Crédits photos : Thomas Francillard
Jean-Luc Mélenchon sait son auditoire acquis à sa cause. Il n’en rajoute donc pas. Son but, outre la galvanisation des troupes, est de faire de chacun de ses spectateurs un porteur de son discours. Et à chaque meeting, son nouveau message.
« A Nantes, le Front de gauche a expliqué pourquoi vous ne devez pas avoir peur de la dette. A Besançon, on a expliqué comment on peut dé-financiariser notre économie. J’ai montré comment les ouvriers pouvaient prendre le pouvoir dans l’entreprise à travers les coopératives ».
« Vous allez bien m’écouter »
Reportage audio réalisé par Isabel Contreras, étudiante en journalisme
Sur le campus de Villeurbanne, devant 10 000 personnes réparties sur les deux étages du Double-Mixte (« du jamais vu », selon Mélenchon lui-même), l’ancien sénateur socialiste s’en prend au « chamboule-tout social » de Nicolas Sarkozy.
C’est le « deuxième message », comme il le dit. Le premier a été délivré pendant une demi-heure par le premier secrétaire du PCF, Pierre Laurent : la résistance au « Nouveau traité européen », à savoir l’inscription de la règle d’or budgétaire dans les traités européens.
Puis, pendant vingt minutes, l’ancien ministre de l’enseignement professionnel de Jospin développe un cours magistral de droit du travail sur la « hiérarchie des normes ». Le sujet est ardu. Il le sait. Mais jamais il ne dira qu’il fait de la pédagogie, un mot sans doute trop marqué « néolibéral » :
« La loi concrétise les luttes sociales. La combinaison de la lutte et de la loi est au coeur du progrès social. C’est la loi qui protège et la liberté qui opprime ».
Et de citer les principales conquêtes sociales : de l’invention du droit du travail au XIXe siècle jusqu’au 35 heures, en passant par les congés payés.
Ce thème de cours est d’actualité. Jean-luc Mélenchon rebondit sur une des annonces de Nicolas Sarkozy, lors de son passage à la télé, le dimanche 29 janvier :
« Nicolas Sarkozy a décidé que le contrat serait supérieur à la loi. Ne leur faites pas confiance ! (…) C’est une erreur gigantesque de penser que la négociation doit être supérieure à la loi. Aucun syndicat ne le demande. (…) Pour sauver votre peau, c’est la République sociale ».
L' »éducation populaire » du peuple par Mélenchon
« Cette campagne est un « mouvement d’éducation populaire », prévient-il : « il faut faire de l’éducation autour de nous ». S’il tape moins sur les médias (la diffusion en direct du meeting sur BFMTV y est peut-être pour quelque chose), il ne peut s’empêcher d’égrainer les temps de parole du Front de gauche sur les médias audiovisuels, chiffres du CSA à l’appui : entre 1 et 4 % alors qu’il est aujourd’hui crédité de 9 % des intentions de vote dans les sondages.
Le Front de gauche ne peut donc pas compter sur les médias. Qu’à cela ne tienne : « le premier média du peuple, c’est le peuple lui-même », finit-il par lancer.
Crédits photos : Thomas Francillard
Ouvriérisme, Républicanisme et anti-lepenisme
Les premiers qu’il veut toucher, ce sont les ouvriers. Comme dans une manif, les délégations des usines en lutte pour leur emploi sont au premier rang. Il y a les « Lejaby », les Veninov, les « Rio-Tinto » et surtout, les « Arkema ». La soirée leur est dédiée.
Plus tôt dans l’après-midi, il leur a rendu visite à l’usine de Sont-Fons (dans le Couloir de la chimie lyonnaise), en compagnie, distante, du député communiste orthodoxe, André Gerin. Lequel n’a de cesse de se prononcer contre la dynamique du Front de gauche et la présence d’un non-communiste pour représenter le PCF.
Pour le président du Parti de Gauche, Arkema est un exemple de la manière dont « la financiarisation de l’économie arrive à la débâcle » :
« On vend à un dépeceur une branche d’activité qui représente six sites de production et 2 600 personnes pour un 1 euro ! Tout ça parce que les actionnaires ne dégagent pas 15 ou 20% de profit ».
Mélenchon ne veut pas seulement se montrer en marxiste, mais aussi en républicain. Ces références à la citoyenneté et à la devise républicaine ponctuent toutes les grandes séquences de son intervention :
« Vive la loi, vive la République, vive la citoyenneté dans l’entreprise ».
Et pour que les ouvriers et les précaires (assimilés aux ouvriers dans son propos) ne se trompent pas de vote, le candidat du Front de gauche tape, sur les une heure et quart qu’aura duré son discours, pendant un au moins un quart d’heure sur la candidate du Front national. Elle est accusée de ne pas défendre les « intérêts des travailleurs », de vouloir une retraite « à la carte » et de proposer de « renvoyer les femmes à la maison ».
Il se fend également d’une analyse psychanalytique de la famille Le Pen :
« Ils n’arrivent pas à vivre sans détester quelqu’un. Le père est antisémite, la fille est anti-arabe ».
Une lecture de Victor Hugo
Pour finir, le professeur veut tordre le cou à une critique qui le qualifierait, selon lui, de « trop intellectuel », dit-il. Il se lance, comme après son meeting de Besançon, dans une lecture d’un passage du roman de Hugo, Les Misérables. Où les barbares ne sont pas ceux qu’on croit mais les bourgeois, qui regardent passer les gens du peuple dans la rue : « ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs ».
La sono reprend, les paroles sont diffusées sur grand écran, l’Internationale puis la Marseillaise peuvent ensuite être chantées d’une même voix.
la Liberté la Fraternité l' Egalité et la Solidarité
On aurait aimé lire : XIXe siècle.
