« Ça ne va pas être possible, Madame. » À l’entrée des Terrasses du parc, chic salle de réception de Villeurbanne, notre journaliste Marie Allenou est stoppée net par Cédric Pignal, candidat du Rassemblement national (RN) lors des législatives 2024.
Le militant est, ce dimanche 7 décembre, en charge de vérifier le nom des inscrits au meeting de Tiffany Joncour, députée RN du Rhône et candidate à la Métropole de Lyon. Sur une feuille, le nom de notre journaliste est inscrit avec la mention « pas accréditée » et surligné en rouge. Notre média a été blacklisté.
Notre journaliste avait pourtant tout fait dans les règles. Quelques jours plus tôt, elle avait tenté d’être inscrite sur les listes presse, pour accéder aux communications du RN sur sa campagne et assister à la conférence de presse prévue en amont du meeting.
« Non merci », nous avait répondu Tim Bouzon, assistant parlementaire et bras droit de Tiffany Joncour, responsable RN Jeunes – également candidat aux municipales à Décines-Charpieu. Celui-ci nous a adressé, pour toute explication, un message contenant le lien d’une brève écrite par la rédaction, portant sur un rassemblement anti-RN prévu ce 7 décembre. Celui-ci a réuni plusieurs centaines de personnes, opposées au parti d’extrême droite.




Journaliste refusée du meeting RN : une atteinte à la liberté de la presse
Le fait que notre journaliste n’ait pas été accréditée est, en soi, problématique. Mais, encore plus grave, le parti d’extrême droite l’a inscrite sur une liste rouge. Elle s’était en effet enregistrée comme une citoyenne lambda, pour assister à l’événement dans le public, et avait reçu un mail confirmant cette inscription le matin même. Or, ce dimanche 7 décembre, cela ne lui a pas permis d’assister au discours de Tiffany Joncour.
Marie Allenou a donc montré sa carte de presse et a demandé aux équipes de campagne de confirmer qu’elles refusaient bien l’accueil d’une journaliste au sein d’un évènement, pourtant, ouvert au public. Ce qu’elles ont fait.
Avec ce refus, nous n’avons donc pas pu : constater le nombre de personnes présentes au meeting, écouter les propos tenus par les intervenants et les participants, prendre le pouls du début de campagne de Tiffany Joncour, savoir quels élus ou militants étaient présents dans la salle, etc. Tant d’informations nécessaires à un journaliste pour couvrir une campagne électorale. Pour rappel : notre média a déjà couvert durant cette campagne les meetings de Jean-Michel Aulas (aliance centre-LR) et d’Anaïs Belouassa-Cherifi (LFI). En attendant les autres.
Une obstruction qui n’est pas une première
Cet incident en rappelle un autre. Lors du second tour des élections législatives 2024, un journaliste de Tribune de Lyon et un journaliste de Mediacités avaient été virés de la soirée électorale du RN (organisée chez un particulier). Côté Rue89Lyon, nos demandes d’ajout à la boucle de communication presse lors de ces législatives étaient restées lettre morte.
Récemment encore, nous avions sollicité les représentants départementaux du RN pour un sujet concernant la campagne. Un militant nous avait expliqué qu’une liste de médias « toxiques » existait, auxquels le RN ne répondait pas, et qu’il ignorait si nous étions dessus.
Nous nous interrogeons sur les véritables raisons du refus du Rassemblement national concernant l’accréditation et la présence de notre journaliste. La simple annonce d’un rassemblement ne semble pas en être l’unique cause. D’autres médias ont annoncé ce même évènement, comme Le Progrès. Ils ont pourtant été invités à la conférence de presse de Tiffany Joncour.
Nous appelons le Rassemblement national à revenir sur cette position et à laisser nos journalistes couvrir la suite de la campagne électorale, dans le respect de la liberté et la pluralité de la presse.



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