même si on se rend particulièrement compte que le C02 sent vraiment mauvais quand on est sur son deux-roues.
et donc activité physique + détente = économies indirectes pour la sécurité sociale.
Et bénéfices pour les assureurs car les cyclistes ont cependant souvent une voiture, l'utilisent peu et donc cotisent, mais ont moins d'accident.
Un crédit d'impôt serait sympa...
Mais comment prouver qu'on est utilisateur au quotidien ? en amenant ses roues usées au trésor public ?!!!!!
Sophie cycliste ravie de pouvoir se déplacer autant que possible en vélo.
Pour celles et ceux qui sont intéressés par les question de santé (personnelle et publique) liées au vélo > http://bit.ly/QjtnJR
Une avancée majeure dans le pays de Citroën et de Renault !
Je fais du vélo pour mon plaisir mais je trouve que tout faire pour le vélo dans les villes est une aberration...... Dans 10 ou 15 ans TOUS les véhicules seront électriques ou presque.... Et on refera des parkings et des routes pour ces véhicules... Faire et défaire. .... On aime bien.......
Alors oui peut-être que dans les grandes agglomérations il y aura une utilité aux voitures électriques, dans des systèmes de partages.
Mais quoiqu'il en soit le problème de la voiture, électrique ou pas, reste le même en ville:
- ça prend beaucoup de place (voirie, stationnement) pour un engin utilisé moins de 5% de son temps.
- c'est dangereux par sa masse et sa vitesse pour les piétons et cyclistes.
- ça ne roule pas vite: feux, embouteillages, chercher à se garer.
- un tramway, un bus, ou un vélo transportent plus de personnes par heure, sur moins d'espace public.
Alors bien sur tout le monde ne peut pas prendre le vélo ou les transports en commun (praticité ou santé), mais que cela soit maintenant ou dans 30 ans (encore plus dans 30 ans avec les problèmes énergétiques à venir) c'est dans ces solutions qu'il faut investir.
Alors oui, pourquoi pas rétribuer également les rollers, les patinettes et le covoiturage. Merci pour cette brillante idée !
1974 La Rochelle ; 1998 Rennes ; 2002 Chambéry ; 2005 Lyon.
Oh bien sûr, vous me direz "ce n'est pas exactement la même chose", quand on est chauvin, on trouve toujours quelque chose à dire :-)
La ville devrait communiquer sur l'utilisation du vélo en ville, les règles de conduite, car, pédalant tous les jours, les usagers des Vélov' m'agasse chaque jour !
D'autre part, la sécurité des vélos n'est pas du tout assurée. Les automobilistes nous dépassent toujours comme des malades, ils se garent sur les pistes cyclables, quand celles ci ne sont pas partagées avec les piétons sur le trottoir.
Je pense qu'avant de vouloir rétribuer les cyclistes, et donc augmenter leur nombre, la mairie devrait tout d'abord mettre des personnes qui pratiquent le vélo à la tête de leurs réflexions.