Merci pour le compte rendu.
"Le premier média du peuple, c'est le peuple lui-même" : c'est ça la campagne sur les réseaux sociaux ? :)
Des photos ici :
http://ltreflex.blogspot.com/
et là :
https://picasaweb.google.com/stock.disk01/20120207MelenchonVilleurbanne?authuser=0&feat=directlink
Cdlt.
Laurent
Evidemment parler droit du travail ça fait pas des slogans tout faits pour le 20heures, mais c est là que se joue la bataille pour la défense des acquis sociaux
Pourquoi je n'arrive pas à partager cet article sur Facebook?
Bien sûr tous les citoyens devront apporter vigilance et action car le monde de la finance ne se laissera pas faire .Chaque citoyen sera la sentinelle de notre vraie constitution et démocratie .
La présidentialisation de cette élection est à l’image des pouvoirs mis entre les mêmes mains dans cette 5ième constitution ,l’évolution nécessite des esprits ouverts et cultivés qui aidés par des citoyens actifs seront poussés à rester dans les sillons tracés ; Mr Mélenchon est pour l’instant celui qui représente au mieux cette façon de pratiquer .
Sa future élection ne veut pas dire chèque en blanc ,cela augure d’une vraie respiration démocratique ,donc d’un engagement permanent de tous ,soyons des citoyens et non pas que des électeurs .
Rien que pour cette raison, je ne pourrai pas voter PS au 1er tour.
Peut-on en conclure qu'il s'aime à tout vent ?
Et en plus je pige tout ce qu'il dit.
J'irai donc voter pour lui.
si chacun de nous , comme je le fais avec mes modestes moyens , s attache a convaincre au moins deux personnes , c est gagne !
meme les medias commencent a tenir compte de notre presence ....difficilement c est vrai et quasi a reculon , mais ca vient !
l humain d abord ! qu ils s en aillent tous !
Pour fréquenter (comme photographe, mais j'ai aussi des oreilles !) les meetings politiques, j'aimerais mettre l'accent sur la qualité "littéraire" et l'écriture des discours de M Mélenchon ; assez unique en son genre. Cela explique aussi leurs qualité "pédagogique" (j'ai un peu de mal avec ce mot tant il sert trop souvent de vaseline pour "expliquer" des mesures inacceptables !). Ce candidat est sous-représenté dans les médias, comme l'était le "Non !" en 2005 ... On sait ce qu'il arriva ... Je crois que ce à quoi nous assistons est exactement du même ordre.
Cdlt.
Laurent ( http://ltreflex.blogspot.com/ )
37 ans de PS, et il vient nous jouer sa Rosa Luxembourg de salon. Qu'il s'explique d'abord sur le soutien et sur tout ce qu'il a signé avec le PS : Maastricht, Lisbonne, l'Euro, la privatisation des banques et j'en passe. Et ensuite, il pourra causer, c'est la moindre des choses.
Il ne passera pas au deuxieme tour, il lui manque les ouvriers, qu'il n'hésite d'ailleurs pas à virer de ses meetings, je mettrai le lien en ligne si vous voulez. Et pour qui croyez vous qu'il appellera à voter au second tour ? hmm? Ah la reconaissance du ventre...
Il a certes voté pour Maastricht (il a reconnu qu'il avait fait, lui aussi, une erreur) mais tout le reste est faux. Il faut réviser avant de balancer des choses inexactes, ça améliorera votre crédibilité.
Bonne journée de la part d'un ouvrier.
Pourquoi faut-il que des gens que je pense de bonne foi comme vous aient tellement peur qu'ils ne supportent pas la possibilité d'un vrai changement et préfèrent dénigrer ceux qui leur proposent ?
Qu'est-ce que vous risquez à tenter le vote de gauche ? De la déception, je sais nous en avons eu mais voter pour la droite et l’extrême-droite vous ne serez pas déçu çà non, nous en prendrons plein la tête comme çà se produit depuis 10 ans
c'est très impressionnant, d'autant que la veille à Villeurbanne ca à été aussi un succès de cette ampleur. Et même à Toulouse la halle aux grains était archipleine (plus de 2000 personnes) pour un meeting local sans JL Mélenchon.
C'est dons bien le programme et la crédibilité des propositions qui déclenchent cet engouement populaire.
Le changement est en marche !
Voter, c'est abdiquer. Voter, c'est perpétuer un système, celui que l'on connait aujourd'hui, immoral et dégueulasse. Voter, c'est accepter en toute conscience d’être l'esclave d'un maitre, a la seule différence qu'on auras choisi ce maitre.
Et ce maitre, aussi "pédagogue" qu'il soit, aussi proche du peuple et des travailleurs semble t-il, il ne seras la que pour servir les intérêts d'une classe bourgeoise qui décide a notre place depuis bien trop longtemps.
C'est pourquoi je n'ai pas voté en 2007 et je ne voterais pas en 2012. Je n'ai jamais voté, et j'en suis fier ! Et j'encourage tout le monde a faire de même.
Je pense que nous pouvons nous organiser sans chef au dessus de nous. Sans politicard, de droite comme de gauche, pour décider a notre place. Je crois en la Gestion Directe, qui elle seule favorise la parfaite égalité entre les hommes, quelque soit sa couleur de peau, son origine, sa religion.
Autogestion ! Abstention !
Quant à la gestion directe, c'est aussi ce que JL Mélenchon propose pour les entreprises.
Les anars, il faut sortir un peu de votre tour d'ivoire ;-)
Non qu'un seul individu (précitant) ordonne sur des millions de personnes !
s'abstenir c'est refuser leur système tout le reste c'est le cautionner !
Un politicien quoi !