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À Villeurbanne, un programme pour sauver les jeunes du narcotrafic

Ce mercredi 23 juillet, la mairie de Villeurbanne a présenté son projet de prévention contre le narcotrafic, en partenariat avec l’État. Le but : empêcher les jeunes du Tonkin de se faire recruter dans cette économie souterraine et dangereuse.

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Conférence de presse à la mairie de Villeurbanne, 23 juillet 2025. De gauche à droite : Anne Laybourne, Cédric Van Styvendael et Jérémy Flauraud.
Conférence de presse à la mairie de Villeurbanne, 23 juillet 2025. De gauche à droite : Anne Laybourne, Cédric Van Styvendael et Jérémy Flauraud.

Comment empêcher les jeunes de tomber dans les griffes du narcotrafic ? Alors que le nombre de mineurs recrutés dans les réseaux de trafic augmente en France, répondre à cette question devient urgente dans le quartier du Tonkin, à Villeurbanne. Ce mercredi 23 juillet, la mairie a présenté à la presse son nouveau plan d’action pour les deux prochaines années.

Le programme, financé à hauteur de 150 000 euros par la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) à la suite d’un appel à projets, met l’accent sur la prévention et l’éducation des jeunes. « On veut sortir d’une sorte de facilité qui viserait à simplement pointer la responsabilité des parents », argue le maire (PS) de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael.

En tout, 15 villes françaises ont été sélectionnées par la Mildeca. Parmi elles, deux autres villes du Rhône : Rillieux-la-Pape et Vaulx-en-Velin. Si cette dernière a décidé d’agir via la réappropriation de l’espace public par les familles et les habitants, à Villeurbanne l’accent va être mis sur l’éducation populaire et l’accompagnement des jeunes et des familles. Bien que ces communes présentent différents enjeux, la finalité est la même : lutter contre un marché du narcotrafic qui intensifie peu à peu sa prédation sur les mineurs des quartiers.

Lutter contre le narcotrafic en « protégeant les plus jeunes »

Selon la sous-préfète chargée de la politique de la ville, Anne Laybourne, ce programme de prévention s’inscrit dans le cadre plus large de répression du trafic de drogue, « une priorité de l’État ». Depuis la création d’une brigade spécialisée de terrain (BST) au Tonkin il y a plus de six mois, la préfecture revendique cinq points de deal « éradiqués » et plus de 250 interpellations.

Dans cette ville où 47 % de la population a moins de 30 ans, Cédric Van Styvendael insiste sur le besoin de « mobiliser tout le monde pour protéger les plus jeunes ». Le programme s’ajoute à d’autres projets d’aménagement de l’espace public, notamment menés grâce au budget participatif de la commune. « On ne veut pas laisser une sorte de culture se développer autour du deal », ajoute l’édile socialiste.

Jérémy Flauraud, coordinateur du programme pour la Ville, souligne le besoin d’agir dès le plus jeune âge en intervenant auprès des jeunes et des parents. Au Tonkin, de nombreuses mères élèvent seules leurs enfants et pourraient bénéficier d’un meilleur accompagnement. Le financement de la Mildeca devrait donc permettre de renforcer la présence de médiateurs, éducateurs et professionnels du social sur le territoire.

Pour sauver les jeunes, un programme d’éducation populaire

Un des pans du projet mobilisera les établissements scolaires du Tonkin (les trois écoles primaires et le collège du cinéma Bertrand-Tavernier). En partenariat avec l’association Addictions France et cofinancé par l’Agence Régionale de Santé, un programme de développement des compétences psychosociales va être expérimenté sur une promotion d’enfants – en les suivant du CM1 à la 6ème.

Formation des enseignants, animation d’ateliers et création de temps d’échanges sont au programme. Avec un objectif simple : « apprendre aux enfants à dire non » pour ne pas se faire embrigader par les trafiquants à l’adolescence, explique Jérémy Flauraud.

Un autre travail devra être mené pour déconstruire l’attractivité des réseaux criminels. « L’objet principal est de proposer des alternatives concrètes à l’économie souterraine, qui n’est pas un projet de carrière viable », détaille la sous-préfète. La Mildeca financera notamment un projet de pièce de théâtre pour déconstruire « l’image du dealer tout-puissant », un atelier d’éducation populaire sur le système judiciaire ou encore l’organisation de rencontres entre les collégiens et d’anciens détenus en réinsertion.

Si le projet vise à répondre à un besoin réel d’accompagnement et de prévention auprès des jeunes, il reste expérimental. Tout comme à Vaulx-en-Velin, une cellule de suivi se réunira cinq fois par an afin de faire le bilan. Les différents dispositifs mis en place devraient permettre d’accompagner autour de 1000 enfants, espère la mairie. Un test dont l’efficacité pourra être mesurée d’ici deux ans.


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