La fête est finie. Pour cette saison 2025, la mairie de Lyon serre la vis et a introduit un cadre strict pour les événements en plein air avec musique amplifiée. Le motif ? « Des riverains ont partagé des mécontentements liés à des nuisances sonores », précise Mohamed Chihi, adjoint chargé de la sûreté, de la sécurité, et de la tranquillité. La « préservation face à une surfréquentation des parcs » est également une raison avancée par l’élu.
Parmi les nouvelles règles, on peut donc citer la réduction du nombre d’événements à un open air par mois et par arrondissement, la limitation de la musique amplifiée à une période comprise entre 17h et 22h, ou encore un renforcement des règles de sécurité et de protection de la biodiversité.
Un coup dur pour les organisateurs d’open airs à Lyon
Résultat ? Seulement 25 open airs à Lyon sont prévus en 2025, contre 60 l’année dernière. Les organisateurs ont dû revoir leurs ambitions à la baisse. Par exemple, le collectif Phase avait organisé trois open airs en 2024, mais s’en voit totalement privé cette année. Sur 50 demandes effectuées cette saison auprès des mairies, beaucoup ont été rejetées à cause, notamment, d’une concentration sur certains arrondissements (notamment le 4e), et du nouveau quota fixé.
Pour établir ces nouvelles règles, la Ville de Lyon dit avoir « engagé une concertation inédite ». Autour de la table, de nombreux services municipaux, quatre mairies d’arrondissement, ainsi que la station Mue se sont réunis pour aboutir à une organisation plus « responsable ». Ce n’est qu’une fois les grandes lignes définies que les collectifs ont été conviés à une réunion, en janvier 2025.
Dès cette annonce, une vingtaine de collectifs se sont réunis sous le nom d’Alliance sonore, pour porter une voix commune face à la mairie et alerter sur les répercussions de ce nouveau cadre. Sans nier les nuisances potentielles, ils déplorent « une diminution de l’activité de nombreux collectifs et une fragilisation du modèle économique ».
Quelques demandes des collectifs ont tout de même été intégrées, comme la possibilité de diffuser de la musique « lounge » entre 14h et 17h. Mais « une grande partie des propositions ont été repoussées à une prochaine réunion », selon Alliance sonore.
Le collectif demande une extension des horaires de 14 à 23h et davantage de participations de la part des mairies d’arrondissement non volontaires cette année. Pour mieux répartir ces événements, il tente d’établir une liste des lieux pouvant accueillir de manière adaptée les open airs.
Alliance sonore déplore également « l’interdiction de la musique électronique lors de la fête de la musique ». Une accusation rejetée par la mairie. La musique électro sera bien absente des parcs du centre-ville, dans le cadre d’open airs, mais les amateurs pourront tout de même profiter de ce style dans le cadre privé. Il y a également un événement prévu devant la Halle Tony Garnier, animé par deux gros collectifs.
Défendre une culture et la scène électro
Pourtant, les open airs avaient bien trouvé leur public, séduit par la gratuité et la localisation des événements dans des parcs publics. Pour preuve, un sondage réalisé par la mairie du 4e à l’issue de la saison 2024 des opens airs du parc de la Cerisaie, montre un réel attachement des Lyonnais à ces événements.
Ainsi, depuis plusieurs années, la scène électro lyonnaise rayonne, que ce soit par le nombre d’événements en clubs ou grâce à ces nombreux événements en plein air. « L’an dernier, j’étais en open air un week-end sur deux, si ce n’est plus. Cette année, j’ai dû en faire deux ou trois, l’ambiance est différente… », soupire Gwenaël, grand fan de musique électro.
Il ajoute : « Maintenant, pour aller à ce genre d’événements, on est obligé d’y participer de manière illégale, donc dans des événements beaucoup moins encadrés. »
Face aux nouvelles règles imposées uniquement à la musique amplifiée, le public ne cache pas son incompréhension et certains dénoncent même une forme de « censure ». Une impression nettement partagée par les collectifs. « Nous avons le sentiment de ne pas être compris par la mairie, mais également que la musique électronique est une “sous-culture”», confie Alliance sonore avec amertume.
Mohamed Chihi certifie que ce nouveau cadre vise « toutes les musiques amplifiées sur une plage horaire », pas uniquement l’électro. Selon lui, le durcissement s’appuie sur un décret de 2017 qui impose notamment des mesures de prévention pour protéger la santé publique et la tranquillité des riverains.
Pour défendre leur activité, les organisateurs poursuivent leurs échanges avec la municipalité. « Nous pensons sincèrement qu’un juste milieu est possible pour une cohabitation durable », certifie Alliance sonore. Le collectif espère obtenir des concessions de la part de la municipalité, durant la prochaine réunion prévue durant l’été. De son côté, la mairie se dit « ouverte » à de nouvelles discussions, pour trouver un terrain d’entente.
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