Un simple « petit correctif à apporter », lance d’emblée Frédéric Pronchery, vice-président délégué à l’environnement du département du Rhône. Mardi 9 décembre, la collectivité et deux associations écologistes, la LPO (Ligue de protection des oiseaux) et Arthropologia, ont signé une convention. Ou plutôt re-signé.
En avril, ces deux associations et FNE (France Nature Environnement) avaient été privées par le département du Rhône de 80 000 euros de subventions. Sur fond de désaccord sur le projet de port de plaisance à Anse, Christophe Guilloteau, le président (LR) de la collectivité, avait désigné ces associations comme des « danseurs aux pieds nus » et des « mangeurs de graines ».
Le Département et les associations ont donc acté leur réconciliation et le retour des subventions, même si le président du département du Rhône était absent, représenté par son vice-président. Frédéric Pronchery, Patrick Bernollin, président de LPO Auvergne Rhône-Alpes et Armand Honorat, président d’Arthropologia, ont signé une convention amendée d’un article « définissant une charte de bonne conduite » entre la collectivité et les associations. Deux documents que Rue89Lyon a pu consulter.
Une « charte de bonne conduite » entre assos écologistes et le Département du Rhône pour rétablir les subventions
Le but ? « S’informer de façon plus concrète dès que les associations ont des retours à faire sur les dossiers qui touchent le Département », explique Frédéric Pronchery. Concrètement, il s’agit « d’avoir une communication en amont avec les services du département quand on prend des positions opposées aux projets », nous indique Patrice Franco de la LPO Rhône.
En clair, trouver un « point d’entente » avant que la presse ne s’en mêle. « Parfois, un élu peut avoir l’impression de donner de l’argent d’un côté et d’avoir une ‘trahison’ de l’autre. C’était important de clarifier pour que tout se passe bien », assure le vice-président.
Les deux représentants des associations insistent : « Cela ne nous musèle en rien. On a été vigilants. » « La signature de cette charte ne nous interdit pas demain d’exprimer notre désaccord sur certains volets d’un projet », souligne le président de la LPO régionale.
Les assos écologistes se réjouissent d’avoir pu rétablir leurs partenariats : un peu plus de 28 000 euros pour la LPO AuRA, et 24 000 euros pour Arthropologia. Une bonne nouvelle, avant tout pour la biodiversité, rappellent-t-elles. Car ces subventions sont plutôt des « rétributions » correspondant à des actions et projets menés par les associations et financés par le département du Rhône.
Quid de France Nature Environnement, absente ce matin ? « Ils ont eu de grosses difficultés internes, financières et humaines, et ne nous ont pas recontactés à temps. On a décidé d’avancer avec les deux autres associations, assure le vice-président à l’environnement. Nos services travaillent pour qu’ils rejoignent la charte ».
De « danseurs aux pieds nus » à « partenaires indispensables »
« La LPO et Arthropologia sont des partenaires indispensables, nous avons besoin d’elles pour agir dans les espaces naturels sensibles », insiste le vice-président du Département. Ces associations réalisent notamment des inventaires d’espèces dans ces espaces et font des préconisations pour les protéger.
Oubliées les invectives de Christophe Guilloteau ? Patrick Bernollin, de la LPO, ose le trait d’humour : « Nous invitons Monsieur Guilloteau à participer à nos comités territoriaux, et il pourra venir en gardant ses chaussures, nous sommes chaussés lors de nos réunions ! ».
Comment expliquer ce changement de position — et de discours — de la part du Département ? D’abord, selon Frédéric Pronchery, « un déchaînement politique et de polémiques » qui ont suivi la sortie de Christophe Guilloteau. L’affaire avait été relayée par la presse, dont Rue89Lyon, « même le Monde ! », rappelle, encore étonné, Patrice Franco de la LPO.
Une pression médiatique associée à des désaccords internes dans le cabinet du président ont conduit les services à recontacter les assos quelques semaines après le fameux conseil départemental. Tout est bien qui finit bien ? Reste, en creux, ce projet de port de plaisance à Anse qui menace une zone humide et divise encore la collectivité et les associations.



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