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20/03/2024 date de fin
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Le Rhône supprime un tiers de ses cars interurbains

Au revoir. Ce vendredi 26 août, les lignes 231 reliant Condrieu à Vienne et 261 reliant Bessenay à la Brevenne connaissent leurs derniers voyages. Pour cette rentrée, outre ces deux fermetures de lignes annoncées, le Département du Rhône supprime un tiers de ses cars interurbains.

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Un car du Rhône de la ligne 44 . CC Billy69150

> Nous republions notre article du 4 février dernier sur le sujet

Depuis qu’ils dirigent le (nouveau) Rhône, Les Républicains veulent faire des économies à tous les étages. Ce sont les cars du Rhône qui sont les premiers dans le viseur, avec une réduction de l’offre de 35%.

Vendredi 29 janvier, les élus du Conseil départemental du Rhône ont majoritairement voté cette réduction de l’offre pour une économie de 8,3 millions d’euros par an, à rapprocher des 55,8 millions d’euros que coûtent actuellement les 44 lignes de cars.

Cela passera essentiellement par des suppressions de lignes et de fortes diminutions des fréquences.


« Les cars les plus chers de France »

Depuis les élections de mars dernier, Christiane Agarrat (Les Républicains) est la nouvelle vice-présidente du Département du Rhône en charge des transports.

Contactée par Rue89Lyon, elle sort son argument massue pour justifier ces coupes budgétaires :

« Nous avons les cars les plus chers de France ».

La vice-président accuse l’ancienne majorité centriste menée par Michel Mercier d’avoir mal géré ce dossier.

Christiane Agarrat suggère notamment que les exploitants qui se répartissent le marché se sont « entendus » et que les délégataires « ont pris la plume » pour rédiger les contrats. Ce qui expliquerait les prix élevés malgré la mise en concurrence officielle.

Voici la liste de ces entreprises qui assurent pour le Rhône les transports interurbains. Le marché a été divisé en cinq délégations de service public (DSP) correspondant à cinq zones géographiques mais nous retrouvons toujours ces mêmes autocaristes :

L’exécutif du Nouveau Rhône n’a pas rompu ces contrats (qui courent jusqu’à 2021) mais les a renégociés pour la rentrée 2016.

Comme l’a raconté Le Progrès (payant), Quatre conseillers – dont Bernard Chaverot (canton de l’Arbesle, divers gauche) et Daniel Jullien (canton de Vaugneray, UDI) – ont voté contre la réduction des lignes, en réclamant une renégociation des conditions tarifaires des autocaristes et une concertation avec les mairies et les usagers.

Dans son intervention, Daniel Jullien constatait que « la baisse du service est de 35%, la charge financière pour le département ne diminue que de 14%. »

Ces élus ont été vertement cueillis par la vice-présidente en charge des transports :

« Monsieur Jullien affirme qu’on a mal négocié. Je lui réponds que nous avons fait le maximum. On ne peut pas baisser le coût dans la même proportion car il y a des coûts fixes, principalement en matière salariale ».


En attendant la Région

Le principal argument des usagers opposés à cette réduction de l’offre repose sur le changement de compétences de 2017. Le 1er janvier prochain, ce ne sera plus le Département mais la Région qui aura la compétence des cars interurbains.

Pour ces opposants, il serait urgent d’attendre et de profiter de l’année 2016 pour préparer une remise à plat du réseau de transport public régional.

Mais l’exécutif du Département a fait un autre calcul : il était urgent de réduire le budget transport sans quoi le Rhône aurait dû verser les 55,8 millions à Auvergne-Rhône-Alpes ad vitam aeternam. Christiane Agarrat :

« Quand on transfert une compétence, on transfère les finances qui vont avec. C’est inscrit dans le marbre. Si l’on avait pas renégocié, on aurait transféré annuellement 55,8 millions d’euros. »

En mai dernier, le président du Rhône, Christophe Guilloteau annonçait une diminution du budget de 12 millions d’euros. C’était juste avant la réception d’un audit qui conforta le nouvel exécutif dans ses choix.

Finalement, l’économie ne sera que de 8,3 millions. Elle passera aussi par un autre transfert de compétence. Le ramassage scolaire des primaires sera « redonné » aux communes à partir de la rentrée 2016, selon les mots de la vice-présidente :

« Nous restituons cette compétence aux communes. A elles de supporter la charge correspondante ».

40 communes sont concernées et 750 élèves.


Suppressions de cars le week-end et pendant les vacances scolaires

Début décembre, un document de travail a été transmis aux élus qui siègent en commission générale. Intitulé « Optimisation de l’Offre des Cars du Rhône », il présente les propositions de réductions de fréquence et les suppressions de lignes.

Les derniers arbitrages seront réalisées sur la base de ce document d’ici la fin du mois de mars. Rue89Lyon le met en ligne.


Dans ce document, les principes de « l’optimisation » des services sont exposés :

  • Jours ouvrés : maintien des services en heure de pointe uniquement (6h – 8h30 et 16h – 19h) + 1 aller-retour entre 12 et 14H.
  • Vacances scolaires : maintien d’une desserte au cours de la journée, desserte allégée pour les lignes les moins fréquentées.
  • Samedi : maintien des seules lignes dépassant 10 voyageurs/trajet
  • Dimanche : maintien des seules lignes dépassant 5 voyageurs/trajet

Deux fermeture de lignes sont annoncées :

  • La 231 entre Condrieu et Vienne
  • La 267 entre Bessenay et la Brévenne

Une quinzaine de lignes verront leur offre limitée aux jours ouvrés. Les cars seront supprimés le week-end et pendant les vacances scolaires.


« Je devrai reprendre ma voiture »

Jusqu’aux derniers arbitrages fin mars, les négociations vont aller bon train avec les maires.

Dans le Beaujolais et surtout dans le sud du département, des usagers essayent également de faire entendre leur voix.

En mai dernier, les usagers qui travaillent en horaires décalés s’inquiétaient, comme on le montrait ce reportage de France 3.

A Condrieu, les usagers se sont organisés en collectif pour défendre le maintien de la ligne 231 et les mêmes horaires pour la 134.

L’animatrice du collectif Aurélie Nortier développe ses arguments contre dans la vidéo ci-dessous du journaliste Jean-François Cullafroz, lui-même membre de ce collectif.

A 33 ans, Aurélie Nortier habite depuis quelques années à Ampuis. Elle prend tous les matins le car du Rhône pour rejoindre la gare de Vienne et prendre un train (TER) jusqu’à Lyon. Comptable dans une association de Villeurbanne, elle doit quitter le travail à 17h30 pétante pour reprendre le train puis un car. Retour à la maison un peu avant 20h.

« Avec les bouchons, c’est aussi long en voiture mais c’est beaucoup plus stressant et cher. Si les cars s’arrêtent, je ne sais pas comment je vais faire. Je devrai reprendre ma voiture ».

A rebours de l’argumentaire de l’exécutif du Département du Rhône, elle plaide pour un développement des transports par cars :

« Ampuis, est sur la rive droite. C’est extrêmement enclavé. Pour aller à la gare mais aussi à l’hôpital ou chez un spécialiste, il faut prendre le car si on ne peut pas utiliser de voiture. »

Et d’ajouter :

« Si notre ligne est peu fréquentée, c’est aussi parce qu’il y a une mauvaise information sur ces lignes interurbaines. Entre les lignes du Rhône, de l’Isère, de la Loire, on n’y comprend rien. »

Elle pointe un paradoxe dans la perspective du transfert des cars interurbains à la Région :

« Au lieu de supprimer des lignes, il faudrait plutôt se projeter dans la perspective de la reprise en main par la Région. Par exemple, notre ligne est doublée par une ligne des cars de la Loire qui part de Pélussin et qui va jusqu’à Vienne. Mais comme on habite dans le Rhône, on ne peut pas monter dans ces cars ».

Face à cette fronde, la vice-présidente aux transports recherche l’apaisement :

« Je ne veux pas de territoires délaissés. Il faut voir comment rééquilibrer l’ensemble du réseau ».

Un car du Rhône de la ligne 44 . CC Billy69150
Un car du Rhône devant l’aéroport Lyon Saint-Exupéry. CC Billy69150

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